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Sylvie Bernier : une belle personne de la géomatique

| 27 octobre 2017

Catégorie: Formation, Portraits

Le 25 septembre 2017, Sylvie Bernier, l’une des fondatrices de centre de formation IDGEO disparaissait brusquement. Depuis, les messages des anciens stagiaires, de ses collègues, de celles et ceux qui ont l’occasion de la croiser affluent : une belle personne va nous manquer. Portrait kaléidoscope réalisé avec l’aide de ses amis.

Sylvie BernierSylvie Bernier n’a jamais eu peur de se remettre en cause. Après une thèse en géologie, elle a travaillé dans différents bureaux d’études sur l’eau et l’environnement. Nous sommes au début des années 90, et malheureusement, les postes sont rares. Au cours de ses missions, elle découvre les SIG, qui la passionnent rapidement. Un bref passage à l’IAU (IAURIF à l’époque) et puis le Mastère Silat en 1999 finissent de compléter sa formation. Peu après, la voilà partie pour les Services géographiques à Toulouse, afin de remplacer Frédéric Pouget en partance pour La Rochelle. « Elle s’est tout de suite plu à Toulouse, assure Jean-François Behm, et elle était ravie de son poste. » C’est là que la bande des quatre se constitue : Jean-François Behm, Rose Gallofré, bientôt rejoints par Renaud Lahaye. Pendant treize ans, ils vont être le cœur actif du centre de formation privé, accueillant de nombreux stagiaires, souvent en reprise d’étude, en reconversion professionnelle, pour les initier aux SIG, à la télédétection, au développement web géographique, etc.

Quand les Services géographiques déposent le bilan au printemps 2013, les quatre salariés osent se lancer. « On était confiants, se souvient Renaud, il nous fallait simplement reprendre la main sur l’outil de travail, miser sur l’expérience acquise. » Dès septembre, IDGEO est créé, sous forme de SCOP. Désormais, pas de patron, mais des cogérants et des coopérateurs. « On a eu très rapidement nos premiers contrats, complète Renaud, ça a marché. Ce qui a été plus long, c’est de redevenir visible sur le marché de la formation. » Alors Sylvie surmonte sa timidité naturelle pour s’insérer dans les réseaux professionnels, présenter le centre. Pendant deux ans, l’équipe reste à effectif stable, ce qui ne l’empêche pas de lancer une première formation certifiante de technicien supérieur en SIG. « Au début du troisième exercice, on a pu embaucher », note Rose, en charge de la gestion. Au cours des derniers mois, deux nouveaux formateurs, une secrétaire de formation et un coordinateur de formation sont venus compléter l’équipe. Un nouveau projet l’anime : l’ouverture de la formation certifiante de géomaticien développeur d’application spatiales

Paternelle et maternelle à la fois

La place de Sylvie dans cette organisation originale (les SCOP restent rares) est bien celle d’un capitaine. « Elle nous donnait le cap, et manifestement, c’était un bon cap ! » ose Arnaud Lahaye. « Elle avait un côté bon père de famille, complète Rose. C’est elle qui avait la carte bleue ! ». Car Sylvie avait appris à la dure que les erreurs de gestion peuvent coûter cher. Quand elle jugeait une dépense superflue ou inutile, elle ne se laissait pas faire : « on verra ça au 1er avril » répondait-elle, ou « en deux mille quarante-douze ».

Et le lundi matin, elle savait vous envoyer bouler. Il ne fallait pas trop lui parler, la laisser bougonner dans son coin, jouer un rôle dont personne n’était dupe. Car très vite, sa nature généreuse prenait le dessus. « Elle aimait beaucoup rencontrer les stagiaires, parler de leur CV, de leur parcours, reconnaît Jean-François. Elle avait une très grande empathie, elle repérait très vite quand quelque chose n’allait pas, et elle offrait un vrai soutien moral. » Car Sylvie savait qu’apprendre ne peut se faire que dans de bonnes conditions psychologiques et matérielles. Adepte de la pédagogie positive et bienveillante, chaque stagiaire passé « entre ses mains » se sentait accueilli, accompagné. « Rien ne lui faisait plus plaisir qu’apprend que l’un d’eux avait trouvé un bon poste » rappelle Rose. D’ailleurs l’équipe va l’an prochain poursuivre le projet mûri depuis presque deux ans : déménager dans des locaux plus agréables, tant pour l’équipe que pour les stagiaires, avec deux salles de cours supplémentaires.

Conviviale

Sylvie savait miser sur le meilleur de chaque être humain, elle savait faire confiance et faire avancer. Laisser la parole circuler, profiter des bonnes ondes… Elle tenait à la convivialité. Des déjeuners, des pique-niques, des dîners s’organisaient spontanément avec les stagiaires, notamment ceux en formation longue qui pouvaient vivre de grands moments d’isolement. « C’était une bonne vivante, rappelle Rose, qui partageait le même bureau, les mêmes discussions et les mêmes fous rires que Sylvie. Mais dans ces repas, elle ne mangeait rien car elle passait son temps à discuter avec les uns et les autres. »

Car Sylvie Bernier donnait beaucoup, trop peut-être ? Infatigable et toujours sur le pont, elle rêvait souvent d’une petite sieste après le repas. Même si elle était entourée d’une famille aimante, IDGEO était sa seule famille du quotidien. Dès 7 heures les premiers mails tombaient dans les boîtes aux lettres ! Si elle peignait, lisait, écoutait de la musique… sa vie était avant tout centrée sur son travail, sur ce jeune enfant déjà bien expérimenté qu’était IDGEO.

« Nous perdons une associée, explique Renaud Lahaye. Ses ascendants héritent de ses parts financières dans la SCOP, qu’ils aimeraient donner à IDGEO. Mais nous allons avoir bientôt de nouveaux associés, car au bout de deux ans, les salariés deviennent associés. Par ailleurs nous avons fait une assemblée générale et c’est maintenant Rose qui m’accompagne dans la cogérance. »

IDGEO : Portrait de famille

IDGEO : Portrait de famille

Claire, Emmanuelle, Guillaume, Jean-François, Rémi, Renaud et Rose sont aujourd’hui orphelins, tout comme le millier de stagiaires qui sont venus se former à IDGEO. Mais, ils se serrent les coudes et avancent dans cette belle aventure humaine qu’est la formation. Le souvenir du sourire de Sylvie les accompagne, ainsi que les belles leçons de vie qu’elle leur a donnée.

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