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Géomaticienne et fière de l’être

Catégorie: Environnement, Formation, Mobilité, Portraits, Recherche, Secteur public, WebMapping

WEB-157-Portrait-PADDans le domaine de la recherche comme ailleurs, la géomatique a du mal à trouver sa place. Entre informatique et géographie, Paule-Annick Davoine, chercheur au Laboratoire d’informatique de Grenoble (équipe Steamer), a su imposer l’originalité de son parcours et de ses sujets d’études. Une richesse soulignée à l’occasion de la soutenance de son HDR (Habilitation à diriger des recherches).

Système expert pour l’aide au diagnostic territorial, modèle de données générique sur les risques, visualisation de données historiques, représentation de la qualité… la liste des sujets abordés par Paule-Annick Davoine au cours d’une vingtaine d’années de recherches ressemble à un poème de Prévert. Pourtant, la maître de conférences suit une logique implacable, celle d’une femme qui a trouvé dans la géomatique un champ d’études foisonnant et qui clame, haut et fort, son statut de géomaticienne.

Entre informatique et géographie, ne pas choisir

Paule-Annick Davoine fait partie de ces gens qui n’ont jamais su choisir leur camp. Après un bac en sciences économiques, elle fait des études de mathématiques appliquées aux sciences sociales. Mais « comme ce n’était pas assez appliqué », elle fait également une maîtrise de sciences et techniques en géographie. C’est là qu’elle découvre l’informatique appliquée à la géographie et la programmation. « Ce qui me passionnait ? Associer géographie, traitement de données et aide à la décision. » Formée à l’université de Grenoble et à une géographie dite « quantitative », elle poursuit par un DEA puis une thèse, financée par la région Rhône-Alpes sur la construction d’un système d’aide à la décision pour la gestion des ressources touristiques. « J’ai étudié la façon dont raisonnaient les chargés d’études en aménagement touristique et j’ai essayé de modéliser leur méthode d’analyse à travers un système expert. » C’est en 1997 qu’elle obtient son premier poste à l’université de Nice où elle fait essentiellement de l’enseignement. Retour à Grenoble en 2000 à l’Institut national polytechnique de Grenoble où elle intègre le Laboratoire logiciels systèmes réseaux devenu en 2007 Laboratoire d’informatique de Grenoble. Même si, au début, ses collègues avaient du mal à comprendre son rôle, elle a su progressivement imposer son originalité et son interdisciplinarité. « Le laboratoire m’a permis de m’épanouir et de toucher à de nombreux domaines. J’ai répondu à la demande de chercheurs thématiciens, mais sans jamais m’enfermer dans un rôle purement technique, même si j’ai contribué à développer de nombreuses applications. » Chaque sujet est l’occasion de réfléchir et d’avancer conceptuellement sur la modélisation spatio-temporelle, sur les apprentissages de l’information géographique, sur l’intégration de données hétérogènes dans un raisonnement spatial, sur la notion d’incertitude, sur la carte à l’heure du GeoWeb… En même temps, elle se confronte à de nombreuses problématiques territoriales : les risques naturels, la volcanologie, l’économie montagnarde, la gestion de l’eau…

Une position encore exceptionnelle

La chercheuse se plaît dans cette interface entre informatique et géographie et n’a pas l’intention d’en sortir. Pourtant, la position n’est pas facile à tenir face à un monde académique qui impose de s’inscrire dans des disciplines précises.

Et elle a bien l’intention de continuer. « Ce qui m’intéresse, ce sont les processus de raisonnement qui sous-tendent la réalisation cartographique, de voir comment mieux les insérer dans les outils. » Prochain chantier : retourner à l’analyse spatiale et l’intégrer dans d’autres disciplines, la mettre à la portée des informaticiens. « Pendant des années, les problématiques de modélisation, de stockage, de gestion ont prédominé. Il est temps maintenant de retourner au cœur des processus. » En ce moment, elle travaille sur un projet de géolinguistique et va aider ses collègues à modéliser le contenu de l’Atlas linguistique de France (1 086 300 données lexicales réparties dans 1 700 cartes), véritable patrimoine national conservé au laboratoire GIPSA-lab. Comment appliquer les techniques de l’analyse spatiale sur un espace défini par quelque six cent cinquante points d’enquête, non répartis uniformément sur le territoire et sur lesquels ont été collectées les formes dialectales associées aux 1 700 mots étudiés, afin de caractériser des aires linguistiques ? Encore un défi passionnant pour cette touche-à-tout, au sens le plus noble du terme.

 

Quelques projets sur lesquels a travaillé Paule-Annick Davoine

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