Le BIM jette des ponts entre les SIG, la CAO et la visualisation 3D
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Il y avait forte affluence au dernier salon BIM World, qui s’est tenu les 28 et 29 mars à la Défense. Les grands aménageurs et constructeurs y côtoyaient les sociétés de services et les éditeurs de tous poils. Au-delà des petites phrases chocs et des beaux discours autour du BIM, (Building Information Management), les exposants ont eu à cœur de proposer des solutions pour avancer concrètement, en jetant des ponts entre les nombreuses technologies concernées par le BIM.
Bien sûr, il y a les IFC mais il faut bien avouer que faire du BIM, pour la majorité des exposants à BIM World 2018, ça consiste avant tout à « faire du Revit ». Être capable de lire, d’écrire, de transformer, de digérer le format Autodesk est devenu le signe distinctif d’une solution BIM. Car le BIM continue à assembler des solutions éparses, allant de la conception à la maintenance de bâtiments, d’infrastructures ou d’environnements complexes.
Rapprochements concrets
Depuis novembre dernier, Esri et Autodesk ont choisi de se rapprocher pour associer leurs gammes, grâce à un partenariat stratégique. Les deux éditeurs avancent désormais main dans la main. Autodesk a annoncé l’abandon de son offre Infrastructure Map Server (anciennement MapGuide) tandis qu’ArcGIS saura dès juillet lire directement un fichier Revit. « Aujourd’hui, les prototypes et les versions beta sortent » se félicite Lionel Henry, qui a rejoint l’équipe d’Esri France en janvier en tant que BIM & 3D Business Development Manager. En attendant la nouvelle version d’ArcGis, une vidéo explique comment les échanges se passent. Ouvrir un document Revit dans ArcGis, récupérer un fichier ArcGis dans Infraworks ou Revit, associer les deux visions au sein du Dashborad Esri, effectuer des géotraitements, géolocaliser et décrire un lampadaire avec ArcGIS Collector et l’intégrer directement dans la base Revit, etc. : « Le contenu est essentiel mais le contexte est primordial » se plaît à résumer Lionel Henry.
Même s’il est un partenaire historique de l’éditeur de SIG, GEOMAP-IMAGIS a fait le choix de construire sa propre plateforme d’intégration, baptisée Real World 4D, et présentée pour la première fois lors de BIM World. En s’appuyant sur un code objet unique et en exploitant une base Mongo DB à cause des volumes générés, GEOMAP-IMAGIS rassemble tous les éléments de la maquette numérique dans un environnement unifié : CAO/DAO, SIG avec Esri et les applications « maison » de Facility Management, mais également maintenance avec les logiciels de Carl Software. Un ensemble de fonctions spécifiques à la gestion en mode BIM et différentes vues sont alors possibles : 3D grâce à un nouveau viewer, mais également 2D quand le volume n’est pas nécessaire.
Le BIM au-delà des écrans
Même si les maquettes numériques ne sont que la partie émergée de l’iceberg du BIM, elles occupaient une bonne partie des stands, et se manipulent désormais sous bien des formes.
Chez Bionatics, les maquettes numériques territoriales, intégrant données SIG et Sketchup, sont plus faciles à diffuser sur le web. L’éditeur présentait également sur une grande table tactile une partie des travaux réalisés avec l’Union nationale des aménageurs et avec la métropole de Chartres. « La maquette 3D devient l’outil d’intégration de données et de partage entre partenaires, » se félicite Stéphane Gourgout, directeur commercial et marketing de Bionatics.
Avec une quarantaine de projets modélisés, à des stades de réalisation très différents, la métropole de Chartes a fait de la maquette numérique l’un des fers de lance de sa communication à tous les niveaux.
Profitant du renouveau des casques et des lunettes de réalité virtuelle, des dispositifs immersifs bon marché étaient à l’honneur cette année. Kubity s’occupe de la partie préparation des données, afin que des fichiers Sketchup et Revit puissent être exploités par n’importe quelle application de réalité virtuelle : tablette, smartphone, lunettes ou casque plus ou moins sophistiqué. L’entreprise propose un plug-in pour lancer la fabrication des fichiers optimisés directement dans son logiciel de conception.
Chez NextBIM, ce sont des casques Microsoft HoloLens qui permettent de naviguer dans la maquette en mode immersif ou de collaborer autour d’une table virtuelle. Avec le BIMscreen, BTP Consultant, fait tout tenir dans une valise : les lunettes, l’iPad et le rétroprojecteur, facilitant ainsi l’installation d’une solution mobile de revue de projet BIM en immersion.
De façon générale, si les casques offrent une expérience de navigation saisissante, ils restent lourds à porter et assez pauvres en termes de fonctionnalités liées au BIM : interrogation des bases de données, annotations, mesures… restent souvent laborieux. C’est pourquoi Romain Nicolas, de Vinci Construction a pris soin de bien définir quelles fonctions devaient être accessibles pour la réalisation d’une plateforme de réalité virtuelle sur le percement d’un important tunnel. Terrain, géologie, tassements, avancement de la machine, réseaux… c’est un véritable outil de navigation dans le chantier en cours que peuvent partager les différents intervenants de l’opération. « La technologie des jeux vidéo nous fait entrer dans la réalité du projet » conclut le directeur technique adjoint de Vinci construction.
Le rétro-chantier BIM de la SNCF |
3 000 gares, 30 000 km de voies, 2 milliards de passagers par an, 260 000 collaborateurs… introduire le BIM dans une telle organisation est forcément complexe.Depuis plusieurs années, des tests et des POC (preuves de concepts) ont été menés. Aujourd’hui, les différentes divisions de la SNCF s’engagent plus à fond et un vaste plan BIM est en cours de déploiement. Ainsi, dans le projet de réaménagement d’Ordener, une friche industrielle de trois hectares coincée entre les voies de la gare du Nord et de la gare de l’Est, une charte BIM a été mise en place en partenariat avec le CSTB, ainsi que différents outils logiciels. Côté réseau, c’est avec le projet Éole de prolongement du RER E vers l’Ouest que sera mis en place le premier « jumeau numérique » opérationnel. Mais presque tous les projets doivent faire face à une problématique commune : un patrimoine ancien qu’il faut numériser et faire entrer dans un processus de « rétroBIM ». Car les fermetures et les réhabilitations sont, ici comme ailleurs, plus fréquentes que les créations ex-nihilo. « Or, souligne Benoit Landes, préfigurateur BIM à SNCF Réseaux, il y a encore beaucoup d’inconnues sur le rétroBIM. On n’en connaît pas encore la faisabilité économique ». Numériser tout son patrimoine de façon à le rendre BIM « ready » ? Un enjeu très éloigné des questions de connecteurs entre SIG et CAO à la SNCF, et beaucoup plus onéreux. |