Cacao, coca, coton et cupcake !
Catégorie: Cartographie, Données, Environnement, Imagerie, Institutions, Logiciels, Matériel/GPS, Open Data, Recherche, Reportages, Réseaux/Transports, Secteur public, Sécurité/défense, Utilisateurs
Nicolas Klein
Du 17 au 19 octobre au Manège de Chambéry, cent cinquante participants de plusieurs pays d’Europe se sont réunis pour la cinquième édition du Forum GeOnG, dédié à l’information géographique et cartographique dans le domaine de l’humanitaire. Ateliers, conférences, tables rondes et plénières étaient préparés par les nombreux bénévoles et permanents de l’association CartONG qui fêtait son dixième anniversaire.
L’équipe a de quoi être satisfaite : la plupart des acteurs majeurs de l’humanitaire et du développement tels que Médecins sans Frontières, l’UNHCR, l’UNICEF avaient fait le déplacement, montrant qu’une bonne gestion des informations (géographiques ou non) est désormais une composante essentielle de toute mission humanitaire.
Du terrain…
Au-delà des nombreux ateliers techniques de prise en main d’outils divers, au-delà des conseils pratiques à celles et ceux attirés par l’aventure humanitaire, GeOnG est également l’occasion de prendre un peu de recul sur les activités menées, de croiser les expériences. Isabelle Didierjean d’iMMAP, a par exemple une vision sans concession de l’utilité du travail cartographique : « Prenons l’exemple d’un coup d’État à Madagascar. L’ensemble de l’administration a quelque part arrêté de travailler. L’un de nos objectifs en tant qu’ONG est d’aider le gouvernement à se remettre en mouvement. De manière pragmatique, ce dernier cherche à faire venir des investisseurs étrangers afin qu’ils s’implantent sur son territoire en leur donnant les moyens de “l’exploiter”, par exemple via des infrastructures ou l’accès au foncier. La cartographie sert ainsi d’outil d’aide à la décision avec une double finalité : permettre aux paysans de vivre de leur activité et aux industriels de travailler. »
… à la recherche…
Flore Guiffault, doctorante à EHESS Paris a fait part de ses recherches actuelles en matière d’implication dans la gestion des risques. Il s’agit autant d’aider les humanitaires à avoir la bonne information pour se préparer et réagir aux désastres que d’apporter de la matière au débat public. À travers quelques outils, elle a invité les participants à mettre la main à la pâte et à dresser par exemple un schéma de priorisation des risques, un arbre des problèmes (avec en racine les causes et en bourgeons les conséquences) puis à établir différentes cartographies de vision, de capacités et de ressources (cacao, coca, coton…) d’un territoire de manière participative avec un simple paperboard et des feutres. Comme quoi géopolitique et vieilles technologies se marient toujours bien, dans l’humanitaire comme ailleurs.
… en passant par la prospective ?
Manuel Galea du laboratoire IRIS invite à prendre un peu de hauteur face aux défaillances connues du système humanitaire dans le cadre du dispositif IARAN (The Inter-Agency Regional Analysts Network). Il propose de passer d’une logique de tactique à une logique de stratégie voire de prospective notamment dans le cadre de la crise migratoire qui impacte actuellement l’Europe. Pour cela il propose une méthodologie basée sur un ensemble de correspondants intégrés aux équipes opérationnelles d’Action contre la faim en lien avec les analystes expérimentés du laboratoire à Paris qui coproduisent ensemble une stratégie et des scénarios en identifiant des « drivers clés ».
Ainsi, il ne s’agit plus seulement de réagir le plus vite possible face à des crises mais bien, par une démarche extrêmement intuitive basée sur l’ensemble des sciences humaines, d’éclairer la stratégie des opérationnels qui n’ont pas toujours le temps de lever la tête du guidon. « Les acteurs de terrain maîtrisent maintenant leur sujet » se félicite Maeve de France, GIS officer de CartONG, qui mesure l’évolution du travail et de l’engagement de l’ensemble de l’écosystème depuis dix ans. Mais la question reste posée au sujet des bailleurs. À quand une vision à moyen-long terme des projets ?
Dématérialisation |
Premiers épisodes de CBI |
Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle série TV. Avec CBI, alias Cash Based Intervention, les réfugiés reçoivent directement sur leur smartphone ou leur carte bleue (à condition d’être équipés), des bons alimentaires dématérialisés. Pour les ONG, cela présente l’avantage d’économiser la logistique, de mieux gérer les problématiques de durée de vie et de conservation des produits et de garder une trace des interventions réalisées. Le programme alimentaire mondial (WPF) s’est donné comme objectif de traiter 20% de ses interventions avec ce dispositif d’ici 2020. |
En passant par Chambéry…
Jusqu’au 14 janvier 2017, ne manquez pas l’exposition « Agrandir le monde, cartes géographiques et livres de voyages » à la médiathèque Jean-Jacques Rousseau. Elle permet notamment de revenir aux fondamentaux : Pourquoi les cartes sont-elles orientées au Nord ?