Le Havre : quand 3D et BIM font bon ménage
Catégorie: 3D, Cadastre, Cartographie, Données, Reportages, Secteur public, Utilisateurs
La 3D est une histoire ancienne au Havre. Dès 2001, la ville s’est constitué une maquette complète, avec texturation photo réaliste des bâtiments. Aujourd’hui, l’heure est à son extension à l’ensemble de l’agglomération et au développement des liens entre le SIG et la 3D.
« La 3D doit être un outil de vérité » tient à rappeler Patrick Morinat, directeur général adjoint aux grands projets, à l’aménagement urbain et à la prospective du Havre. Pour disposer d’une maquette irréprochable, la ville a mis les moyens. Une restitution photogrammétrique à partir d’une prise de vue à 40 cm de résolution, une texturation de plus de 65 000 façades grâce à des photos prises au sol. Il a fallu quatre ans pour disposer de l’ensemble de la ville, mais l’investissement a vite été rentabilisé. « La restitution photogrammétrique nous a coûté 60 000 euros. Mais le simple fait de fournir le modèle 3D aux bureaux d’études chargés de réaliser des films sur deux grands projets nous a permis de rentrer dans nos frais », rappelle Anthony Guérout, aujourd’hui responsable du service SIGU*.
3D multi-usages
Si la communication reste un des usages importants de la 3D, cette dernière s’est progressivement imposée comme un outil technique indispensable : insertion dans leur site de projets afin d’en valider les dimensions, analyse des ombres portées et des intervisibilités dans une ville où la vue sur l’océan est un critère important, mais également calcul de la surface des toits terrasses afin d’évaluer leur potentiel pour installer des panneaux photovoltaïques…
De la 3D au BIM*
Cette appropriation par les équipes techniques est également due au lien que la 3D a créé entre le SIG et la DAO. Ainsi la ville et l’agglomération disposent d’une soixantaine de licences ArcGIS et utilisent la plateforme Esri pour l’intranet et l’Internet géographique. Côté DAO, ce sont quelque quatre-vingt-dix licences Autodesk (principalement AutoCAD Map) qui sont utilisées. Tout en restant chacun dans son monde, la mise en place d’un modèle de données « intelligent » a permis de faire le lien entre les deux univers et d’entamer une démarche de type BIM. Sous AutoCAD Map et désormais sous InfraWorks, les concepteurs (de bâtiments, d’infrastructures, de tous types de projets urbains) ne se contentent pas de créer des blocs graphiques, ils doivent renseigner les tronçons de voirie ou de réseau, les éléments de bâtiments alimentant ainsi une base Oracle partagée avec le SIG. Le passage par une base de données centralisée permet également de fournir des couches SIG aux dessinateurs, telles que la photographie aérienne ou le cadastre. Désormais, les plans topographiques sont remontés en base de données même si perdurent parfois deux représentations d’un même objet (par exemple, les candélabres) avec des précisions de positionnement différent.
Si une telle approche présente de multiples avantages, elle a aussi quelques inconvénients, notamment en termes d’inflation de couches d’informations. Du coup, la maquette n’est pas distribuée aussi largement qu’elle le devrait, et n’est visible par les citoyens que lors de réunions d’information ou de concertation ponctuelles. Cependant Patrick Morinat aimerait aller plus loin dans l’utilisation de la maquette pour la conception, voire pour la co-construction commune de projets avec les habitants. « La 3D donne une image positive et moderne d’une ville trop souvent vue comme une ville industrielle. Adhérer à un projet de territoire, c’est aussi adhérer à un rêve, et c’est plus facile en 3D, mais on ne doit pas mentir, et les maquettes doivent êtres bien validées. » Reste à trouver les outils qui facilitent cette participation citoyenne autour de la maquette 3D. Sur ce point, tout reste à faire…
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La maquette en chiffres
- 60 km² couverts
- 65 661 bâtiments
- 23 646 arbres
- 300 projets traités en 3D depuis 2001
* SIGU : système d’information géographique urbain
* BIM : le building information modeling s’est peu à peu imposé dans le domaine de l’architecture et de la construction. Il consiste à enrichir le modèle des données graphiques 3D par différents attributs, qui vont permettre d’utiliser les mêmes sources d’information tout au long de la vie d’un projet. Ainsi, un modèle dessiné en phase de pré-conception pourra être exploité jusqu’à la gestion, même s’il est affiné au cours du temps et exploité par différents logiciels. Ce type de démarche commence à se répandre dans le domaine des infrastructures et intéresse désormais les collectivités locales.