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Évaluer la valeur économique de l’information géographique : un défi !

| 12 octobre 2020 | 0 commentaire

Catégorie: Données, Entreprises, IDG/IDS, Institutions, Logiciels, Marché, Open Data, Recherche, Reportages

Environ 4 mn de lecture

Comment mesurer la valeur économique de l’information géographique ? La question préoccupe de nombreux acteurs, notamment ceux qui doivent justifier leurs investissements dans la constitution ou l’achat de données et logiciels dédiés. Éléments de réponse et réflexions lors des GéoDataDays 2020.

valeur information géographique

Dans sa thèse, Narimène Dahmani décrypte l’écosystème autour de l’information géographique.

Quelle contribution du secteur de l’information géographique au PIB national ? Quelle richesse est générée par l’ouverture des données ou des logiciels ? Comment mesurer les économies induites ou les gains de performance par l’accès aux données d’une Infrastructure de données géographiques (IDG) régionale, locale ou thématique ? Force est de constater que ces questions sont aujourd’hui encore largement sans réponse, ou n’ont que des réponses partielles. La session organisée aux GéoDataDays a ouvert quelques angles d’analyse.

L’ouverture comme garantie ?

Il faut parfois prendre des chemins détournés pour aborder la question de la valeur économique des données géographiques, surtout lorsqu’elles sont gratuites. Laurent Coudercy, administrateur des données de l’Office Français de la Biodiversité et animateur de la session a pris le temps de revenir sur les promesses de l’open data en insistant sur la multiplication des usages, comme indicateur de valeur.

À l’amont, cela implique de s’assurer que les données utilisées répondent bien aux besoins des missions de service public qui sont à l’origine de leur production. L’IGN a ainsi confirmé que la production et les spécifications de ses données étaient de plus en plus définies en fonction des besoins des politiques publiques, qui abondent financièrement à leur constitution. « On observe ainsi une plus grande maturité des commanditaires, pour avoir des données réellement adaptées à leurs besoins, » se félicite ainsi Magali Stoll, directrice des programmes et de l’appui aux politiques publiques à l’IGN.

Il faut également travailler l’aval. « Une diffusion en open data qui ne s’interrogerait pas sur les besoins réels des utilisateurs, en particulier sur la capacité du grand public à utiliser des données brutes, est forcément limitée. Différents modes de présentation des informations diffusées sont à prévoir, depuis le simple téléchargement de données brutes jusqu’au texte de vulgarisation, en passant par des outils de visualisation simple et la disponibilité des données en API, insiste l’animateur Dans le cadre du Système d’information sur l’Eau (SIE), la disponibilité de données par le biais d’une API via https://hubeau.eaufrance.fr/ a abouti à démultiplier fortement l’usage de ces données, qui passe par des organismes intermédiaires entre le SIE et les utilisateurs finaux : journalistes, SSII, associations… » Une recommandation appréciée des autres intervenants qui ont insisté sur la réelle nécessité de voir se créer un écosystème d’acteurs intermédiaires entre les diffuseurs de données brutes et les utilisateurs, basé sur des services publics ou privés, des data journalistes, des associations… qui apportent de l’expertise et de la simplification, comme c’est le cas sur l’outil cartographique de Géofoncier. Mais Patrick Bezard-Falgas, initiateur du projet a rappelé qu’il a dû faire accepter un changement de modèle économique autour des données décrivant le foncier à ses collègues géomètres experts. Ces derniers ont ainsi pu passer de « la donnée c’est mon patrimoine propre » à « la valeur économique n’est pas la donnée mais sa diffusion et les services qu’elle va générer ».

valeur information géographique

D’où vient la valeur des données fournies par le portail Geofoncier ? des données elles-mêmes ou des services qu’elles permettent de créer ?

Déconstruire la chaîne de valeur

La chaîne de valeur reste complexe à analyser dans le domaine de l’information géographique. En effet, dans un domaine où se côtoient acteurs privés, institutionnels et citoyens, les uns alimentant les autres et inversement, il n’est pas simple de quantifier l’apport de chacun.

Dans le cadre de sa thèse, Narimène Dahmani a travaillé sur l’écosystème des acteurs de l’information géographique autour des IDG. En s’appuyant sur l’annuaire des géo-entreprises de l’Afigéo, elle a illustré la variété des acteurs utilisant l’information géographique dans une région, mais aussi la difficulté pour les IDG à être repérées comme source de données. Si le poids économique de l’écosystème propre à l’information géographique peut être localement mesuré (nombre d’entreprises, chiffres d’affaires cumulés) et sait faire appel aux ressources des IDG, 90 % des entreprises qui s’appuient sur des données géographiques pour fournir des services divers (localisation de ressources par exemple) utilisent principalement Google Maps.

Pierre Maurel, coordinateur de DINAMIS a présenté les travaux menés avec Chadi Jabbour sur les bénéfices liés à certains usages d’images satellitaires. La déconstruction de la chaîne de valeur sur des cas précis (application de gestion des coupes rases par exemple) permet d’isoler de nombreux bénéfices directs et coûts évités, sans toutefois aller jusqu’à la quantification des bénéfices indirects.

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Consentement à payer, économies réalisées… Chadi Jabbour a mobilisé différentes approches pour estimer la valeur d’usage de l’information géographique.

Régis Haubourg, très impliqué dans OSGeo-fr, a pour sa part tiré la sonnette d’alarme sur les logiciels libres en géomatique. Si leur succès n’est plus à démontrer, ils reposent actuellement sur des briques dépendant d’un nombre très restreint de contributeurs, qu’il faut trouver le moyen de financer

Même si les travaux de recherche ouvrent des pistes et proposent des méthodologies locales, le « marché » reste mal évalué, limitant la reconnaissance d’une filière pourtant dynamique. Afin de développer une meilleure vision de la chaîne de valeur, préalable à toute quantification économique, l’Afigéo mène un travail sur la cartographie des acteurs, auquel chacun peut participer, comme l’a rappelé Christine Archias, vice-présidente de l’association, en fin de session.

Pour aller plus loin

– Inestimable information géographique ? : Replongez-vous dans notre dossier paru en 2016

– Valeur du partage, partage de la valeur : Compte rendu d’une journée de la PPIGE de 2014

 

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