La valeur des services écosystémiques en cartes
Catégorie: Données, Environnement, Logiciels, Recherche, Reportages, Secteur public, WebMapping
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Pour faire comprendre à une collectivité qu’un sol nu, cultivé ou arboré n’est pas qu’un manque à gagner en termes d’impôts locaux, tous les moyens sont bons ! Les partenaires du projet italien LIFE SAM4CP ont associé deux approches : la notion de service écosystémique et celle de valeur. Leurs cartes donnent à réfléchir.
L’artificialisation des sols et ses impacts : un sujet essentiel en France comme en Italie
La lutte contre l’étalement urbain et la consommation des terres agricoles est autant d’actualité en Italie qu’en France. Elle se heurte à la pression démographique et à l’éclatement des familles. Alors qu’un observatoire national est en place depuis le début des années 2000, malgré des équivalents de nos SCOT et PLU, les Italiens font le même constat que leurs homologues français : la lutte est rude et pour la gagner, il faut trouver les arguments qui frappent.
Modéliser les services rendus par la nature
La notion de service écosystémique est de plus en plus utilisée pour rendre compte des nombreux impacts de nos actions et de nos aménagements sur l’environnement. Préservation de la biodiversité, amélioration de la qualité des eaux et régulation des crues, piégeage du carbone, promenades qui favorisent notre bien-être… les services rendus par la nature sont nombreux mais difficiles à quantifier, et donc à faire entrer dans un bilan de SCOT ou un quelconque schéma directeur. Pourtant, les algorithmes du logiciel Open source InVEST * proposent une méthode pour mesurer et cartographier 17 de ces services, en s’appuyant essentiellement sur des données d’occupation du sol, des modèles numériques de terrain et des bases hydrologiques pour décrire l’espace. Et plus les données sont précises, plus l’analyse peut se faire à une échelle détaillée.
Donner une valeur à un service
Grâce au projet LIFE SAM4CP, des chercheurs de l’ISPRA (Institut de recherche environnementale), du CREA (recherche en agriculture et économie agricole) et de l’École polytechnique de Turin, accompagnés par leurs partenaires institutionnels (la métropole Turinoise et le CSI piémontais) ont poussé l’analyse un cran plus loin en associant des valeurs monétaires à sept grands services écosystémiques : la séquestration du carbone, la préservation de la biodiversité (en tant qu’habitat), l’érosion du sol et la perturbation du cycle de l’eau, la qualité de l’eau, la production de bois, la production agricole et la pollinisation. « Il nous a fallu plus de deux ans pour rassembler toutes les données nécessaires » insiste Stefano Salata de l’École polytechnique de Turin.
L’approche a d’abord été construite puis testée avec quatre communes de la région de Turin, qui présentent des profils d’urbanisation variés. Si des valeurs moyennes existent pour certains services, c’est aussi en demandant aux habitants ce qu’ils étaient prêts à payer que les chercheurs ont construit leurs modèles. Le projet a permis de produire des cartes détaillées pour chaque modèle, sur la base d’une maille de 5 m de côté. Certaines données ne sont connues qu’à un niveau très grossier (valeurs moyennes agricoles par régions agraires par exemple, coût du relâchement ou de la captation du carbone à l’échelle nationale…) mais d’autres sont plus précises, comme le modèle numérique de terrain ou l’occupation du sol, qui suit la nomenclature Corine Land Cover, nécessaire pour utiliser les algorithmes d’InVEST.
Les services écosystématiques sont en lien direct avec le bien-être humain (document UVED)
Les valeurs issues des sept modèles sont également combinables en un seul « score », via une analyse multicritère. Un score forcément imparfait et critiquable mais qui classe simplement les mailles du vert au rouge en fonction des projets envisagés. Car les sorties des modèles prennent tout leur intérêt une fois confrontées à des projets d’aménagement, à des plans d’urbanisme. « Nous avons ainsi montré tout l’apport de la reconversion d’une friche urbaine dans la reconstruction d’un corridor écologique » explique Carolina Giaimo, de l’École polytechnique de Turin.
Playsoil calcule le coût d’un changement d’occupation du sol en termes de services écosystémiques.
Le projet s’achève fin juin et un module SIG sous QGIS sera remis aux participants, pour qu’ils continuent à regarder autrement leurs choix d’aménagement. Les chercheurs espèrent également qu’il pourra être utilisé par d’autres collectivités. Un module de webmapping grand public, Playsoil, permet de sélectionner un point ou une zone en Italie, de visualiser son profil selon les sept services écosystémiques et de voir le coût (positif ou négatif, en euros par mètre carré et par an) s’il évolue selon quelques scénarios prédéfinis (urbanisation plus ou moins intense, verdissement plus ou moins poussé). À tester !
Pour aller plus loin
- InVEST (Integrated valuation of ecosystem services and tradoeoffs) : à découvrir sous ce lien
- L’Inra et l’Ifsttar ont livré le 8 décembre 2017 une expertise scientifique collective sur l’artificialisation des sols, demandée par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, l’Ademe et le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Les sols sont des ressources non renouvelables et le taux d’artificialisation des sols et figurent, depuis 2015, parmi les « 10 indicateurs de richesse » élaborés par le Gouvernement pour le suivi de ses politiques publiques. Accès au rapport sous ce lien
- Pages du projet Life SAM4CP : http://www.sam4cp.eu/
- Pour tester playsoil : http://www.sam4cp.eu/en/playsoil/
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