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Un homme de qualité

Catégorie: INSPIRE, Institutions, Portraits, Standards

WEB-178-portrait-troispoux2-recadreLes projections, la qualité des données… Gilles Troispoux est le spécialiste des sujets casse-bonbons. Pourtant, le bonhomme n’a rien d’ennuyeux. Philatéliste de renom, photographe aguerri, cartographe des îles Crozet… Il n’en finit pas d’arpenter le monde et a toujours une bonne histoire dans sa besace. De sa voix rocailleuse, il prêche la bonne parole…

À 5 ans, le petit Gilles déchiffre avec peine les cartes postales envoyées par son oncle qui travaille dans l’aviation civile. Ceylan, Panama, Nouméa… les noms mystérieux, les timbres colorés attisent sa curiosité tant et si bien que ses parents n’ont d’autre choix que de lui acheter un atlas. Le voilà tombé à la fois dans la philatélie et la géographie ! Il sera astronome ou astrophysicien, se dit-il quelques années plus tard, alors qu’il commence à photographier le ciel orléanais. « Finalement, je suis allé en fac de maths. Mais j’en ai eu vite marre. Je suis parti à l’armée et j’ai passé quelques concours. »

Un homme de terrain

WEB-178-portrait-troispoux3Reçu à l’ENSG*, il entame un BTS de géomètre. « J’ai adoré mes études, l’ambiance était formidable, les professeurs étaient des baroudeurs, je faisais enfin des maths qui servaient à quelque chose. » Pendant dix ans, Gilles Troispoux va lui aussi barouder. Muni de sa planchette, de son théodolite et surtout d’une bonne paire de chaussures, il arpente les sentiers de montagne, rencontre les maires, les historiens locaux… « On partait en petites équipes. On louait un gîte rural pour quelques mois, nos femmes venaient nous retrouver les week-ends. On discutait avec des gens passionnants. » Il découvre la saveur de la toponymie, expression directe et fleurie de la culture locale. En 1982, il part lever la première carte des îles Crozet, au milieu des manchots et entouré des scientifiques spécialistes des terres australes. Ses années de terrain l’amèneront également à Ryad, à Abidjan, lui feront découvrir le Beaufortain dont il tombera amoureux… Avant de rentrer à la maison mère au milieu des années 1990, où il élabore le premier modèle de données de la future BD Topo.

Un accompagnateur

« J’ai encore réussi à faire un peu de terrain, ce qui m’a permis de présenter un mémoire et de devenir ingénieur. » L’heure est à la mise en place des chaînes de production de la BD Topo et Gilles Troispoux encadre une unité, participe au décloisonnement des métiers. « Comme j’en avais marre de ne pas tout comprendre, j’ai fait une formation d’analyste en interne. » En 1995, c’est le début de la politique d’essaimage de l’IGN, dont le jeune spécialiste profite. C’est le tout nouveau pôle géomatique du CERTU qui l’accueille à Lyon, où la famille s’installe. La petite équipe ne ménage pas ses efforts pour accompagner les services du ministère de l’Équipement (puis de l’Environnement) dans leur apprentissage de ces nouvelles technologies. Gilles Troispoux se charge de deux dossiers délicats : les projections et la contrepèterie trimestrielle de la revue Sign@ture. S’il nage comme un poisson dans « l’art de décaler les sons », la plongée dans les formules de projection utilisées dans les SIG s’avère plus périlleuse. Mais il s’en sort, et ses fiches pédagogiques continuent à faire référence. À la fois expert technique et très conscient de la réalité quotidienne des utilisateurs de SIG, il s’implique dans le CNIG* et l’Afigéo*.

Une autre vision de la qualité

« Au début des années 2000, le ministère a fait un schéma directeur. Les services déconcentrés comme les Diren* et les DDE* devenaient responsables des données métier qu’ils produisaient. » Il était donc grand temps de se préoccuper de la qualité de ces nombreuses données, saisies sans véritables spécifications. Reconnu comme expert international, Gilles Troispoux se rend vite compte que les normes ont été faites par des instituts cartographiques nationaux, pour des instituts cartographiques nationaux et sont totalement inadaptées aux productions des utilisateurs. « La question n’est pas de mesurer la qualité, mais de savoir ce que vaut une base de données » résume-t-il. Désormais chef de projet en géomatique au CEREMA, il a élaboré une méthodologie et essaye de mettre en place des groupes de travail pour réconcilier qualité et qualification. Alors qu’il va prendre sa retraite dans quelques mois, il est encore bien seul avec son collègue Yves Bonin à militer pour une bonne vulgarisation de la norme en vigueur. « À l’aide de quelques indicateurs, il est possible de décrire simplement le contenu d’une base de données en termes de précision géométrique et thématique, d’exhaustivité, de cohérence logique, de qualité temporelle, etc. En associant un intervalle de confiance et des notes de 1 à 5, chacun peut savoir rapidement si telle base est utilisable. » Une question devenue cruciale à l’heure de l’open data, mais qui peine encore manifestement à mobiliser.

 

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