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Jonathan Sidgwick, un géomaticien qui ne connaît pas l’ennui

| 7 septembre 2017

Catégorie: Institutions, Portraits, Secteur public, Utilisateurs

Se remettre en cause, apprendre… tels sont les maîtres mots de Jonathan Sidgwick, aujourd’hui responsable SIG à l’agglomération de Montauban. Une attitude qui lui a permis de se passionner pour chacun de ses postes, qu’il s’agisse d’étudier le bassin amazonien ou de faciliter l’accès au cadastre numérique.

Jonathan Sidgwick, aujourd’hui responsable SIG à l’agglomération de MontaubanMalgré son nom anglais, hérité de son papa, Jonathan Sidgwick est un peu produit occitan, élevé entre le Tarn, le Tarn-et-Garonne et la Haute-Garonne. Attiré par la nature, sa faune et sa flore, le jeune Jonathan se voyait plutôt en professeur de biologie. Lorsqu’il achève sa maîtrise sur le palmier nain à la fin des années quatre-vingt-dix, il se rend compte qu’il y a beaucoup de monde sur les rangs, et il choisit de s’orienter vers l’aménagement.

Premiers contacts

C’est là qu’il découvre la télédétection qui l’emballe aussitôt : « Ça faisait rêver ! Penser qu’à partir d’images acquises par des satellites, on pouvait comprendre les habitats, la répartition des espèces animales, des plantes… » Mais pour continuer dans la filière, il lui faut se former. C’est ainsi qu’il passe une petite année au CESBIO à Toulouse afin de présenter son dossier pour le DESS « SIG et aménagement du territoire » de Rennes. Bien sûr, il est pris et le voilà obligé de quitter sa région natale. « C’était quasiment la première promotion du DESS, nous n’étions que deux à venir de loin, que deux à ne pas être géographes de formation. Moi, je comprenais bien les aspects scientifiques de la télédétection, le traitement du signal, la physique, mais j’ai dû tout apprendre de l’aménagement. »

La Bretagne c’est bien, mais le jeune géomaticien a le mal du pays et profite de son stage pour revenir à Toulouse. Le voilà à l’école vétérinaire de Purpan. Là, c’est l’hydrologie qu’il doit apprendre afin de construire des modèles à partir des premières images SPOT 5 dans le cadre d’un projet de recherche. Embauché pour six mois, il restera finalement deux ans. Il décide alors de passer deux concours : celui d’ingénieur territorial et celui ouvert par l’université pour recruter des assistants de recherche. Nous sommes en 2005 et Jonathan Sidgwick est pris aux deux concours. Il choisit d’entrer à l’IRD, car le poste proposé est à Toulouse. Après le bassin-versant d’une rivière des Pyrénées, le voilà confronté à l’étude de l’Amazonie, à partir d’images MODIS, MERIS, du modèle numérique de terrain SRTM, etc. Encore une fois, la mission le passionne.

Entrée en collectivité

Pour ne pas perdre le bénéfice du concours, il finit deux ans plus tard par postuler à un poste de responsable SIG à Angoulême. Même si c’est presque le grand Nord pour la petite famille qui s’installe en Charente, une nouvelle vie commence, qui dure… dix ans.

« Il a fallu que j’apprenne tout des collectivités locales, monter un marché public, gérer le cadastre, l’organisation des finances… » Le plus compliqué ? « Comprendre les utilisateurs et leur faire exprimer leurs besoins. En fait, en collectivité, on doit mobiliser un panel de compétences important, qu’il faut sans cesse remettre à jour : le lundi on parle cimetière, le mardi, réseaux d’eau et le mercredi, éclairage public. De plus, il y a beaucoup d’aspects réglementaires qui ont un impact et qui, là aussi, évoluent en permanence. On ne s’ennuie jamais. » Il faut faire de la pédagogie pour amener les utilisateurs à impliquer le service SIG de l’amont à l’aval de leurs réflexions.

Réforme territoriale, INSPIRE, droits de sols… les sujets ne manquent pas et Jonathan Sidgwick comprend qu’il ne faut pas rester seul pour effectuer une veille efficace au quotidien sur des sujets qui sont à la fois techniques, métiers et organisationnels. Il s’investit dans le groupe Topo SIG de l’AITF. « Ces échanges d’expérience sont essentiels. On peut tout comprendre, mais on ne peut pas être expert sur tout. »

Retour au pays

L’an dernier, il tombe sur une annonce parue sur Georezo. Le voilà de retour à Montauban, la ville natale de son épouse, en charge du SIG pour l’agglomération, la ville mais également du SCOT. Il est désormais tout seul pour mettre en place un SIG sur les trois territoires. Il prend le temps de faire le tour des utilisateurs, de comprendre comment ils travaillent, découvre une fois de plus de nouveaux métiers et de nouveaux défis. « Je me suis équipé d’un QGIS car je n’ai pas d’architecture globale. Par contre, les services utilisent un web SIG mis en place par SOGEFI. » Le nouveau responsable SIG a fait le pari de l’orthophotographie à très haute résolution. Il vient de faire réaliser par l’Europe Vue du Ciel une couverture à 10 cm de résolution et précise au pixel près. « C’est essentiel pour caler nos données. Mais c’est également un formidable outil de valorisation du travail et de communication. Nous allons la publier en Intranet et la mettre à disposition des communes. Comme nous avons les droits sur les images, nous la publierons sans doute également sur Internet. Quand on développe un SIG, il est important de donner rapidement à voir des réalisations. » Il sait qu’il va également falloir rapprocher le SIG du grand public, peut-être développer des applications facilitant les remontées d’information, au service des citoyens, sur mobile… autant de projets qui devront être étudiés avec soin avant d’être lancés et qui obligent Jonathan Sidgwick à mener une veille permanente, à se documenter, à se former, encore et encore. Désormais, il est également impliqué dans le groupe SIG des territoires de SCOT.

« Savoir apprendre, c’est la clé aujourd’hui » martèle-t-il aux étudiants de l’Université Paul Sabatier où il intervient régulièrement. Il se réjouit également de participer au jury pour l’attribution du titre de technicien supérieur SIG délivré par IDGEO. Certes, il regrette un peu de ne plus faire de télédétection, surtout par manque de temps, car à ses yeux, les images satellitaires pourraient tout à fait être utiles aux collectivités. Mais il reconnaît en souriant : « Voilà 17 ans que j’ai passé ma maîtrise. Je n’ai pas vu le temps passer. »

  • Son fil twitter : @jsidgwick
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