De l’eau, des Hommes et de la géomatique
Catégorie: Cartographie, Portraits, Utilisateurs
Maeve de France est à la fois présidente de CartONG et chef de projet chez Veolia Eau. Grand écart ? Certainement pas, pour la géomaticienne qui tient à appuyer sa pratique humanitaire sur un solide savoir technique et thématique.
Entre Paris et l’Irlande, bercée par les cartes et les récits de voyages, Maeve de France se voit avant tout comme une citoyenne du Monde. « Dans le salon, trônait le grand planisphère de quatre mètres de long sur lequel mon père avait noté tous ses voyages » se rappelle-t-elle. Quelques années plus tard, elle retrouve cette même carte (annotations en moins) à l’Institut de géographie de Paris I où elle fait son master Carthageo. Cette tête bien faite (hypokhâgne, double licence en géographique et littérature anglaise…) s’y plaît immédiatement : « J’avais envie d’acquérir un savoir technique, tout en prenant en compte ma culture géographique et en sciences sociales. » Déjà, elle pense à l’humanitaire, mais ne compte pas sur les cursus spécialisés pour arriver à ses fins, car « pour faire de l’humanitaire, il faut s’appuyer sur quelque chose de solide, des compétences professionnelles de terrain, du concret. »
Un premier poste arrivé par surprise
Pourtant, en 2006, dès la fin de son stage de master 2, elle entre chez Veolia Eau en tant qu’ingénieur SIG à la direction technique. Elle avait répondu, sans trop y croire, à une annonce dont elle avait eu vent avant même qu’elle ne soit postée sur GeoRezo. Elle effectue des missions d’expertise, de veille technologique, réalise des cartes à la demande et participe à différents groupes de travail… Depuis un an, elle est devenue chef de projet métier SIG dans le cadre du déploiement d’outils de cartographie web et mobile pour quelque 4 000 agents de terrain. Bien comprendre les besoins des exploitants et les transformer en fonctionnalités SIG, continuer ses missions d’expertise à l’étranger… Tout cela n’éloigne pas Maeve de France de ses rêves d’humanitaire, bien au contraire : « Carthageo m’a apporté la technique, mais pas la thématique sur laquelle l’appuyer. L’eau, les réseaux… Ce sont des problèmes cruciaux dans le monde entier. Mon poste me permet d’apprendre beaucoup. »
Une double vie assumée
Rapidement, la jeune géomaticienne s’installe dans une double vie et devient bénévole pour CartONG, à la suite d’une rencontre avec Yann Rebois, l’un des fondateurs de l’ONG, en 2008. « À l’époque, les seuls bénévoles que comptait l’association s’occupaient de l’organisation du forum GeOnG, à laquelle j’ai participé. Puis j’ai fait une mission de terrain en Côte d’Ivoire sous ma propre responsabilité, et j’ai continué différentes actions de bénévolat. En 2011, l’équipe m’a proposé de prendre la présidence. » La voilà donc avec un pied dans l’humanitaire et l’autre dans les réseaux d’eau et d’assainissement. Une position qui lui convient et que son employeur ne voit pas d’un mauvais œil, bien au contraire. Une position qui lui permet également d’affûter son regard sur les ONG et leur petit monde, loin de tout idéalisme. « J’ai tout de suite apprécié le positionnement de CartONG, qui se concentre sur l’assistance géomatique aux organisations, notamment les plus petites, qui n’ont souvent pas les moyens de développer des compétences SIG en interne. On développe des outils, on forme des équipes. »
Le forum GeOnG, organisé tous les deux ans à Chambéry, double sa participation à chaque édition, signe que le domaine de la géomatique commence à être mieux pris en compte et que les humanitaires apprécient de quitter leurs bureaux genevois pour se former aux bases de données, à la cartographie, aux outils mobiles, etc. Mais il reste encore beaucoup de travail et CartONG ne manque pas de missions, principalement assurées par les cinq salariés de l’association : « Généralement, nous travaillons avec des organisations qui nous apportent les thématiques, nous leur fournissons des prestations de services spécialisées. Mais nous commençons à développer nos propres projets, comme avec le GIS 74, une petite association qui regroupe des pompiers urgentistes qui partent une à deux fois par an à la recherche de corps sous les décombres, lors de gros événements. » Pour répondre aux besoins d’une telle structure, l’équipe s’appuie sur un pool de bénévoles qui travaillent principalement à distance, même si, « à terme, une structure comme la nôtre devrait disparaître une fois que les ONG seront montées en compétences ! »
- GeOnG 2014 se tiendra à l’automne prochain à Chambéry. Suivez ce lien pour suivre l’actualité de CartONG.