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Eau : la pression monte

Catégorie: Données, Entreprises, Environnement, Logiciels, Marché, Matériel/GPS, Reportages, Réseaux/Transports, Utilisateurs

Il existe de nombreuses données sur l’eau et les milieux aquatiques. Nous disposons même depuis quelques mois d’une base détaillée sur les eaux souterraines. Pourtant les analyses géographiques restent rares et ne sont pas toujours faciles à réaliser. Une problématique soulevée lors du dernier Géoséminaire organisé par les étudiants du mastère SILAT.

Analyser les pollutions diffuses (origine des nitrates dans l’eau par exemple) implique de travailler à des échelles locales et régionales… pour lesquelles il n’existe pas toujours de bases de données (© Envilys)

Analyser les pollutions diffuses (origine des nitrates dans l’eau par exemple) implique de travailler à des échelles locales et régionales… pour lesquelles il n’existe pas toujours de bases de données (© Envilys)

Une des premières bases de données officielles ouvertes fut la BD Carthage qui exploite le linéaire de la BD Carto pour cartographier le réseau hydrographique. Le Système d’information sur l’eau (SIE), qui collecte les données de plus d’une centaine de producteurs sur 10 000 points de captage en France (soit quelque 50 millions d’enregistrements par an) est, lui aussi, un précurseur en matière de libre diffusion des données. Dès les années 70, le BRGM a commencé à produire des cartes sur les eaux souterraines. Le domaine de l’eau semble a priori bien couvert en bases de données. Pourtant, à y regarder de plus près, les difficultés sont encore nombreuses.

Des données à la fois simples et complexes

La volumétrie du SIE a beau être impressionnante, sa dimension géographique reste modeste, comme a tenu à le rappeler Laurent Coudercy, chef du département données sur l’eau à l’ONEMA. À chaque point de mesure, qui n’est pas forcément localisé précisément sur le terrain, sont associées toutes sortes de données sur la bio-chimie, la physico-chimie, la piézométrie… « Que fait-on avec les données ? s’interroge Laurent Coudercy. L’essentiel du travail se fait de façon non géographique. La carte sert surtout à représenter les points analysés. » Pourtant, les données sont accessibles sous forme de flux standards. Est-ce à dire qu’elles n’intéressent personne ? Que cette infrastructure, qui coûte quand même cent millions d’euros par an, sert exclusivement la centaine de partenaires institutionnels qui l’alimentent ? Pour mieux en évaluer le potentiel, l’ONEMA va organiser début juin son deuxième hackathon. Le pôle INSIDE travaille également sur des prototypes d’interface et de chaînages de services qui devraient permettre d’aborder des problématiques très concrètes.

À l’étage d’en dessous, la BD LISA, conçue par le BRGM et ses partenaires, est désormais disponible en V1 depuis l’été 2015. De nombreuses données y qualifient les eaux souterraines : potentialités aquifères, type de porosité, présence de karst, type de formation géologique, échelle géologique… la nomenclature emboîtée de ces données en 2,5D (la profondeur n’est pas prise en compte) permet des représentations à différentes échelles. Mais n’est pas hydrologue qui veut et les données restent complexes à comprendre. Elles peuvent certes alimenter des études de vulnérabilité des nappes aux pollutions diffuses, calculer des volumes de pluies utiles… mais nécessitent des compétences de spécialistes. « De plus, nous ne devons pas être fascinés par la quantité de données, rappelle Alexandre Brugeron du BRGM, qui nous donneraient l’impression qu’il n’y a plus rien à faire et qu’on peut se passer du terrain. Qui a fait les forages étudiés ? À quelle échelle peut-on travailler ? » Autant de questions indispensables avant chaque utilisation.

Avec le transfert de la compétence GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) aux communes et aux établissements publics de coopération territoriale au 1er janvier 2018, ce sont pourtant des acteurs néophytes dans le domaine de l’eau qui vont devoir reprendre les rênes des études et travaux d’aménagement des bassins hydrographiques, de l’entretien et de l’aménagement des cours d’eau, de la prévention des inondations incluant la gestion des digues et des ouvrages de protection. Même si la géomatique sera une aide précieuse, beaucoup de données facilement exploitables manqueront à l’appel, notamment sur les digues.

Du travail pour les bureaux d’études

Il leur faudra sans doute se faire accompagner comme c’est déjà le cas sur des problématiques comme les trames vertes et bleues ou les pollutions diffuses. Mais les études approfondies sur ces sujets restent rares et là encore, les données nécessaires ne sont pas toujours disponibles à la bonne échelle, comme l’ont montré les bureaux d’études Biotope et Envilys. Bref, encore des potentiels d’innovation et d’emploi pour des jeunes bien formés… Encore une fois, les étudiants du mastère Silat ont bien choisi leur sujet !

  • Pour accéder directement aux présentations du Géoséminaire 2016 sur « Géomatique et gestion de l’eau », suivez ce lien
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