Garrigues parties
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Le collectif des garrigues, un réseau qui travaille à une meilleure connaissance des garrigues méditerranéennes, a fait de la cartographie participative l’un de ses axes de travail. Avec succès.
Leur terrain de jeu est vaste : environ un tiers de l’Hérault et près de la moitié du Gard. C’est pour mieux connaître et faire connaître ce milieu trop souvent ignoré que le collectif des garrigues s’est constitué, au fil d’une dizaine d’années d’activités. Un temps porté par une association écologique, il a pris son autonomie en se constituant en association en 2013, et regroupe aujourd’hui plus de quatre cents membres. S’y retrouvent collectivités, associations, particuliers.
Un atlas en construction permanente
« Collectif et garrigues : ces deux mots ont le même poids pour nous » se plaît à rappeler Jacques Arlandis, président de l’association. Ainsi, quand il s’est agi de faire la synthèse de toutes les connaissances acquises sur la garrigue sous forme d’un atlas, ce ne sont pas moins d’une centaine d’auteurs qui ont été mobilisés : scientifiques, mais aussi simples passionnés et amateurs. C’est Yann Schneylin, alors stagiaire du mastère Silat, qui a réalisé une partie des quelque quatre-vingts cartes qui illustrent l’atlas, a constitué les bases de données nécessaires, avant que leur peaufinage ne soit confié à Gilles Bousquet de Terracarta. L’esprit collectif passe également par un fort militantisme pour l’open source. Logiciels, mais aussi articles et photos sont librement réutilisables. Les cartes ont naturellement été constituées sous QGis. Pour exposer ce premier travail et l’enrichir, il est progressivement mis en ligne sur le site www.wikigarrigue.info. Cartogarrigue reprend les cartes sous forme interactive grâce à Lizmap, noyau open source proposé par 3Liz, très bien interfacé avec Qgis. À terme, les couches SIG constituées par le collectif devraient être téléchargeables.
OSM dans la garrigue
Dès 2012, une petite vingtaine de personnes ont découvert OpenStreetMap, présenté par Louis-Julien de la Bouëre à l’occasion d’une première cartopartie organisée à Gignac. « Beaucoup de gens ont répertorié des éléments caractéristiques des garrigues, notamment en termes de petit patrimoine. La cartographie participative nous permet de s’assurer que cette connaissance ne va pas se perdre et qu’elle va alimenter un projet mondial qui est complètement dans notre esprit » résume Jacques Arlandis. Une petite dizaine de rendez-vous plus loin, la méthodologie s’est bien affinée. Le matin, on part sur le terrain en équipes qui comprennent toutes un spécialiste OSM et un spécialiste du coin. On se retrouve ensuite pour déjeuner et discuter avant de « monter » les données dans OSM. Mais il n’est pas simple d’utiliser OSM pour décrire des charbonnières, des capitelles ou des fours à chaux. Tout d’abord, il faut éviter la page blanche, plus souvent verte dans le cas présent. Si les cartoparties sont centrées sur la saisie des points d’intérêt, les contributeurs OSM en profitent pour affiner chemins et occupation du sol, en exploitant par exemple l’orthophotographie régionale mise à disposition par SIG L-R. Un glossaire est en cours de constitution pour décrire précisément les caractéristiques de ces éléments patrimoniaux. Reste à trouver la bonne interface de saisie, et c’est là que le bat blesse. « Les objets que nous voulons saisir ne sont pas des tags OSM connus comme les restaurants ou les arrêts de bus. De plus, nous voulons les qualifier finement. Mais nos participants ne peuvent pas prendre en main JOSM, trop complexe pour eux. Et sur Potlatch, bien plus simple, nous n’avons pas les bonnes icônes » détaille Yann Schneylin. « De plus, les participants ont envie de voir ce qu’ils ont saisi » renchérit Amélie Nespoulous, qui vient de fonder Afilante Cartographie, et participe activement au collectif depuis des années. C’est pourquoi, Cartogarrigue qui présentait plutôt des cartes de synthèse se double progressivement de cartes plus détaillées, mettant en valeur le résultat des cartoparties.
Mais la cartographie participative devient progressivement un sujet à part entière, qui dépasse la problématique garrigues. Elle crée des vocations comme chez ce couple de jeunes retraités qui sont devenus des accros d’OSM, et qui participent désormais à toutes sortes de tâches. Les collectivités sont également demandeuses de formation sur OSM. D’autres projets locaux viennent se greffer sur la plateforme Cartogarrigue, comme la reprise des résultats d’une thèse sur la microtoponymie. Tout pousse dans la garrigue !