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Le BIM : si loin, si près

| 20 février 2017 | 0 commentaire

Catégorie: 3D, Données, Logiciels, Marché, Recherche, Reportages, Utilisateurs

Julien Soula est chef de la division maquette numérique et ingénierie concourante au CSTB, le Centre scientifique et technique du bâtiment. Il nous explique ce qu’est le BIM et ses liens avec l’information géographique.

Aujourd’hui on ne parle que de BIM. Qu’est-ce que c’est en fait ?

Informatiquement, le BIM, c’est une grosse base de données que l’on peut utiliser par profil, domaine ou usage. Ce type de modèle objet alliant géométrie et attributs a des liens forts avec les SIG, mais également avec l’aéronautique ou l’automobile, où on parle de PLM (Product Lifecycle Management). Il facilite la collaboration autour d’un projet, il permet de le décliner en plusieurs produits, de remplacer des pièces sans refaire toute la maquette, etc. Aujourd’hui, avec le BIM, on gère un bâtiment comme on gère un produit, tout au long de sa vie.

Certains parlent de Building Information Model, d’autres de Modeling ou encore de Management… Comment s’y retrouver ?

Ces trois acronymes montrent une évolution dans le temps. La notion de model, qui veut dire maquette en anglais, est apparue en premier. Une maquette BIM est un ensemble informatique composé de plusieurs objets connectés entre eux dans une relation sémantique et géométrique. Avec le modeling, la dimension collaborative apparaît et plusieurs métiers peuvent agir sur la même maquette. Puis est venue la notion de management centrée sur les processus. Il s’agit désormais de faire le lien entre les acteurs tout au long des différentes phases du projet, avant, pendant et après la construction, une fois que le bâtiment passe en phase d’exploitation. La maquette numérique est utilisée en continue, mise à jour en permanence.

L’architecte n’a pas les mêmes besoins que le responsable territorial qui valide la cohérence d’un projet ou que l’électricien qui fait le câblage. Comment faire ?

Par définition, le modèle standard et ouvert du BIM s’appuie sur les IFC* qui portent en eux plusieurs géométries possibles. En fait, chacun a sa vision de la maquette BIM, adaptée à son métier. Le BIM Manager garde une vision de synthèse pour détecter des incohérences par exemple. Au CSTB, nous accompagnons la mise en place de protocoles BIM assurant cette organisation de l’information.

Mais alors le BIM, en quoi est-ce que ça concerne les géomaticiens ?

Nous avons besoin d’intégrer des bâtiments modélisés en BIM dans les maquettes territoriales mais également de modéliser l’environnement du bâtiment. Quand je suis arrivé au CSTB en 2004, je travaillais sur des simulations qui nécessitaient des bases de données urbaines, obtenues de différentes façons (photogrammétrie, relevés, extrapolation 3D à partir de la BD Topo…). Elles ne contenaient aucune information sur les matériaux de façade, sur la nature des bâtiments, alors que ces données sont indispensables pour nos simulations acoustiques ou de pollution par exemple. Inversement, les projets d’aménagements sont souvent esquissés ou modélisés sous Sketchup. En extraire (quand c’est possible) une enveloppe à un niveau de détail cohérent et utile à la simulation demande beaucoup de travail. D’où la nécessité d’une convergence entre ces deux mondes et l’évolution vers des extensions SIG 3D, capables d’emporter des attributs. L’avenir, c’est le BIM multi-échelle.

Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de logiciel qui gère ces différentes échelles, comment faire ?

Effectivement, la réponse n’est pas sur étagère. Beaucoup reste à construire pour assurer une véritable cohérence entre des modèles initiés en format Shape, mis en 3D puis échangés en CityGML, exploités ensuite en IFC… Notre outil eveBIM permet de faire des relations visuelles et sémantiques entre ces trois niveaux. Mais il faudrait aller beaucoup plus loin. Nous faisons le pari du CityGML, qui est un format vivant, capable d’intégrer toutes sortes d’extensions métiers et qui s’appuie lui-même sur une norme, le GML. Attention, le CityGML doit bien être compris comme un format d’échange et de capitalisation et pas comme un format de travail, où il serait trop lourd.

Un conseil aux géomaticiens qui se demandent si ce BIM n’est pas une mode de plus ou un truc qui va complètement leur échapper ?

Il ne faut pas s’inquiéter. On l’a vu, les concepts du BIM sont proches de ceux du SIG. De plus, il existe déjà des convertisseurs efficaces comme FME. Nous sommes également là pour les accompagner, pour les aider à faire du BIM de qualité, sans être prisonnier des outils logiciels qui sont utilisés par ailleurs.

  •  IFC : Industry Foundation Classes, permet de décrire tous les objets qui composent un bâtiment

 

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