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Géohacker à cent à l’heure

| 13 février 2014 | 0 commentaire

Catégorie: Open Data, Portraits, WebMapping

Photo Benjamin Boccas

Photo Benjamin Boccas

De sa Guadeloupe natale, il a hérité une sensibilité aux défis qui pèsent sur les espaces fragiles, et la conscience qu’on ne peut les résoudre qu’à plusieurs. De ses études d’ingénieur, il a gardé un sens du concret et un goût très prononcé pour le numérique. Gael Musquet vit à plein régime, et défend les technologies numériques ouvertes, celles qui rapprochent les gens.

Né dans un environnement fini où les moyens sont limités et où l’information met du temps à arriver, Gael Musquet est curieux de tout. Il est encore adolescent quand Internet débarque en Guadeloupe. L’adoption est immédiate, de même que pour les logiciels open source. À 16 ans, il équipe son premier ordinateur de Linux et se passionne pour la météorologie : « J’y ai découvert mes premières cartes : celles des phénomènes météo eux-mêmes, mais aussi celles des câbles sous-marins, de la navigation maritime… » Fouiller la toile pour trouver des données devient vite une seconde nature. Le jeune homme n’en est pas moins sérieux et quitte l’île après ses classes préparatoires pour intégrer l’ESIGELEC, une école d’ingénieurs généraliste près de Rouen, en apprentissage auprès d’un sous-traitant de Météo-France où il fabrique des capteurs de nuages à infrarouge. Mais la société où il fait son stage ferme 18 mois plus tard et il doit trouver une autre école d’ingénieur. Départ pour Troyes et son université de technologie (UTT). Épuisé par de nombreux petits boulots, il décide de passer le concours de technicien du ministère de l’Équipement, auquel il est reçu.

Découverte d’OpenStreetMap (OSM)

Il entre en 2006 au CETE Méditerranée, en charge du recueil et de l’analyse des enquêtes et données sur les transports. « Je me suis mis à SAS et MapInfo, mais j’ai vite migré vers QGIS, R, PostgreSQL. La première étude que j’ai menée portait sur la Guadeloupe. Nous disposions de très peu de données, car ce n’était pas la zone officielle de compétence du CETE. Impossible par exemple d’accéder à la BD Ortho de l’IGN. Dans d’autres cas, les données officielles manquaient de fraîcheur ou étaient mal adaptées à nos besoins. Je me suis alors intéressé à OpenStreetMap qui commençait à peine. » Muni de son GPS, il profite de ses week-ends pour cartographier les giratoires ou les zones de stationnement sauvages qui viendront enrichir ses études.

En 2008, c’est lui qui porte la demande pour qu’il y ait un stand OSM au salon Solutions Linux. Les premiers contributeurs prennent conscience qu’ils constituent déjà une petite communauté. Depuis, son implication dans l’aventure ne cesse de croître : rencontre avec les élus, conférences multiples – dont une mémorable à la Banque mondiale à Washington sur l’utilisation d’OSM dans les crises humanitaires à la suite du séisme d’Haïti. Même si son engagement n’est pas toujours bien perçu par ses collègues du ministère, il est mis à la disposition de Silicon Sentier en 2010 à raison d’une semaine par mois pour aider à structurer la communauté OSM. En octobre 2011, il crée l’association OSM France dont il prend la présidence qu’il assure encore pour quelques mois. Depuis janvier 2012, il est en disponibilité à la Fonderie. C’est la déléguée générale de Silicon Sentier qui lui propose de rejoindre pour quelques mois l’équipe de campagne de François Hollande pour y apporter son expertise technique. Une expérience enrichissante : « J’ai appris à travailler dans l’urgence, à prendre la mesure que toute actualité est vecteur d’information. »

D’OSM aux objets connectés

Quand nous nous sommes rencontrés, Gael Musquet travaillait au « hacking » d’une machine à café, après une semaine de cours à Sup’Internet. Accompagnement des collectivités et d’organismes divers dans leur démarche open data, aide à l’organisation de hackathons, enseignement, conférences, les journées de Gael Musquet sont bien remplies. Même quand il se retrouve à l’hôpital pour plusieurs mois à la suite d’une appendicite qui a mal tourné, il en profite pour détourner du matériel médical et mettre les mains dans le cambouis des objets connectés. « Derrière toutes ces expériences, derrière le numérique, il y a des rencontres avec des gens formidables qui se retrouvent autour de projets communs. »

Continuer à soutenir la communauté OSM, accompagner start-ups, collectivités et industriels pour innover autour des objets connectés, travailler au financement de projets d’open hardware (objets ouverts), passer du temps avec sa famille… difficile de vivre au rythme de Gael Musquet. Ils sont pourtant plus de deux mille à le suivre… sur Twitter.

Suivez Gael Musquet sur Twitter @RaTzillaS

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