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La représentation, question clé pour l’aménagement

| 17 octobre 2014 | 0 commentaire

Catégorie: Cartographie, IDG/IDS, Institutions, Portraits, Secteur public

"J'adore les cartes Michelin, je les trouve très lisibles, on y lit les espaces, les routes, on s'y repère facilement"

« J’adore les cartes Michelin, je les trouve très lisibles, on y lit les espaces, les routes, on s’y repère facilement »

Arrivée en avril 2014 à la tête de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France (IAU), Valérie Mancret-Taylor est une amoureuse des cartes. Mais elle n’hésite pas à les questionner afin de rendre les problématiques d’aménagement plus lisibles.

Jeune, elle aimait les cours de géographie où il fallait dessiner des cartes, résumer en quelques couleurs et pictogrammes tout ce qui avait été appris sur l’agriculture ou l’industrie d’un pays. Ses études d’architecte, en France (Versailles) et aux États-Unis (université d’Illinois) lui ont fait comprendre qu’il y avait peut-être moins de gloire à réhabiliter de l’habitat collectif qu’à construire des édifices exceptionnels, mais que faire mieux et plus sur de l’existant était une mission passionnante. Ainsi, après quelques années en tant qu’architecte, elle décide de compléter sa formation en urbanisme, un domaine qu’elle ne quittera plus. Une fois architecte urbaniste en chef de l’État, elle rejoint la fonction publique en 1999. D’abord au niveau étatique en tant que déléguée départementale parisienne de l’ANAH (Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat), puis au sein de la direction régionale de l’Équipement (division urbanisme et schéma directeur). En 2005, elle intègre la Région pour s’occuper de la révision du schéma directeur (SDRIF) et de la mise en œuvre des différentes politiques d’aménagement votées par le conseil régional.

Des données vitales pour l’institut

La voilà maintenant de l’autre côté de la barrière, chargée de diriger l’institut qui a conçu le SDRIF et ses révisions, qui nourrit les élus en études, données, cartes et analyses de toutes sortes. « J’arrive à un moment où l’institut est à un tournant. Tournant institutionnel avec la création de la métropole, mais aussi tournant lié à la façon de concevoir l’aménagement. » Face à une situation de plus en plus complexe, comment synthétiser et rendre intelligibles des évolutions qui concernent des sujets aussi variés que l’habitat, l’environnement, les transports, l’économie, l’énergie… ?

Même si elle ne garde qu’un souvenir mitigé de ses travaux pratiques en SIG à l’époque où elle était en master d’aménagement et d’urbanisme à Sciences Po, elle reconnaît toute la valeur du patrimoine de données et des outils SIG dont dispose l’institut, grâce à ses nombreuses années de collaboration avec Esri. « L’IAU est le seul organisme au niveau régional capable de produire des analyses performantes et fiables, sur une grande variété de sujets, qui s’inscrivent dans la pérennité puisqu’elles prennent en compte trente ans d’évolution du territoire », se félicite-t-elle.

De la difficulté de rendre compte d’un monde complexe

« La question de la représentation est centrale, n’hésite pas à marteler Valérie Mancret-Taylor, car nous sommes dans un monde d’images. » Le foisonnement des données et la puissance des outils de traitement ne peuvent se passer de l’œil du cartographe, bien au contraire. « Nous devons faire attention à ne pas perdre le fil de ce qui est à représenter, à ne pas nous arrêter à la fascination pour les outils. » Comment expliquer simplement aux douze millions d’habitants de la région en quoi leur quotidien va changer dans les vingt prochaines années, par quelles étapes cela va passer ? Comment produire un schéma d’aménagement à la fois précis et rigoureux, sans se substituer aux missions des collectivités locales qui produisent SCOT (Schéma de cohérence territoriale) et PLU (Plan local d’urbanisme) ? Avec l’aide de prestataires externes, l’IAU a fait sa propre révolution : renoncer aux cartes de synthèse qui veulent en dire trop, les décharger, introduire l’infographie, les chorèmes… En quelques années, l’IAU a appris à être plus pédagogue et organise désormais des « cartocafés » internes, où chargés d’études, infographistes et cartographes partagent leurs idées pour faire « bouger les lignes, inventer et tester de nouveaux modes de représentation ». Après le hackathon de mars 2013, Urbaviz, l’exposition Expoviz de fin 2013, et « On occupe le sol » de cet été… l’IAU a également fait le plein d’idées nouvelles et décalées pour valoriser ses données. Désormais, l’institut est mieux armé pour « expliquer notre complexité et éviter les discours simplificateurs ». Pour Valérie Mancret-Taylor, l’enjeu n’est en rien cosmétique, il relève tout simplement du bon exercice de la démocratie.

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