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Les territoires de l’imaginaire se déclinent en cartes

| 13 novembre 2015 | 0 commentaire

Catégorie: Cartographie, Livres, Arts, Expos, Logiciels, Reportages

Le dernier festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges a choisi d’explorer les territoires de l’imaginaire. Un voyage qui ne peut se faire sans cartes.

La carte a toujours soutenu l’imaginaire du monde. La ville idéale du monde chrétien n’était-elle pas « une ville régulière, au plan bien tracé » comme l’a rappelé Brice Gruet, maître de conférences à l’université de Paris-Est Nanterre ? Aujourd’hui, les artistes continuent à inventer de nouveaux mondes qu’ils déclinent en cartes et en schémas de toutes sortes. C’est par exemple le cas de Brian Nunnery, Christophe Sank ou Johannes Bouchain, qui décrivent des villes inexistantes mais terriblement familières.

Imaginaire et géomatique font bon ménage

Les artistes n’hésitent pas à utiliser les codes actuels de la cartographie et les outils géomatiques ne les rebutent pas forcément, bien au contraire. Les données OpenStreetMap donnent régulièrement lieu à des détournements artistiques (voir le travail de Jazzberry Blue par exemple). Inversement, les professionnels de la cartographie et de la géomatique ont bien compris toute l’importance de l’esthétique et de la créativité dans l’efficacité des représentations. Même si nous abordons régulièrement cette question dans les colonnes de DécryptaGéo, rappelons à ce sujet les contributions de Laurent Jégou et d’Elisabeth Chesneau sur les palettes de couleurs. Les universitaires rassemblés le temps d’une table ronde baptisée « l’imaginaire géographique est-il soluble dans le numérique ? » ont exploré les nombreuses dimensions du couple imaginaire/numérique. Ils ont montré comment se créent de nouveaux imaginaires à l’heure de la personnalisation cartographique et des outils en ligne pour tous et pour chacun.

La géomatique à l’œuvre

Mais la géomatique sait aussi se mettre au service des productions artistiques. Elle peut nous permettre de cheminer dans les univers des livres, et désormais des films. Sébastien Caquard de l’université Concordia de Montréal a conçu avec Jean-Pierre Fiset de Class-One Technology un dispositif open source très intéressant, AtlasCiné. La plateforme permet de cartographier tous les lieux associés à un film : ceux où se déroule l’action, itinéraires d’un point à un autre, mais également endroits mentionnés ou brièvement évoqués. À partir d’un fichier tabulaire (Google Spreadsheets) qui décrit les adresses ou toponymes associés à chaque séquence, une carte interactive se construit, qui peut se dérouler temporellement. Le rendu est à la fois efficace et esthétique, associant cercles qui grandissent avec la longueur des scènes concernées, pointillés pour relier les lieux du récit, tons et couleurs en fonction de la précision de la localisation, etc. L’utilisation de Google Maps et d’Openlayers permet également de zoomer et d’obtenir plus de détails (désagrégation des cercles si nécessaire). L’outil permet également d’effectuer des requêtes sur plusieurs films, faisant par exemple ressortir l’importance de certains lieux de tournage à Montréal. Un premier prix du concours de géovisualisation et cartographies dynamiques du festival bien mérité !

AtlasCiné : Une plateforme pour décomposer toute la géographie d’un film, mais également un outil ouvert qui n’attend que les contributions des cinéphiles !

AtlasCiné : Une plateforme pour décomposer toute la géographie d’un film, mais également un outil ouvert qui n’attend que les contributions des cinéphiles !

 

Vivement Noël !
Cartes monstrueuses
Ghislaine Escande a présenté son dernier opus lors du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges

Ghislaine Escande a présenté son dernier opus lors du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges

Si vous confiez une carte marine de Corse du XIXe siècle à Ghislaine Escande, vous risquez le meilleur, comme nous le prouve une fois de plus cette artiste inclassable qui puise son inspiration dans les cartes depuis bien longtemps ! En quelques coups de crayons de couleur, elle révèle une galerie de monstres surprenants. Pour leur donner une histoire, elle s’est associée à son complice Gilbert Lascaut qui décrit avec humour les qualités de Cerino le Hibou, de l’ogre Feno et d’Ange le sanguinaire ! « Promis, je n’ai pas déplacé une courbe de niveau, parfois juste un peu accentué un point sur la carte » jure l’artiste, la main sur le cœur. On a du mal à la croire tant il semble impossible que des cartes aussi sérieuses portent en elles tant de fantaisie ! De cette collaboration, les éditions Transignum ont fait un livre d’artiste baptisé Les cartes marines de la Corse et les portraits des hommes et des femmes (450 €), dont chaque planche peut aussi être achetée sous forme de tiré à part (50 € pièce). Une bonne idée cadeau !

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