Spatial : quelques jeunes pousses à suivre
Catégorie: 3D, Entreprises, Environnement, Géomarketing, Grand public, Imagerie, Marché, Open Data, Reportages, Satellite/Spatial
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Le Toulouse Space Show a rassemblé fin juin le monde du spatial à l’initiative du CNES. Autour des grands industriels et des agences spatiales du monde entier, gravite désormais une myriade de jeunes pousses qui portent toutes sortes d’innovations. Nous en avons rencontré quelques-unes.
Un système qui utilise des brevets d’Airbus pour filtrer le mercure, une textile entièrement biodégradable, même dans l’espace, des propulseurs adaptés aux microsatellites, une colle qui résiste à l’absence de gravité… le monde du spatial fourmille d’idées, comme l’a montré le challenge ActInSpace, organisé par le CNES et l’ESA, soutenu par Airbus et de nombreux partenaires institutionnels et privés. Pour sa quatrième édition, organisée dans 63 villes et 32 pays, il a vu s’affronter plus de cinq cents équipes et c’est devant une salle plus que pleine que les prix de la grande finale ont été remis le 27 juin. À côté, le village des startups accueillait une cinquantaine d’entreprises, qui se sont relayées sur scène tout au long des trois jours pour présenter leur savoir-faire. Rencontres avec des gens pleins d’idées.
Géolocalisation
La petite équipe bretonne d’Unseenlabs, soutenue par le booster Morespace, propose par exemple un service de surveillance des bateaux grâce à un réseau de petits satellites (Cubesat) dédiés. L’idée est ici de traquer les navires qui éteignent leurs balises AIS lors d’activités illégales. Les premiers satellites seront déployés l’an prochain.
Visant les marchés de la logistique et de la gestion des actifs, Uwinloc propose une solution de géolocalisation indoor qui s’appuie sur des tags autocollants, un réseau de beacons pour assurer la triangulation des positions et un logiciel pour suivre ses marchandises en 2D et 3D. Après avoir levé 4,5 millions d’euros en avril 2018, l’entreprise toulousaine, qui travaille déjà pour Safran, EDF, Michelin, Airbus, la Banque postale… vise désormais le marché international.
Ils en sont encore au stade de l’idée, mais The Wright Team Incorporated, qui a remporté le grand prix d’ActInSpace, mise sur les technologies de la blockchain pour assurer l’identification des drones, qui se comptent désormais par millions. Entre le petit drone de loisir, les milliers de drones de livraison d’Amazon et les grands drones de cartographie… tout ce petit monde pose des questions de sécurité, de respect de la vie privée, etc. La jeune équipe australienne propose donc un système permettant de créer rapidement une carte d’identité pour chaque engin, infalsifiable, qui pourra ensuite être utile tout au long de leur vie.
Observation de la Terre
L’équipe lituanienne de Space Tree souhaite remplacer les inventaires forestiers de terrain par une approche entièrement basée sur l’exploitation d’images Sentinel-1 et 2, grâce à une bonne dose d’intelligence artificielle. Pour l’instant, elle a mené des premiers tests d’évaluation de la ressource et de classification sur trois espèces, qui ont donné de bons résultats sur l’un des massifs du pays.
C’est plutôt du côté de l’exploitation forestière que se situe OpenForêt, créé par Gwenaël Postec en 2015. Comment repérer les petites parcelles à l’abandon, contacter les propriétaires afin de leur proposer d’acheter leur bois ? Après avoir été incubé à l’IGNfab, OpenForêt est désormais opérationnel. 24 millions de parcelles forestières sont numérisées, croisées avec la BD Forêt, ce qui permet de les qualifier finement (essences, surface, statut mais également proximité d’une desserte). La solution, proposée sous forme d’abonnement, permet de sélectionner des parcelles selon divers critères, de vérifier qu’elles sont toujours intéressantes par un coup d’œil aux dernières images satellites disponibles, puis de générer directement le formulaire officiel dûment rempli afin de contacter le propriétaire.
La détection d’objets et la surveillance de zones depuis l’espace ont désormais le vent en poupe grâce au développement des algorithmes de machine learning couplés à des capacités de stockage et d’analyse dans le cloud. Vous cherchez des piscines ? Entraînez votre logiciel avec des millions d’images de piscines vues du ciel et il les isolera rapidement dans n’importe quelle nouvelle image satellite. Au-delà de la technique, les nombreux services de ce type se différencient aujourd’hui par leur capacité à accéder aux images les plus récentes (merci Copernicus et Sentinel) et à proposer des solutions qui « parlent » aux marchés visés. Sur ce point, Pixstart a choisi un positionnement tourné vers « le conseil économique aux entreprises ». Créée il y a dix-huit mois à Toulouse, l’entreprise propose aujourd’hui un premier service opérationnel : la détection de piscines (PoolSpot) à destination des piscinistes qui peuvent cibler leurs actions de marketing dans les zones les plus intéressantes. Grâce au couplage avec les données cadastrales, les clients peuvent également définir un potentiel de marché dans une zone donnée avant d’implanter un magasin. Détection et suivi de l’évolution réelle des chantiers, pollution aux particules fines ou de l’eau… en croisant la richesse de l’information satellitaire avec des données de repérage et d’enrichissement, puis en intégrant le tout dans des interfaces ciblant des métiers spécifiques, Pixstart ouvre la voie française du géomarketing spatial.
Et si on se contentait de regarder les images satellitaires ? Jérôme Gasperi a mis au point SnapPlanet, une application qui permet à tout un chacun de générer une belle image satellitaire de n’importe quel coin du globe à partir du flux Sentinel-2 (DIAS Creotech). Sélectionnez votre coin favori, et l’application vous propose immédiatement la dernière bonne image du secteur. Faites ressortir l’eau, l’agriculture, la géologie (9 filtres possibles) et recevez en moins d’une minute votre image que vous pouvez partager avec les autres membres de la communauté SnapPlanet. Vous pouvez également la comparer avec une image d’archive plus ancienne, la commenter, l’animer, etc. « J’ai voulu gommer tout l’aspect technique afin de proposer une approche vraiment tournée vers le grand public, sorte d’Instagram des données Sentinel » se félicite Jérôme Gasperi. Une belle idée, mais qui va devoir trouver un modèle économique !