Un cartographe moderne : Léonard de Vinci
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Ingénieur, peintre, sculpteur, passionné d’anatomie comme de mécanique, de géométrie et de biologie… Léonard de Vinci fut également un cartographe visionnaire. La célébration du cinq centième anniversaire de sa mort est l’occasion de le rappeler.
Léonard de Vinci, un génie cartographique ? Même si ces travaux ont avant tout été menés dans le cadre de ses activités d’ingénieur, et même s’il s’est appuyé sur un corpus technique et scientifique existant, Léonard de Vinci semble bien avoir eu un rôle clé dans l’émergence de la cartographie moderne.
D’Imola au monde
Sa carte d’Imola, la ville fortifiée où il résida quand il était au service de César Borgia à Florence est l’exemple le plus connu de ses travaux cartographiques. Réalisée en 1502, alors qu’il avait 50 ans, elle ressemble plus à une carte du XVIIIe siècle qu’aux vues obliques qui étaient en vogue à l’époque.
Comment la réalisa-t-il ? Boussole, compas, odomètre… Il mobilisa sans doute toutes les techniques de topographie qu’il maîtrisait déjà pour produire le plan de la ville. Car n’oublions pas que c’était en tant qu’ingénieur civil et militaire que César Borgia avait fait appel à lui. Même si les spécialistes discutent encore pour savoir s’il s’est également appuyé sur un ancien plan ou uniquement sur des relevés de terrain, la carte d’Imola n’en reste pas moins exceptionnelle de précision, tout en gardant une dimension artistique par sa mise en page.
Cette carte n’est cependant que l’une des réalisations du génie de la Renaissance, qui cartographia la Toscane sous toutes ses coutures en vue de son aménagement. Sa carte du Valdichiana, qui bouscule les codes de l’orientation pour représenter un système hydrographique cohérent (avec rendu du relief) a inspiré de nombreux cartographes. Un planisphère (mentionnant l’Amérique) basé sur une projection originale a également été retrouvé dans ses archives. Là encore, les spécialistes discutent pour savoir s’il en est bien l’auteur.
Lors du congrès international des géomètres de 2010, Brian Blevins lui a rendu un vibrant hommage : « À ses yeux, le peintre, le naturaliste et le géomètre n’étaient que les trois faces d’un même esprit curieux. […] Ce fut un géomètre et un cartographe extraordinaires, il était l’un des nôtres. C’était un maître de la Terre. »