Covid-19 géolocalisation : L’UE fait appel aux opérateurs téléphoniques
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À la suite d’une réunion avec Thierry Breton lundi 23 mars, huit opérateurs de téléphonie mobile, dont Orange pour la France, ont accepté de partager les données de géolocalisation de leurs abonnés avec l’Union Européenne, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Les données devront être anonymisées, agrégées, et détruites à la fin de la crise, a martelé le contrôleur européen de la protection des données. Dans son courrier, il insiste également sur le fait qu’une telle mesure doit rester exceptionnelle et il invite l’UE à détailler précisément les données qu’elle souhaite récupérer. Il pose enfin la question des utilisateurs de ces bases de données. Si des entreprises privées analysent les données, elles devront être capables d’en assurer la sécurité. Il suggère que seuls des experts autorisés, spécialistes en épidémiologie, en protection des données et en science des données puissent y avoir accès.
Géolocalisation, le Saint-Graal sulfureux de la lutte contre le Covid-19 ?
Ces précautions illustrent les craintes d’un basculement vers une société de surveillance, où les déplacements de chacun seraient suivis à la trace. Mais l’annonce de l’Union Européenne en dit finalement très peu sur l’utilisation envisagée de ces données, qui apparaissent peut-être trop comme l’arme absolue de la lutte contre le virus. En effet, plusieurs États ont utilisé des données de géolocalisation dans la lutte contre l’épidémie comme Taïwan, Israël, la Corée du Sud (voir notre dernière revue de presse)… Mais dans ces cas, ce sont des données non agrégées qui ont été exploitées dès le début de la crise, afin de remonter la chaîne de contamination ou de surveiller le comportement des confinés.
Quelles informations les spécialistes européens pourront-ils tirer de ces bases de données ? En quoi vont-elles permettre de lutter contre le Covid-19 ? D’après un article du Monde, l’Union Européenne souhaite avant tout avoir une meilleure vision de la densité réelle de la population, afin de faire le lien avec les mesures de confinement et de dimensionner l’organisation sanitaire. C’est ainsi entre autres grâce à Flux Vision d’Orange que l’INSEE a pu annoncer que 17 % de la population parisienne était partie se réfugier dans d’autres régions à l’annonce du confinement. Mais l’article du Monde mentionne également la volonté de vérifier, grâce aux données mobiles « si les consignes de confinement sont appliquées ». Dans ce cas, s’il ne s’agit pas de suivi individuel, c’est sans doute une analyse du type de celles menées par Unacast qui est visée.