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Le changement, c’est maintenant !

| 13 novembre 2016 | 0 commentaire

Catégorie: Cartographie, Données, Dossier : Élections, les candidats se plient en cartes, Entreprises, Grand public, Institutions, Logiciels, Marché, Open Data, Recherche, Utilisateurs

Même la politique s’est mise à l’analyse de données ! Elles les aident à cibler leurs campagnes et à mobiliser les militants. Un travail impossible sans information géographique qui prend une nouvelle ampleur.

« Hilary Clinton avait dit qu’elle n’annoncerait pas sa candidature aux primaires tant qu’elle n’aurait pas 3 millions d’adresses mail dans sa base de données » rappelle Vincent Moncenis, fondateur de DigitaleBox. C’est dire que les données sont devenues cruciales dans toute campagne politique.

Les US en ligne de mire

Même si les hommes et les femmes politiques ont toujours eu leurs dossiers et leurs fiches, les voilà entrés dans l’ère numérique. Un changement rendu visible par la campagne d’Obama en 2008. Pour la première fois, un candidat à la Maison Blanche s’appuyait officiellement sur l’analyse de données pour orchestrer une campagne de mobilisation sans précédent. Des contrats ont été passés avec des entreprises comme Analyst Institute et Catalist, avec des laboratoires de recherche (Yale), sans oublier le travail fourni par de nombreux bénévoles. Pour sa réélection en 2012, une équipe professionnelle de plus de cinquante analystes a été constituée à la Cave dans les sous-sols de Chicago. Données commerciales (Acxiom, Experian…), remontées des réseaux sociaux, fichiers électoraux, sondages… toutes sortes d’informations ont été analysées et modélisées pour prédire les résultats et cibler les actions : choix des chaînes locales où faire de la publicité et quel spot passer, à quelles portes frapper et avec quel discours, etc. Hilary Clinton a elle aussi son équipe d’une soixantaine de personnes, menée par Elan Kriegel, un des anciens directeurs de la Cave.

En bleu, les équipes dédiées au numérique et à l’analyse de données d’Obama en 2008 et 2012. En rouge, celles mobilisées par les candidats républicains ! Ont-ils rattrapé leur retard en 2016 ou misé sur d’autres outils de mobilisation ? Espérons que l’enquête sera rapidement menée (Image extraite d’une analyse détaillée effectuée par Engage Research de la campagne d’Obama accessible en ligne).

En bleu, les équipes dédiées au numérique et à l’analyse de données d’Obama en 2008 et 2012. En rouge, celles mobilisées par les candidats républicains ! Ont-ils rattrapé leur retard en 2016 ou misé sur d’autres outils de mobilisation ? Espérons que l’enquête sera rapidement menée (Image extraite d’une analyse détaillée effectuée par Engage Research de la campagne d’Obama accessible en ligne).

La France s’y met

L’Amérique et son professionnalisme font rêver nos candidats français, très fiers d’annoncer (parfois à tort) qu’ils utilisent les mêmes outils que leurs homologues américains. Mais le contexte français est bien différent. Chez nous, pas de listes électorales où chaque électeur précise s’il est démocrate ou républicain, pas de bases à acheter décrivant le comportement individuel, pas de budgets extraordinaires grâce au financement privé… Pourtant « la France n’est pas en retard », tient à souligner Fabrice Rivière, analyste chez Liegey Muller Pons.

Effectivement, les candidats ne sont plus aussi démunis que par le passé. Lors des dernières élections municipales, certains d’entre eux ont déjà découvert les outils de mobilisation et de suivi des actions de terrain. Une petite équipe « numérique » avait été constituée autour de la campagne de François Hollande (voir notre article de février 2014). Le ticket d’entrée pour accéder à ce type de technologie ne cesse de diminuer grâce à l’open data : aujourd’hui, les données sociodémographiques de l’INSEE, les résultats électoraux à l’échelle des bureaux de vote sont accessibles gratuitement. Tout comme les listes électorales, seules données nominatives.

De plus, les hommes et les femmes politiques ont pris l’habitude des réseaux sociaux. Globalement, leur sensibilité au numérique a bien changé et ils ont compris son potentiel en matière de renouveau démocratique. Au cœur ou en marge du mouvement des Civic Tech (entreprises du numérique dédiées à la mobilisation citoyenne), existe un petit écosystème d’entreprises prêtes à accompagner les candidats aux primaires, à la présidentielle, aux législatives… Certains de leurs dirigeants ont parfois fait leurs armes aux États-Unis comme Guillaume Liegey, Vincent Pons et Arthur Muller, les créateurs de 50+1, qui ont tous été bénévoles lors de la campagne d’Obama en 2008.

Leur tâche reste complexe et doit s’adapter au contexte national. « Les outils progressent plus vite que la réponse juridique » alerte Vincent Lacroix, avocat spécialisé dans le droit public lors d’une table ronde organisée pendant le salon STAFFS dédié aux collaborateurs d’élus mi-octobre. À l’heure où nous écrivons, un avis de la CNIL est attendu afin de clarifier les obligations des candidats. Jusqu’à présent, la loi distingue les membres et les contacts réguliers des contacts occasionnels et des prospects. Le consentement doit être demandé pour intégrer ces deux dernières catégories dans un fichier… une obligation difficile à suivre à l’heure où les candidats s’appuient également sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, tout fichier est censé être détruit après chaque scrutin… ce qui rend toute capitalisation impossible. « La CNIL va devoir prendre acte de ce qui se fait » prédit Jacques Priol, fondateur de Civiteo, un cabinet de conseil dans l’usage des données dans la décision publique.

 

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