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Chercheur multi-usages

| 15 janvier 2015 | 0 commentaire

Catégorie: Formation, IDG/IDS, Open Data, Portraits, Recherche

Même s’il a su très tôt qu’il serait chercheur, Matthieu Noucher n’a rien d’un universitaire reclus dans son bureau. Car son terrain d’étude, ce sont les producteurs et utilisateurs de données géographiques, qu’ils soient professionnels ou bénévoles, voire un peu des deux. Au-delà des techniques, il questionne les usages réels de l’information géographique.

Matthieu Noucher

Matthieu Noucher

Entouré de cartes dès l’enfance, Matthieu Noucher a toujours aimé la géographie. Dès ses années de lycée à Orléans, il découvre l’informatique et fait ses premiers pas dans la programmation.

Parcours sans faute

« Je ne voyais pas de connexion entre les deux, jusqu’à ce que j’entende parler de la MST Carto d’Orléans. » Le jeune homme s’inscrit naturellement en fac de géographie sitôt son bac en poche et entre ensuite à la MST. « À Orléans, on nous parlait toujours du Québec, comme LE lieu le plus dynamique en géomatique. J’ai demandé à faire un master II à l’université de Laval. » SIG, bases de données, fouille de données, mais aussi foresterie et géographie… Là-bas, il suit de nombreux cours et découvre l’effervescence qui règne autour d’un chercheur visionnaire comme Yvan Bédard. Il sait désormais qu’il deviendra chercheur. Il a à peine le temps de défaire ses valises et repart, accompagné de sa femme, elle aussi géomaticienne, pour mettre en place le système d’information géographique du cadastre coutumier en Nouvelle-Calédonie.

Baptême du feu

« Très rapidement, je me suis rendu compte que c’était irréalisable. Le sujet était trop tendu. Je partais la fleur au fusil avec de grandes idées sur les SIG comme outils d’aides à la décision, et tous les enjeux politiques sous-jacents m’ont sauté à la figure. » Qu’à cela ne tienne, il mise sur le réseau d’acteurs locaux déjà vivace pour construire un répertoire de données et poser les bases d’une infrastructure de données géographique (IDG), qui deviendra GEOREP. Mais quand il s’agit de mettre tout le monde autour de la table pour définir une base officielle des bassins-versants, c’est un nouvel échec, car trois mois de discussions ne suffisent pas à dépasser les nombreux blocages entre des métiers très différents.

Une thèse sur les enjeux sociocognitifs

Le sujet mérite d’être creusé et en 2004, à son retour en France, Matthieu Noucher fait une proposition de thèse à François Golay de l’École Polytechnique de Lausanne. « La seule personne qui nous avait parlé des enjeux de pouvoir autour du partage des données, c’était Henri Pornon à la MST Carto, qui avait lui aussi fait sa thèse avec François Golay. » Il se lance donc dans une thèse CIFRE sur les enjeux socio-cognitifs liés à la coproduction de données. Consultant au cabinet IETI de jour et thésard la nuit, il alterne observation active et plus classique d’acteurs privés et publics. « J’ai beaucoup aimé cette période, où travaux de recherche et de consultant se nourrissaient parfaitement. » Après avoir soutenu sa thèse en 2009, Matthieu Noucher aurait aimé continuer à creuser ce sujet qu’il avait défriché, avec la même alternance d’observation et de réflexion. Mais son travail de consultant ne lui laisse pas de temps et « on ne peut pas faire de la recherche tout seul dans son bureau ».

En 2011, il candidate sur un poste de chercheur au CNRS, ce qui l’oblige à rédiger un projet de recherche à moyen terme, plus centré sur les usages. À sa grande surprise, il est pris et intègre le laboratoire ADESS de Bordeaux, ville où sa petite famille l’attendait déjà. Là, il a trouvé sa place. « Je souhaite porter un regard critique sur les nouveaux registres de fabrication de la carte. Dans les années quatre-vingt, il y a eu un courant critique de la cartographie, qui dénonçait entre autres la carte comme instrument de pouvoir, mais qui n’était pas adapté au numérique et à la multiplication des acteurs. » Alors Matthieu Noucher observe les institutionnels, les volontaires, leurs interactions dans les processus de cartographie participative, les enjeux de pouvoir… Pour construire cette nouvelle cartographie critique, l’usage est désormais au cœur de sa réflexion : « Aujourd’hui, les professionnels associent systématiquement les usages à l’évaluation et à quelques indicateurs de téléchargement. Mais la question est beaucoup plus large. » Avec son laboratoire, il multiplie les terrains d’observation : acteurs de la faune en Aquitaine, de la biodiversité en Guyane, mais aussi analyse des IDG en Bolivie et en Argentine. « Ce qui compte, c’est de multiplier les regards », conclut le chercheur.

MST Carto : La maîtrise de Sciences et Techniques de cartographie de l’université d’Orléans a été créée en 1990 par Philippe Quodverte. Pendant 15 ans, elle a formé de nombreux géomaticiens. En 2005, à la suite de la réforme universitaire, elle disparaît. L’université propose désormais une licence Pro et un master Pro.
La donnée géographique aux frontières des organisations: approche socio-cognitive et systémique de son appropriation, thèse de Matthieu Noucher soutenue en 2009 à l’EPL de Lausanne
Accès direct à la page de Matthieu Noucher

 

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