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Cartographie pour les nuls : place aux labos !

| 28 février 2017 | 0 commentaire

Catégorie: Cartographie, Données, Formation, Logiciels, Recherche, Reportages

(850 mots)

Les SIG sont-ils les meilleurs outils pour réaliser une carte statistique ? S’ils sont généralement dotés de bonnes capacités de mise en forme, ils peuvent apparaître bien complexes à qui veut représenter un vieillissement de population, mettre en avant la discontinuité spatiale entre les profils démographiques des pays européens, etc. Aujourd’hui deux laboratoires de recherche proposent des outils gratuits et en ligne qui permettent de réaliser des cartes de qualité, même quand on est nul.

Ajouter une carte d’analyse ou de synthèse dans un mémo, un rapport de stage ou une thèse, n’est pas forcément facile. D’un côté il y a Google Maps, qui vous limite au mode « sucette » si vous ne savez pas manipuler des KML, de l’autre il y a les SIG qui vous font peur, mêmes gratuits. Entre les deux, il y a certes une offre industrielle de qualité avec Carto (ex CartoDB), CartoVista, Cartes & Données (pardon pour tous ceux qui ne sont pas cités), superbes mais payants et de plus en plus orientés vers le décisionnel. Dans le monde académique, il y a bien sûr Philcarto, développé par Philippe Waniez, géographe et chercheur, mais qui a beaucoup vieilli (le logiciel, pas Philippe !) et n’évolue plus. Désormais, il y a également Khartis et Magrit, qui représentent de véritables alternatives. Tous deux sont issus de laboratoires de recherche, experts en traitements statistiques et en cartographie.

Diffuser un savoir-faire

Khartis a été développé à l’atelier de cartographie de SciencesPo. Le logiciel a pu voir le jour grâce à un financement au titre du PIA dans le cadre d’un appel à projets pédagogiques innovants porté par la COMU USPC remporté haut la main. En moins d’un an, il a fallu passer du concept à une application en ligne. « Le laboratoire Medialab nous a aidés sur la conduite du projet et nous avons fait appel à un développeur, Arnaud Pezel d’APYX, explique Benoît Martin du laboratoire. On a travaillé en méthode Agile en insistant beaucoup sur l’ergonomie. » Développé en open source (disponible sur Github), cette première version ne demande qu’à se développer.

Magrit, développé à l’UMS RIATE, a été développé avec les moyens de l’unité, grâce au travail de Matthieu Viry. Il hérite lui aussi des travaux menés sur les représentations cartographiques de données statistiques. « Nous voulions porter à l’extérieur ce que nous avons déjà développé sous R, explique Nicolas Lambert de l’UMS Riate. Du coup, nous avons tout remis à plat pour proposer quelque chose de cohérent. »

Comment ça marche ?

L’un des points forts de Khartis : la manipulation interactive des projections à l’aide de curseurs.

Khartis fonctionne à partir d’une bibliothèque de fonds de cartes (le monde par Pays, l’Europe par régions…). L’utilisateur charge ses données, choisit son fond de carte. Le logiciel reconnaît les champs comprenant les identifiants spatiaux. Vient ensuite l’étape projection : une projection est proposée par défaut, adaptée au fonds de carte, mais l’utilisateur peut en changer, la modifier (centrage et type) à l’aide de simples curseurs. Vient ensuite la mise en forme cartographique : là encore, les propositions du portail sont à la fois simples, nombreuses et entièrement personnalisables. Pour une carte par cercles proportionnels par exemple, la forme, la taille, la contraste, la valeur de rupture, la couleur, le contour, l’opacité… peuvent être modifiés. « On met d’abord en avant ce qui est important en termes de traitements, puis l’esthétique » insiste Benoît Martin. C’est au moment de l’exportation que l’utilisateur place son titre et les éléments d’habillage, avant de récupérer sa production en PNG ou SVG (avec calques pour reprise dans Illustrator si nécessaire).

L’un des points forts de Magrit : les représentations de flux et d’anamorphoses.

L’approche est un peu différente pour Magrit, plus tourné vers l’exploitation des données de l’utilisateur. Commencez par glisser votre fond de carte (Shape, KML, JSON), votre tableau de données, indiquez quels types de données il contient (des stocks, des identifiants, des noms…), puis sélectionnez un type de représentation. Cartes choroplèthes, par cercles proportionnels, lissages, carroyages, mais également indicateurs de rupture, flux ou anamorphoses sont à votre disposition. L’export vers Illustrator pour finir la mise en page prend également en compte les calques.

Des produits plein d’avenir

Si Magrit peut d’ores et déjà être intégré dans un serveur privé, il faudra attendre la prochaine version de Khartis pour disposer d’un exécutable et de la possibilité d’exporter son projet. Les deux logiciels étant développés en open source, ils ne demandent qu’à évoluer au gré des contributions.

Outils de vulgarisation destinés à être utilisés en cours, les deux logiciels vont être progressivement complétés par des ressources pédagogiques détaillant les méthodes cartographiques, sous forme de billets courts, de conseils, de petits guides méthodologiques.

Magrit et Khartis signent le retour en force de la cartographie dans le monde numérique, qui s’abstrait de la logique SIG et prend son autonomie, exploitant des composants issus de la data visualisation (D3). Leur développement dans des laboratoires de recherche montre également que les laboratoires ont désormais de solides compétences techniques pour associer le fond et la forme ! À tester et à suivre.

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