Passer en open source : un risque à évaluer !
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Depuis deux ans, à quelques exceptions près, Metz a mis de côté ses solutions SIG propriétaires pour développer ses propres outils en open source. C’est sans doute la première collectivité de cette taille à faire un tel choix. Emmanuel Pina, responsable SIG au service informatique de Metz et agglomération de Metz, nous explique pourquoi et comment.
Comment est né le projet ?
En 2012, la ville avait son propre SIG, installé depuis plusieurs années sur APIC en lien avec Oracle. L’agglomération avait également une base Oracle pour alimenter des applications Aigle, autour de la diffusion du cadastre, mais qui ne donnaient pas pleinement satisfaction. À l’occasion de la mutualisation des services SIG et informatique, nous avons fait réaliser un schéma directeur et tout remis à plat.
Et qu’avez-vous décidé ?
Même si nous utilisions Oracle, nous avions deux bases très différentes. Nous avons commencé par définir un nouveau modèle de données, adapté à l’ensemble de nos productions. En même temps, il fallait rendre cette mutualisation visible, faire rapidement la preuve de sa valeur ajoutée. C’est pourquoi nous avons tout de suite initié un intranet/extranet accompagné d’une déclinaison Internet : Geo.metzmetropole.fr. Comme nous avions déjà de l’expérience en développement sur MapGuide, nous avons opté pour une réalisation exploitant des composants libres : GeoServer, Leaflet et OpenLayers.
Comment ça s’est passé ?
Les développements ont été réalisés en interne en trois mois par Eric Delaite, Sébastien Aubert et Christophe Michel Afin de faciliter l’appropriation de l’outil, nous avons opté pour une interface à la Google. Le site Internet permet de naviguer dans les différentes couches de données, de se localiser à l’adresse, d’effectuer des mesures, etc. Nous avons également inclus une navigation détaillée dans les plans des différents cimetières de l’agglomération qui permet d’effectuer des recherches à partir du nom de défunt, ce qui est très apprécié.
Quid des bases de données et des applications métier ?
Côté bases de données, nous sommes progressivement passés d’Oracle à PostGreSQL/PostGIS. Nous avons opté pour un hébergement externe avec une garantie de disponibilité. Nous avons également migré nos applications APIC vers QGIS, qui nous sert aujourd’hui à la gestion des données. Avec ce dernier, nous avons par exemple développé une application très complète de gestion de l’éclairage public. Il y a environ quatre-vingts postes QGIS installés dans les services de la ville et de l’agglomération. Nous continuons à utiliser Droit de Cité pour l’instruction des permis de construire, en lien avec QGIS. Pour la voirie, nous utilisons E-Mash de Cadix, une solution du marché qui nous va très bien. Certaines applications ont été conçues à partir de l’intranet pour les transports, la propreté urbaine et le jalonnement vertical. Mais nous utilisons toujours des logiciels commerciaux quand ils correspondent à nos besoins : AutoCAD Map, FME et ArcGIS pour la production des données.
Le bilan est positif ?
Très positif ! D’une part, nous réalisons de sacrées économies. Avant, nous déboursions environ 25 000 € par an de maintenance. Maintenant, nous sommes à 9 000 € d’hébergement avec garantie de disponibilité. En termes d’outils, nous avons trouvé des solutions qui conviennent parfaitement à nos besoins, stables et évolutives en même temps. Même si nous n’avons pas officiellement déposé le code de notre application sur une forge, nous le passons à qui en a besoin. C’est d’ailleurs ce qu’a fait GeoBretagne puisque son nouveau viewer, baptisé Kartenne, exploite nos développements. Enfin, côté formation QGIS, nous nous sommes fait accompagner par Oslandia, mais nous sommes autonomes pour former en interne un nouvel agent sur nos applications. Nous avions des craintes en matière de pérennité, mais aujourd’hui, nous sommes rassurés. Passer en open source, c’est un risque qu’il faut évaluer.
Quels sont vos projets ?
Nous souhaitons intégrer la 3D au cœur du SIG. Pour l’instant, nous proposons des vues tuilées Google Earth de la maquette 3D qui couvre une grande partie du territoire, avec des niveaux de détail variés. Comme nous commençons également à garder en mémoire les anciennes versions du cadastre notamment, nous pourrions évoluer vers la 4D.
Fiche d’identité
- Metz : 120 000 habitants, 27 500 parcelles cadastrales
- Agglomération : 44 communes, 230 000 habitants, 110 000 parcelles cadastrales
- Geometzmetropole
- Intranet/extranet : 800 utilisateurs référencés, 150 sessions chaque jour.
- Internet : environ 4 000 connexions uniques chaque mois.