L’animation ? Question de culture
Pauline Dumontet est en charge de l’animation à GéoBourgogne, l’infrastructure de données géographiques bourguignonne. Un poste a priori éloigné de ses anciennes activités, au service d’une association culturelle. Rien à voir ? Pas si sûr…
Non, Pauline Dumontet n’est pas une erreur de casting, bien au contraire ! Alors qu’elle avait commencé ses études par l’histoire, elle s’est rapidement orientée vers le tourisme culturel pour continuer par un DESS en culture et multimédia à Arras. « Dès ma licence pro sur le tourisme culturel, j’ai eu quelques cours qui m’ont permis de découvrir les SIG et très vite, je me suis rendu compte que la dimension territoriale m’intéressait. »
Culture et territoire
C’est pourtant bien dans le domaine de la culture qu’elle mène la première partie de sa vie professionnelle, qui la conduite jusqu’à La Grange Rouge pendant cinq ans. Sur cette ancienne ferme du XVIIe siècle au cœur de la Bresse, elle organise diverses manifestations culturelles sur les traditions locales, qu’il s’agisse de cuisine, de patrimoine, de musique ou de danse. Mais les actions de l’association ne se limitent pas à l’animation d’un lieu et les bénévoles interviennent dans les collèges, ainsi que dans tout le territoire bressan. « Même si l’aventure était très intéressante, je savais que mon emploi allait être difficile à pérenniser et je voulais découvrir d’autres domaines d’activité. » De plus, étant elle-même danseuse, Pauline n’arrive plus à profiter de ses loisirs, ayant trop souvent l’impression « de faire des relations publiques ».
Reconversion réussie
La jeune femme n’a pas oublié la géomatique et prend le temps de découvrir le quotidien d’un ami géomaticien avant de se lancer dans une formation en alternance sur les SIG (DESU à l’université de Paris 8). « Ensuite, j’ai fait des petites missions pour la DRAC et la DREAL en Bourgogne, avant de découvrir l’annonce publiée par GéoBourgogne en 2012. » Timing parfait et profil idéal pour cette trentenaire, désormais jeune maman. Elle peut ainsi conjuguer sa connaissance d’un domaine technique, sa pratique affirmée des arcanes de l’animation et son attachement à sa terre natale, même si elle garde une petite nostalgie pour les gens du Nord qu’elle a découverts pendant son DESS.
Entre différence et permanence
« Je suis très contente de ce nouveau poste. Il me permet de passer de l’échelle locale à une échelle plus régionale. Le fait de travailler pour des professionnels est également très intéressant. Je ne travaille pas pour un hypothétique public mais pour des gens et des organismes qui ont de vrais besoins. » Même si Pauline sait que tous les ayants droit ne s’expriment pas autant qu’ils le devraient et que la notion même de « besoin » n’est jamais totalement clarifiée, elle apprécie de participer à des processus structurants pour les territoires. « De plus, je suis arrivée dans un dispositif déjà bien organisé. J’y ai trouvé des acteurs locaux, régionaux, nationaux… tous mobilisés autour d’un esprit de partage. Cela évite de se battre seule contre des moulins à vent. J’ai vraiment été très bien accueillie. » C’est elle qui a accompagné le groupement de commandes pour la production d’une orthophotographie et d’un modèle numérique de terrain à très haute résolution. Collectivités locales, État, Europe et région ont réussi à mutualiser leurs moyens et à se mettre d’accord sur un cahier des charges qui a abouti à des bases aujourd’hui librement exploitables par tous.
Animer les groupes de travail, organiser les formations et les réunions, monter de nouveaux projets, assurer la gestion administrative des actions entreprises, lancer des actions de communication et d’information… Pour mener à bien toutes ces activités, Pauline Dumontet mobilise autant ses savoirs géomatiques que d’animation. « Ce que j’ai fait avant m’aide à avoir une vision globale des problématiques, à les mettre en perspective. Car finalement, les jeux d’acteurs et les enjeux sont un peu les mêmes. Comme à la Grange Rouge, je suis en contact avec des directeurs, des responsables politiques et des individus qui ont chacun leur position. Et qu’il s’agisse de défendre un investissement de 100 € sur un budget modeste ou 10 000 € sur un budget plus important, le combat est le même ! » Car Pauline Dumontet s’est rapidement rendu compte que le plus important est de créer du lien, de permettre à des gens de se rencontrer et d’échanger autour de l’objet technique qu’est l’information géographique. Lien qu’elle retrouve avec plaisir avec ses anciens collègues quand elle retourne à ses cours de danse !