De GéoGrandEst à DataGrandEst : l’information géographique doit-elle disparaître pour mieux renaître ?
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Plusieurs infrastructures de données géographiques régionales (IDG) tendent à intégrer des missions élargies autour de la data : Occitanie, PACA…. Ainsi, GéoGrandEst est en train de devenir DataGrandEst. Guillaume Ryckelynck et Marie Christine Schott de la Région reviennent sur les enjeux d’un tel changement.
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Comment l’idée a-t-elle émergé ?
Le projet est lié à une conjonction d’éléments. Tout d’abord, nous avons eu un changement d’organisation important avec l’arrivée d’un nouveau DGS en 2018, qui a créé une Délégation à l’Innovation et à la Modernisation de l’Action Publique à laquelle notre service géomatique a été rattaché. Le nouveau délégué, Clément Cambon a une vraie culture de la donnée et nous a poussés à évoluer, tout comme notre Président de Région, très sensible à ces sujets d’acculturation à la donnée. En parallèle, les services de l’État étaient dans la même démarche, ainsi que plusieurs collectivités locales. De plus, le cadre technique régional a évolué. Il a été décidé de migrer les données open data de la Région vers la plateforme GéoGrandEst et de faire évoluer cette dernière pour intégrer de nouvelles fonctionnalités adaptées, dans un principe de mutualisation des moyens, qui est celui que nous prônons dans le cadre de la dynamique régionale. C’est tout le paysage local, national (notamment avec la Loi pour la République Numérique) et européen qui est en train de changer. À nous de prendre le train en route.
Mais la géomatique n’apparaît même plus dans l’organigramme de la Région ?
Oui, et cela n’a pas été facile à vivre. Mais c’est à nous, les géomaticiens que l’on a confié cette mission de gestion et de la valorisation de la donnée au sens large. Nous restons aux manettes et nous sommes les garants du maintien de cette culture des données. Il nous faut accepter d’avancer, de prendre des risques. Les géomaticiens doivent toujours s’adapter, c’est dans notre ADN, on ne peut plus faire de la géomatique comme il y a 15 ans. C’est une tendance de fond.
Est-ce à dire que la géomatique doit disparaître ?
Nous devons voir les problématiques de données au-delà de l’information géographique. C’est la même chose pour l’open data, qui n’est que l’une des parties de la stratégie autour de la donnée. C’est bien ce qui ressort du rapport Bothorel. Nous sommes d’ailleurs étonnés que cette dynamique n’apparaisse pas dans les instances nationales comme le CNIG ou l’Afigéo. Il serait, à notre avis, urgent d’y réfléchir, car nous sommes peut-être en train de louper quelque chose et nous aurons besoin de soutien.
Où en êtes-vous dans l’organisation de cette évolution ?
Le dernier comité de pilotage qui s’est tenu pendant le Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges a voté cette transition à l’unanimité autour de trois grands principes : garder le même modèle de gouvernance, s’ouvrir à un ensemble de données bien plus large et élargir notre réseau de partenaires vers les acteurs de la data, et même vers le privé.
Nous gardons donc la complémentarité entre l’État et la Région pour le financement des services socles (plateforme, référentiels, moyens humains, formation…) avec un appel plus large pour le financement de ce que nous appelons les services complémentaires. Aujourd’hui, il y a 8 départements et 8 agglomérations, mais ce groupe va pouvoir s’étendre. Des acteurs privés pourront ainsi participer aux groupes de travail et au financement de projets comme le PCRS…
Nous avons rédigé de nouveaux documents cadre (charte, convention cadre État/région, modèles de conventions de financements) qui sont en cours de signature. Nous lançons également une étude de cadrage sur cette évolution, car nous n’avons pas encore toutes les réponses, même si nous échangeons beaucoup avec les autres IDG.
Comment entraîner plus de monde à participer ?
Nous souhaitons vraiment mettre la question des usages au cœur de notre positionnement. Nous allons avoir des partenaires moins experts en données. Ce n’est pas leur problème de savoir quels jeux de données alimentant le service qu’ils demandent sont géographiques, lesquels ne le sont pas… il nous faudra mieux valoriser ces cas d’usages, s’en servir pour faire boule de neige, être plus à l’écoute des agglomérations. Cette acculturation à la donnée passera par les usages, nous en sommes convaincus.