La loi sur la biodiversité bouscule aussi la géomatique
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La création de l’Agence française pour la biodiversité (AFB), la diffusion en open data de nombreuses données… deux éléments de la loi sur la biodiversité qui concernent de près les géomaticiens.
Destinée à fournir, dès le 1er janvier 2017, un appui technique, financier et scientifique aux politiques de préservation de la biodiversité, l’AFB rassemblera finalement quatre grandes structures : l’ONEMA (qui représente plus de 70% du personnel), l’Agence des aires marines protégées, l’ATEN et la fédération des parcs nationaux.
Des géomaticiens aux quatre coins du pays
Sans revenir sur les absents (l’ONCFS, l’INPN du Muséum d’histoire naturelle), les établissements fondateurs disposent chacun de géomaticiens qui vont constituer une équipe d’une dizaine de personnes réparties entre Brest, Vincennes et Montpellier. Pas facile à gérer, d’autant plus que l’équipe aura également un rôle d’animation auprès d’une communauté bien plus large, notamment celle des géomaticiens travaillant dans les PNR. La mutualisation est pourtant déjà en marche : travail commun sur la formation à distance entre l’ATEN et l’ONEMA, récupération de l’outil cartothèque de l’Agence des aires marines par l’ONEMA…
Des systèmes d’information pas faciles à harmoniser
Mais le nouveau service en charge de la géomatique aura surtout trois systèmes à piloter : le système d’information sur l’eau (SIE), celui sur la nature et les paysages (SINP) et enfin, celui sur les milieux marins (SIMM). Si le premier est en vitesse de croisière depuis longtemps, basé sur un réseau de capteurs et de gestionnaires officiels, le deuxième est encore en pleine constitution grâce aux contributions de multiples acteurs associatifs, locaux, régionaux et nationaux. Quant au troisième, il n’est encore qu’une idée sur le papier. D’autres projets risquent fort de tomber dans l’escarcelle de l’AFB, tel CarHAB, la base de données sur les habitats terrestres, qui continue à prendre du retard malgré des travaux bien avancés sur sa méthodologie de constitution.
Le douloureux sujet de l’open data
Annoncée en grande pompe par Ségolène Royal, la libre diffusion en open data de toutes les données mobilisées dans les études d’impacts, a créé un véritable tsunami dans le petit monde de la biodiversité. Car les données d’observation ne sont diffusées au grand public que de façon agrégée (mailles de 10 km), même si ce sont bien les données brutes qui sont stockées dans la base nationale, à la demande de plusieurs associations naturalistes qui souhaitent préserver leur expertise. Quid ensuite des moyens mis au service de cette stratégie d’open data quand le Muséum peine à financer une simple interface de téléchargement et que CarHAB n’a pas de ligne budgétaire ? Reste enfin la question de l’extension du domaine de l’open data. Lors des études d’impact, plusieurs types de données sont mobilisées : celles produites pour l’occasion mais également référentiels, études antérieures parfois produites par des cabinets privés, données issues de la recherche… Autant de licences et de modèles économiques qu’il va falloir faire cohabiter.
- ONEMA : Office national de l’eau et des milieux aquatiques
- ATEN : Atelier technique des espaces naturels
- ONCFS : Office national de la chasse et de la faune sauvage
- INPN : Inventaire national du patrimoine naturel du Muséum d’histoire naturelle
- PNR : parcs naturels régionaux