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Débrayer pour mieux embrayer

| 20 février 2017 | 0 commentaire

Catégorie: Cartographie, DécryptaGéo 2017 fait le plein, Données, Grand public, Recherche

Économie numérique, société numérique, vie numérique, République numérique… Les ordinateurs sont désormais au cœur de nos existences. Parmi les composants qu’ils exploitent, il y a les données géographiques, les fonctions de géolocalisation, les analyses de proximité, etc. Un sociologue, un psychologue et un marcheur-écrivain nous ont permis de prendre du recul.

C’est au sociologue Dominique Cardon qu’est revenue la délicate mission d’ouvrir les travaux de DécryptaGéo 2017. Dans la société des calculs qui est désormais la nôtre, il est revenu sur l’importance d’un sain décodage… des codes.

Satanés algorithmes

Car derrière les choix numériques se cachent des choix de société. Après avoir misé sur la popularité, sur l’autorité, sur la réputation… les algorithmes se placent directement sous les données, en prédisant nos comportements par l’analyse de l’immense historique de nos choix, de nos actions, de nos écrits, de nos photos. Car nos comportements sont effectivement empreints de régularité. Inutile de dire que les traces de nos déplacements sont essentielles à l’heure du prédictif. La géolocalisation est l’une des causes contextuelles de nos comportements. Cette évolution des algorithmes, désormais vue comme l’avènement de l’intelligence artificielle (troisième du nom comme le rappelle utilement Dominique Cardon) est en phase avec une société individualisée, où chacun refuse d’être enfermé dans des catégories a priori. « On ne cherche plus à contrôler l’individu mais l’environnement dans lequel il évolue » rappelle le sociologue. Nous voilà donc enfermés dans des bulles informationnelles ! Amazon nous propose des livres qui devraient nous plaire car choisis par ceux qui nous ressemblent. Les sites d’aide à la navigation nous suggèrent des ressources « autour de nous » et nous évitent de faire un pas de trop. « D’un point de vue statistique, on est toujours comparé à d’autres qu’on ne voit pas » prévient pourtant Dominique Cardon. Les classements sont moins visibles mais bien réels. C’est pourquoi il est important que les algorithmes puissent être décryptés, qu’ils soient loyaux, intelligibles et transparents. Ensuite, à chacun de développer ses propres stratégies pour échapper à l’enfermement et à la normalisation sociale, pour se trouver de nouvelles communautés de pensée et d’action.

C’est comment qu’on freine ?

Données géographiques et algorithmes seront également en première ligne des futurs véhicules autonomes. Mais quelle éthique défendront-ils ? Jean-François Bonnefon, psychologue cogniticien, a montré aux participants de DécryptaGéo 2017 que les choix ne seront jamais simples mais qu’ils devront être faits : privilégier la sauvegarde du passager ou des piétons ? Et jusqu’à quelle équation ? Un passager âgé vaut-il plus que deux femmes enceintes ? Il a fallu beaucoup d’échanges pour que les participants acceptent de répondre à des choix aussi irréalistes de prime abord. Après le déni (non, les véhicules autonomes ne seront jamais face à de tels choix), la colère (pourquoi parler de ça alors qu’on sait que ces véhicules protégeront beaucoup plus de vies qu’ils n’en mettront en danger), est venue la négociation… puis l’acceptation du dilemme. Quelle sera l’attitude des constructeurs qui produiront les véhicules et des pouvoirs publics qui les autoriseront à rouler ? La question reste posée. En attendant, chacun peut tenter de se positionner en répondant au questionnaire de The moral Machine.

 

Balade
Lignes de Lemire

S’il en est un qui a bien compris comment échapper aux algorithmes et détourner l’enfermement informationnel, c’est Olivier Lemire, autre grand témoin de cette édition. Utilisateur averti du Géoportail certes, mais pour y dénicher les Paradis, Enfer, Croissance, Vie, Plaisir, Retraite… qui le mettent en marche. Il parcourt la France à pied ou à vélo à partir des noms de rivières, de lieux-dits, de villages et part ainsi à la rencontre des habitants de ce qu’il est désormais convenu d’appeler « La France profonde », souvent plus accueillante et profonde qu’il n’y paraît. Un voyage tout en curiosité et en humour qui a ravi les participants à DécryptaGéo 2017.

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