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StopCovid, l’application officielle de traçage est en développement

Catégorie: A l'actu, Entreprises, Grand public, Institutions, Logiciels, Mobilité

Le numérique aura sans doute sa place dans la stratégie de déconfinement de la France. Une application est en cours de développement, basée sur la technologie Bluetooth.

StopCovid

Le gouvernement supervise le développement d’une application de tracking des contacts.

« Limiter la diffusion du virus en identifiant les chaînes de transmission », tel est l’objet du projet StopCovid présenté par le Cédric O et Olivier Véran dans un entretien au Monde du 8 avril.

« L’idée est de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif, afin qu’elles se fassent tester elles-mêmes, et si besoin qu’elles soient prises en charge très tôt, ou bien qu’elles se confinent ». Installée volontairement, l’application s’appuiera sur la technologie Bluetooth pour enregistrer dans leurs téléphones respectifs les identifiants des téléphones qui seront restés en contact proche pendant un certain temps. Si l’un des utilisateurs s’avère contaminé et le signale à l’application, cette dernière se chargera de prévenir tous les contacts concernés, sans préciser l’origine du risque de contamination. « Les données seront anonymes et effacées au bout d’une période donnée » tient à rassurer le secrétaire d’État au numérique. Le code sera ouvert et la CNIL, entendue le mercredi 8 avril par la commission des lois du Parlement, sera étroitement associée aux travaux afin de garantir le respect de la vie privée.

Singapour comme modèle

coronavirus géolocalisation

Un extrait de la présentation de TraceTogether

C’est donc le même principe que TraceTogether qui semble avoir les faveurs du gouvernement (voir notre article Exploitation des données de géolocalisation dans la lutte contre le Covid-19 : de quoi parle-t-on ?). Une application du type de celle développée à Singapour présente plusieurs avantages : elle n’utilise pas les données de géolocalisation et peut fonctionner de manière assez décentralisée, ce point restant à préciser, car il faudra bien un serveur pour récupérer les listes de « rencontres » et envoyer les messages aux personnes croisées. L’Inria pilote le groupe de travail français composé de chercheurs et développeurs venus du public et du privé, sous la supervision du gouvernement et en lien avec le projet européen PEPP-PT, qui part sur les mêmes bases techniques.

Mais Cédric O reste très prudent sur l’avancée du projet ainsi que sur son impact sanitaire. Ce qui est certain, c’est qu’il divise le monde politique, même au sein du parti gouvernemental. Techniquement, tout n’est pas résolu car « le Bluetooth n’est pas fait pour mesurer les distances entre des personnes » précise Cédric O. Le développement devrait prendre 3 à 6 semaines.

De plus, l’utilité d’une telle application dépendra de plusieurs facteurs.

De nombreuses limites

Elle devra tout d’abord être utilisée par une partie importante de la population (entre 25 et 60 % selon les études, comme le souligne Mounir Mahjoubi dans sa note parlementaire sur le « traçage des données mobiles dans la lutte contre le Covid-19 »). Alors que 70 % des Français sont équipés de smartphones, qu’adviendra-t-il des 13 millions qui n’en possèdent pas ? Le gouvernement annonce envisager des dispositifs alternatifs ou des aides à l’équipement et entend bien soigner l’interface afin que l’application soit très simple. Il n’en reste pas moins que les personnes âgées, premières victimes de la pandémie, risquent bien d’être les moins aptes à l’utiliser.

Une telle application sera globalement sans intérêt s’il est impossible de se faire dépister, au risque de simplement renvoyer tout le monde en confinement et de créer une paranoïa générale (ou de ne pas être utilisée du tout si personne n’a rien à y gagner).

Les possibilités de faux positifs ou négatifs sont multiples. En l’état actuel du confinement, les occasions de contacts de plus de 15 minutes à moins de 2 mètres de distance sont rares (mesures qui semblent avoir été retenues pour TraceTogether), et ne couvrent qu’une petite partie des sources de contamination. Ce type de contact peut ne pas être contaminant si les personnes se tournent le dos et portent un masque.

Même si l’utilisation de l’application se fera sur la base du volontariat, que les données seront anonymisées et bien gardées comme l’affirme Cédric O, les risques de dérive sont nombreux. Le Bluetooth n’est pas la technologie la plus sécurisée, comme le rappellent régulièrement les experts en cybersécurité, qui nous recommandent d’éteindre le signal Bluetooth de nos smartphones. Le volontariat sera-t-il vraiment de mise ? La pression sociale et économique ne sera-t-elle pas plus forte ? Le contrôle social n’a pas toujours besoin de venir d’en haut, comme le détaille un bulletin de veille du Comité Consultatif National d’éthique au numérique.

Enfin la tentation sera grande d’exploiter les données ainsi acquises pour mener des études épidémiologiques, posant ainsi la question de la conservation des données. Aujourd’hui, les chercheurs doivent s’appuyer sur des questionnaires en ligne pour recueillir ce type d’information (voir par exemple le projet Covidnet.fr). Le collectif bénévole Covid’IA « entend exploiter des données démographiques, des données relatives aux personnes malades ou aux patients porteurs ou suspectés et les données de localisation qui peuvent être fournies (de manière agrégée et anonymes) par les opérateurs de téléphonie mobile » pour nourrir des algorithmes d’intelligence artificielle et élaborer ainsi un modèle de déconfinement. Mais il espère également s’appuyer sur une application mobile. Encore une autre ?

Le 7 avril, Singapour annonçait une nouvelle période de confinement pour faire face à une troisième vague épidémique. La preuve qu’une application ne sera certainement pas suffisante pour enrayer la pandémie !

 

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Commentaires (1)

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  1. Françoise De Blomac dit :

    Le 7 mai, le MIT Tech Review publie un inventaire des applications de contact tracing : A flood of coronavirus apps are tracking us. Now it’s time to keep track of them.https://www.technologyreview.com/2020/05/07/1000961/launching-mittr-covid-tracing-tracker/

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