Géolocalisation des appels d’urgence : le casse-tête
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Tout change dans le domaine de la géolocalisation des appels d’urgence. Les annuaires inversés, services de réquisition, listes téléphoniques récupérées auprès des opérateurs sont déjà ou seront bientôt obsolètes, désormais remplacés par un système national. En attendant d’y être tous raccordés, c’est la débrouille dans les SDIS pour localiser les appels des téléphones portables.
« Vous êtes où ? » La question, tellement fréquente, nous fait sourire quand c’est notre voisin de métro qui la pose à ses copains au téléphone. Mais elle ne fait pas rire les pompiers, pour qui la localisation précise et rapide des appelants est cruciale. Et ils aimeraient bien ne pas avoir à la poser, cette question ! Pas simple.
Se connecter à la PFLAU
En décembre 2017, tous les services de secours (SAMU, SDIS, police, gendarmerie…) devront être raccordés à la plateforme de localisation des appels d’urgence (alias PFLAU), mise en place par les opérateurs téléphoniques à la suite d’une directive européenne. Ainsi, à chaque appel reçu, l’opérateur pourra obtenir soit directement une adresse postale (adresse de facturation généralement) soit une localisation approximative s’il s’agit d’un mobile. Indépendant des annuaires autrefois collectés par les services, le système localise les numéros sur liste rouge, les appels passant par un central téléphonique et la plupart des appels venant des box Internet. Plus besoin de consulter l’annuaire inversé, même si ce dernier permettait de mieux qualifier certaines adresses. Si le mobile est utilisé à domicile, l’adresse de facturation peut être utilisée comme localisation d’appel, il suffit que l’opérateur confirme que le portable est utilisé à domicile pour valider la position. Si le mobile est utilisé en déplacement, la PFLAU renvoie une localisation approximative, qui semble correspondre à l’extension de couverture de la dernière antenne relais utilisée par le portable. Ainsi, le rayon peut aller de deux à quinze kilomètres selon la densité du réseau, avec des incohérences manifestes, notamment en cas de saturation du réseau, lorsque les appels sont routés par l’antenne qui n’est pas la plus proche. Développée par Wordline, la PFLAU est progressivement intégrée dans les logiciels de gestion des alertes qui assistent les opérateurs. Systel semble être le plus en avance avec déjà une vingtaine de SDIS connectés, mais SIS (Artemis, basé sur Esri) et Intergraph (avec son partenaire Somei) sont également en phase de déploiement du module. Seul Gipsi semble moins proactif.
Une meilleure localisation des mobiles
Comment être plus précis ? Plusieurs SDIS utilisent une interface qui a été développée par les SDIS du Morbihan et du Var fin 2015. Le principe est simple : un SMS contenant un lien Internet est envoyé à l’appelant. Il lui suffit alors de cliquer dessus pour que l’opérateur récupère sa position via le GPS du smartphone. Si l’approche arrange bien les choses, elle a des limites. Il faut une couverture 3G ou 4G, que le téléphone dispose d’un GPS, que ce dernier soit actif (sinon, l’appelant va devoir faire des manipulations dans ses réglages, ce qu’il n’est pas toujours en état de faire quand il appelle les secours) et qu’un abonnement « data » soit activé. « Si le GPS vient d’être allumé, les premières positions envoyées sont grossières, détaille le capitaine Martin Deroide, chef du service des opérations au SDIS du Morbihan, qui a piloté le développement du module avec Loïc Clerget, géomaticien au SDIS du Var. C’est pourquoi la prise d’information dure une trentaine de secondes, afin de récupérer progressivement des coordonnées plus précises. » Le code Javascript activé sur le navigateur du portable envoie également les caractéristiques de l’appareil et la vitesse de déplacement. C’est la plateforme SMS Factor qui est utilisée pour l’envoi des SMS. Pour l’instant, l’interface de l’opérateur est indépendante des plateformes SGA/SGO et active une fenêtre cartographique sous Google Maps. Les créateurs de l’application espèrent bien la faire évoluer afin de pousser des informations vers le portable (des fiches de conseil, afin d’apprendre comment faire un massage cardiaque par exemple) et inversement d’accéder à plus de données du téléphone (niveau de la batterie, débit de données) voire à récupérer d’autres informations (prise en main de la caméra). Il serait intéressant de pouvoir dérouler une conversation sous forme de tchat s’il est impossible de parler (risque terroriste par exemple). L’application va être portée sous OpenStreetMap avec Leaflet et pourrait être proposée en service Web afin de s’intégrer dans les SGA/SGO.
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