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Géomatique, open data : les bienfaits d’une bonne friction !

| 14 septembre 2017

Catégorie: Données, IDG/IDS, INSPIRE, Institutions, Open Data, Reportages

689 mots

Photo de Christine ArchiasLes acteurs de la géomatique se sentent parfois un peu bousculés par ceux de l’open data. Christine Archias, directrice du CRIGE PACA et vice-présidente de l’Afigéo voit beaucoup d’aspects positifs dans cette friction et prône le travail en commun, en misant sur les complémentarités. Elle nous explique pourquoi.

Que peut apporter la communauté géomatique à l’open data ?

Comme je l’ai rappelé lors de la conférence Afigéo à Strasbourg début septembre, les notions de partage et d’ouverture qui sous-tendent l’open data sont au cœur de nos activités depuis vingt ans. De ce fait, nous avons accumulé une expertise, notamment sur le plan technique, que nous devons valoriser, d’autant que les données géographiques sont largement majoritaires dans l’open data. INSPIRE nous a obligé à travailler sur des questions de structuration, de normalisation, de qualification. Autant de sujets dont la communauté open data commence à prendre conscience et sur laquelle nous pouvons l’aider. Nous avons mis en place une organisation nationale sur les sujets de normalisation, qui pourrait inspirer le monde de l’open data.

Les acteurs de l’open data se posent également beaucoup de questions sur l’acculturation des acteurs à l’ouverture des données et au travail collaboratif. Là encore, la directive a renforcé et justifié les pratiques de travail en commun, de partage d’expérience, même si c’est loin d’être parfait. Nous ne nous adressons pas tout à fait aux mêmes populations : dans notre cas, ce sont les services « métiers » qui nous connaissent, à travers un sujet vu comme technique. Côté open data, ce sont plutôt les DSI. On a tout intérêt à faire se rencontrer ces deux réseaux.

Justement, le public visé n’est pas forcément le même, le discours non plus.

En effet, la dynamique de l’open data est aujourd’hui essentiellement portée par des acteurs à l’échelle communale, sur leurs compétences au service d’usages citoyens, un peu éloignés des usages de gestion que nous connaissons bien. Sur ce sujet, nous avons des choses à apprendre. Il en est de même en matière de communication et de pédagogie. Avec un positionnement plus politique, l’open data a créé un nouveau vocabulaire qui « passe » mieux. Peut-être devrions-nous arrêter de parler d’information géographique et passer aux « géo-data » ?

Est-ce que ce n’est pas déjà un peu le cas ?

Effectivement, les deux communautés sont déjà en train de se rapprocher. Le fait qu’une infrastructure de données géographiques régionale comme SIG L-R introduise la notion d’open dans son nouveau nom (OPenIG) n’a rien d’anecdotique. Dans notre région, nous sommes en train de mettre en place une nouvelle infrastructure de données géographiques ouvertes (IDGO) qui permettra aux acteurs locaux de rechercher et déposer des données sur un seul serveur et via une interface unique, tout en continuant à alimenter les différents portails, celui du CRIGE centré sur la géo, et celui de la région, dédié à l’open data. Mais nous devons aller plus loin car de grands chantiers communs nous attendent.

Lesquels ?

Se posent aujourd’hui beaucoup de questions sur l’intégration de données temps réel, issues de capteurs, de données massives… ce sont des domaines que nous découvrons tous. Est-ce aux acteurs de l’information géographique de s’en charger ? À ceux de l’open data ? Le monde de l’open data propose des éléments de réflexion très intéressants sur l’économie de la donnée. Encore un domaine où nous avons beaucoup à apprendre et où nos propres observations sont encore très embryonnaires.

Ce que l’open data montre également, c’est la nécessité de disposer de moyens d’animation à l’échelle locale. C’est ce qui nous a manqué sur INSPIRE. L’État n’a pas mis beaucoup de moyens pour aider les collectivités locales. Nous avons donc tout intérêt à nous coordonner sur le territoire. Cela devrait nous permettre de renforcer nos actions.

Selon moi, l’enjeu est d’établir les bases d’un paysage global avec les différents acteurs concernés par la « data » : publics, privés, citoyens… car il y a beaucoup de questions que nous devons aborder tous ensemble, notamment celles de souveraineté nationale, d’éthique. Nous n’avons pas le droit de perdre le combat de la donnée.

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