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Des robots qui ont plus d’une carte dans le cerveau !

Catégorie: Cadastre, Cartographie, Données, Entreprises, Environnement, Matériel/GPS, Portraits

Après les citoyens capteurs, voici les robots capteurs. Mais ceux-ci sont un peu particuliers, car ils n’arpentent pas les rues pour en dresser la cartographie, mais les vignes ou les champs de melon. Christophe Millot, leur créateur, s’est entouré de développeurs indépendants pour réaliser ces assistants de taille, de nettoyage, de cueillette… et n’a pas oublié de leur mettre une bonne carte dans la tête.

Il faut décaler un peu le rendez-vous, car Christophe Millot est au milieu des vignes du Minervois. Ici, les portables passent mal, alors, les mails ou Skype ! Pourtant, le quinquagénaire n’a rien d’un technophobe, bien au contraire. C’est un développeur, un inventeur, un roboticien et… un fin connaisseur de la cartographie.

Du cadastre…

« Il y a quinze ans, alors que je travaillais dans la conception de logiciels en milieu industriel, j’ai été contacté par l’association des viticulteurs d’Alsace. Ils voulaient que je les aide à vectoriser le cadastre pour y reporter les analyses de sols qu’ils faisaient régulièrement. » Il faut dire que la vigne, ça le connaît. Originaire de Beaune, Christophe Millot cultive les amitiés vigneronnes depuis l’enfance, et c’est un copain qui le met en contact avec les Alsaciens. « À l’époque, la vectorisation classique était bien trop coûteuse. Les prestataires prévoyaient deux ans de travail et un budget de deux cent mille euros pour 1 800 sections cadastrales. Je l’ai fait pour dix fois moins cher en deux mois. » Car Christophe Millot aime être autonome. Il développe un logiciel de reconnaissance de forme qui extrait des feuilles cadastrales scannées les numéros de parcelles et leurs contours. Les clients sont ravis, mais ils ont également besoin d’un logiciel de cartographie. Qu’à cela ne tienne, il leur développe une interface simple et ciblée sur leurs seuls besoins, exploitable sans aucune formation. Sa solution séduit les viticulteurs de Bourgogne. Il continue à développer ses logiciels, s’applique à extraire des documents de douanes les informations parcellaires… et finit par se lasser. « Les éditeurs avaient mis au point des logiciels métiers, ce n’était plus très inventif, j’ai préféré passer à autre chose. »

… aux robots

À l’occasion d’une visite dans des vignes en Ardèche en plein mois d’août, alors qu’il se demande ce qu’il pourrait bien inventer, Christophe Millot découvre que son hôte manque de personnel pour effeuiller les vignes, grappe par grappe. L’idée d’un robot capable d’effeuiller, de tailler, en respectant les règles propres à chaque type de vigne émerge. Là encore, la solution logicielle associe cartographie et reconnaissance de forme. Désormais, ce sont les flux vidéo qui sont analysés. La caméra latérale guide le sécateur qui identifie les branches à éliminer tandis que la caméra frontale guide le robot entre les rangs. Équipé de panneaux solaires et d’un petit moteur électrique, le robot économise des heures de taille et sait s’adapter aux conditions complexes des milieux extérieurs. « En ce moment, j’apprends au robot à fonctionner même quand il y a de l’herbe haute entre les pieds de vigne. »

Avec sa société Wall-YE et entouré de sous-traitants et de partenaires, Christophe Millot a su mettre la robotique au service d’une agriculture de qualité et d’un savoir-faire essentiel qui se perd, la taille. Il est également en train de travailler sur un robot désherbant. Ses robots associent différents capteurs pour mesurer la teneur en azote foliaire, en anthocyane, pour détecter des maladies invisibles à l’œil nu par l’analyse de la texture du bois… Même s’ils ne sont pas guidés par GPS mais par les rangs de guidage, la carte reste un élément clé de leur cerveau.

« Mes robots sont également des capteurs, en fin de journée, ils renvoient aux vignerons la carte de tout ce qu’ils ont fait. » Le robot maraîcher, qui permet de récolter les melons à maturité et devrait sortir d’ici quelques semaines, sera également capable de dresser une carte des melons à ramasser la semaine suivante. Christophe Millot travaille avec Michel Haberkorn de 3GRT pour intégrer du géo-fencing dans ses robots vignerons, afin que ceux-ci ne travaillent que les parcelles dûment référencées.

« Le fait de bien connaître le cadastre facilite le développement du logiciel du robot. Inversement, il est très important de concevoir le robot en fonction des logiciels qu’il intègre. » Alors, pour associer toutes les pièces du puzzle et aller vite, Christophe Millot s’appuie sur les compétences d’autres développeurs indépendants, dans le monde entier. Même approche pour la production des robots, qui associe des partenaires ayant chacun leur spécialité, tandis que son équipe se charge de l’assemblage. « Mes clients ont besoin d’être sûrs de leurs outils. Chaque élément doit être facile à remplacer et je surveille la santé des robots en direct via le cloud » rassure Christophe Millot qui a déjà livré plusieurs dizaines de robots. Aujourd’hui, son carnet de commandes est plein et il prépare la mise en place d’unités de production aux États-Unis et en Chine.

 

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