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Cartographie et déficience visuelle

Catégorie: Cartographie, Dossier : Géomatique et handicap, Grand public, Logiciels, Utilisateurs

Selon l’Organisation mondiale de la santé, 285 millions de personnes étaient atteintes de déficience visuelle dans le monde entier en 2013. Plus de la moitié d’entre elles reconnaissent avoir des problèmes en matière de mobilité et d’orientation, alors même qu’elles n’ont aucun problème de motricité. Comment percevoir l’espace sans l’aide de ses yeux ? Les chercheurs ne manquent pas d’idées.

GPS et assistants de navigation sur smartphone rendent-ils le territoire accessible aux aveugles ? On aimerait le croire, mais ces assistants ne sont pas une panacée. Comme le rappelle Christophe Jouffrais de l’IRIT, « les non-voyants veulent pouvoir préparer leurs déplacements, comprendre où ils sont passés, l’espace qui les entoure. Ils veulent des cartes ». Pour répondre à cette attente, des cartes tactiles ont été développées, qui s’appuient sur une technique d’impression en relief, complétée par une légende en braille. Si elles permettent bien de développer des représentations mentales de l’espace, ces solutions sont loin d’être parfaites. Seuls 15 % des aveugles lisent le braille en France. Ce dernier prenant beaucoup de place, la quantité d’informations portées par les légendes doit être limitée. L’exploration tactile restreint également le volume de données exploitables, d’où un travail de simplification important, souvent réalisé manuellement par un transcripteur de document.

Avec Mappie, les jeunes aveugles peuvent étudier différentes thématiques sur une carte de France.

Avec Mappie, les jeunes aveugles peuvent étudier différentes thématiques sur une carte de France.

Associer toucher et son

Afin de dépasser ces limitations, l’institut a développé Mappie en partenariat avec l’Institut des jeunes aveugles de Toulouse, qui associe cartes imprimées en relief et interface auditive. La carte est simplement posée sur une table tactile qui la reconnaît et donne alors accès à des informations complémentaires lors de son exploration manuelle. En passant la main ou le doigt sur tel ou tel élément, se déclenchent des indications sonores (noms des rues, des villes, mais aussi description plus complète de certains points d’intérêt…). Appréciées, ces cartes réduisent effectivement les temps d’apprentissage. Pour faciliter le travail des transcripteurs, l’équipe s’est rapprochée de Makina Corpus qui a développé un outil de traitement automatique des données OSM. Le projet Accessimap associe en plus des éléments physiques à poser sur des tables tactiles collaboratives, de façon à multiplier les interactions autour de la notion d’espace.

Découvrez une vidéo de 10 minutes où Anke Brock de l’Inria explique son travail sur les cartes pour les aveugles

Découvrez une vidéo de 10 minutes où Anke Brock de l’Inria explique son travail sur les cartes pour les aveugles

 

Avis d’experts
Accessible ?
Johan Ramon, spécialiste de l’accessibilité numérique, et Francis Dhée, cartographe qui a fait sa thèse sur les daltoniens, vous proposent quelques recommandations pour améliorer vos applications et vos cartes.
johan-ramon-thumb-143x143-327« Les non-voyants utilisent ce qu’on appelle des lecteurs d’écran pour naviguer dans les applications. Cela implique que toutes les informations liées aux données géolocalisées (noms, adresses, etc.) soient disponibles sous forme de texte brut (html) directement accessible et donc correctement formaté, explique Johan Ramon. Même s’il n’est pas possible de décrire l’ensemble d’une carte sous forme textuelle, il faut fournir l’information essentielle. Pour les mal-voyants, n’hésitez pas à augmenter les contrastes afin de permettre une différenciation aisée des types d’objets, ne superposez pas des noms de villes sur des fonds déjà très colorés. On a tendance à mettre beaucoup d’informations sur les cartes, voire à les surcharger inutilement. Sachez que cela peut perturber les personnes ayant des déficiences cognitives, dyslexiques par exemple. Le mieux est de faire simple ! Enfin, pour certaines personnes, qui ont par exemple des tremblements, la manipulation d’une souris est très délicate. Il faut donc veiller à garder une possibilité de navigation à l’aide du clavier. »
WEB-Francis-Dhee« Même s’ils ne se considèrent pas comme des handicapés et ont plutôt tendance à cacher leurs difficultés, les daltoniens représentent 8% de la population masculine, complète Francis Dhée. Associez couleur et forme pour faciliter la différenciation des éléments. Évitez d’opposer vert et rouge (et préférez bleu et rouge), d’associer couleurs saturées et non saturées dans une même gamme, rapprochez la légende de la carte… Si vous avez un doute : imprimez votre carte en noir et blanc et vous découvrirez rapidement où sont les problèmes. » La prochaine version du Géoportail prendra en compte certaines de ces recommandations.

Météo-France pense aux daltoniens : les cartes de vigilance contiennent désormais, en plus de la graduation colorée, un symbole représentant le risque concerné

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