No Banner to display

Google, acteur satellitaire

| 15 septembre 2014 | 0 commentaire

Catégorie: 3D, Entreprises, Environnement, Imagerie, Marché, Matériel/GPS, Reportages, Satellite/Spatial

Par Thierry Rousselin, Magellium

 

Avec le rachat de Skybox Imaging, Google se positionne désormais comme un acteur à part entière de l’imagerie satellitaire. Mais que cherche la firme de Mountain View ? Plus d’images ? Plus d’informations ? Plus d’utilisateurs ? Ce qui est sûr, c’est que le paysage satellitaire international se reconfigure.

En septembre 2007, plusieurs blogs géospatiaux, et pas des moindres, titrèrent sur le premier satellite Google Earth à l’occasion du lancement de World View-1. S’étaient-ils trompés, vu le peu d’images WorldView-1 qui ont été intégrées à Google Earth ? Non, ces rêveurs avaient en fait sept ans d’avance. Skysat-2, micro-satellite d’observation (en mode image et vidéo), qui a été lancé le 8 juillet dernier, est bien le premier satellite Google. Car le géant d’Internet a annoncé le rachat de Skybox Imaging, pour quelque 500 millions de dollars, soit environ dix fois la valeur de l’investissement déjà consenti à la date du rachat.

Encore plus d’images…

À première vue, ce rachat va avant tout permettre à Google d’avoir le carburant nécessaire à ses plateformes géospatiales, une analyse largement diffusée dans les médias. En effet, à terme, Skybox Imaging pourrait disposer d’une capacité d’acquisition quotidienne en tout point du Globe, grâce à une constellation de 24 satellites. Mais l’analyse ne peut s’arrêter là, car sur la plupart des zones urbanisées, Google propose des images à bien meilleure résolution que celles offertes par Skybox (90 cm au nadir).

… mais pas que

La presse économique internationale a immédiatement fait remarquer que ce que Google achetait était d’abord des capacités d’analyse (détection de changement, mesure, extraction d’information). Les dirigeants de Skybox Imaging, start-up de la Silicon Valley créée il y a cinq ans, se sont d’ailleurs toujours définis comme une société IT spécialisée en « Big Data & Analytics », ce que l’organisation de la société semble confirmer : deux tiers des personnels ne travaillent pas sur la partie satellite – segment sol. Et même si peu l’ont remarqué, le site web de Skybox Imaging insiste depuis plusieurs mois sur le fait que les outils d’analyse Skybox sont agnostiques en termes de capteurs et d’algorithmes et pourraient ainsi s’adapter à d’autres sources de données. Dès la mi-juillet, Google lançait son service de mise à disposition d’images haute résolution pour les entreprises.

En rachetant Skybox Imaging, Google entre de plain-pied dans l’observation de la Terre 2.0 : images en quasi-temps réel, capacité d’analyse et de surveillance accrue, couplage entre plusieurs capteurs, etc.

En rachetant Skybox Imaging, Google entre de plain-pied dans l’observation de la Terre 2.0 : images en quasi-temps réel, capacité d’analyse et de surveillance accrue, couplage entre plusieurs capteurs, etc.

Encore plus de capteurs

Et sur ce dernier point, côté Google, la multiplication des annonces récentes est impressionnante. Ce sont d’abord les expérimentations de ballons Loon, avec l’objectif de créer un anneau de télécommunications permanentes tout autour du trentième parallèle sud. C’est ensuite le rachat de Titan Aerospace, constructeur de drones solaires dont l’ambition est de faire voler des drones autonomes pour une durée de cinq ans, comprenant une charge utile télécoms et une charge observation de la Terre. La motivation primaire est bien dans les deux cas l’élargissement des zones accessibles à l’Internet. Cependant, les drones auront la capacité d’intervention sur des zones de crise (lorsque les infrastructures de communications au sol sont dégradées), ce qui offrira une complémentarité avec les systèmes satellites existants. Avec un rayon de couverture d’environ 200 km, ces drones pourront être commandés pour rester plusieurs semaines sur une zone d’intérêt. C’est enfin l’annonce d’un investissement dans une possible constellation de 180 satellites de télécommunications en bande Ku qui pourrait être déployée en 2019 (projet porté par WorldVu).

Le rachat de Skybox est un événement parce qu’il s’inscrit dans une logique d’ensemble de disposer de vecteurs et capteurs multiples (spatiaux et aéroportés) et de les utiliser pour toucher la planète entière et pas seulement les pays développés. À ce titre, n’oublions pas que Google est l’un des actionnaires d’O3B (Other Three Billions), la constellation télécom qui s’intéresse de très près aux pays en voie de développement.

Technologie haut de gamme rendue simple d’emploi, puissance financière, rapidité de décision et de déploiement de services tous azimuts, marketing efficace, lobbying mondial… En appliquant les grands principes de leur business à l’observation de la Terre (aérienne ou spatiale), les acteurs de la société de l’information comme Google déstabilisent les acteurs traditionnels, tant institutionnels que commerciaux. Et ce n’est sans doute pas fini.

 

 

 

 

Illustration : 159-reportage-skybox

Légende : En rachetant Skybox Imaging, Google entre de plain-pied dans l’observation de la Terre 2.0 : images en quasi-temps réel, capacité d’analyse et de surveillance accrue, couplage entre plusieurs capteurs, etc.

 

 

Print Friendly, PDF & Email
Signaler un contenu

Laisser un commentaire

No Banner to display

No Banner to display