Mappy sera-t-il votre prochain assistant personnel de déplacement de confiance ?
Catégorie: Cartographie, Données, Entreprises, Grand public, Logiciels, Marché, Mobilité, Reportages, Réseaux/Transports, WebMapping
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Aujourd’hui filiale de SoLocal (Également propriétaire de Pages Jaunes), Mappy propose des calculs d’itinéraires et des cartes en ligne depuis trente ans. Comment exister aujourd’hui dans un univers dominé par des géants comme Google ? En pleine semaine de la mobilité, Bruno Dachary, directeur général, nous explique son positionnement et sa vision.
Mappy a lancé son premier service de calcul d’itinéraire sous le nom d’iTi sur Minitel en 1987, c’était alors une filiale de Wanadoo, elle-même filiale de la Poste. Où en est l’entreprise aujourd’hui ?
Mappy se porte bien. Nous avons une équipe d’une centaine de collaborateurs, dont les deux tiers ont une formation en développement, cartographie ou géomatique. Notre chiffre d’affaires croît régulièrement depuis cinq ans et nous enregistrons environ un million de visites par jour, un peu plus en été. Mais depuis notre création, nous avons beaucoup évolué. Nous avons pris le virage du multimodal sur notre application mobile il y a deux ans, et depuis un an sur le Web. Même si 70 % des visiteurs calculent encore des itinéraires longue distance pour voiture, notre savoir-faire historique, la part des recherches plus urbaines et multimodales ne cesse d’augmenter. Aujourd’hui, nous proposons du calcul d’itinéraires en avion, en train, en voiture, en VTC, en Covoiturage, en transports en commun, en scooter, en moto, en vélo personnel ou en libre-service, à pied…
Comment mixer toutes ces données pour fournir un itinéraire pertinent de bout en bout ?
Cela implique d’avoir de solides algorithmes, de disposer d’une bonne plateforme géospatiale et de dominer les données temps réel. Côté algorithmes, nous avons fait tous nos développements en interne, mais nous collaborons régulièrement avec des chercheurs de l’IFSTTAR par exemple. Côté données, nous avons un partenariat de longue date avec TomTom qui nous fournit les fonds de cartes ainsi que des données historiques et temps réel sur les tronçons routiers. Nous participons également aux travaux qui se font depuis un an sous l’égide du Premier Ministre afin de pouvoir récupérer facilement les données temps réel sur les transports en commun des collectivités. La nouvelle loi d’orientation sur les mobilités nous conforte dans cette approche d’une plateforme commune aux différents opérateurs de transport. Dans le cas de requêtes sur des longs trajets, nos algorithmes associent les données temps réel sur la première partie, puis historiques pour les parties plus éloignées, le calcul étant rafraîchi au fur et à mesure du trajet dans notre service de navigation.
Quel est aujourd’hui le modèle économique de Mappy et que pensez-vous du rapprochement de Waze avec les collectivités ?
Aujourd’hui, notre principale source de revenus vient du relais des annonces de Pages Jaunes sur Mappy, mais nous avons également des publicités et des partenariats avec des hôtels, BlaBlaCar, etc. qui nous reversent des royalties.
Notre équipe de Data Science travaille elle aussi avec les collectivités. En utilisant les flux de déplacements captés par nos applications, nous pouvons reconstruire des itinéraires et analyser les conséquences d’un changement de sens dans une rue, d’un réaménagement de carrefour… Par exemple, quand les quais du pont de Sèvre à Boulogne Billancourt ont été fermés à cause des travaux du Grand Paris Express, Issy-les-Moulineaux craignait d’être envahie à cause des itinéraires alternatifs. Nous avons pu analyser rapidement la situation et voir qu’il n’en était rien. Les collectivités apprécient de travailler sur ces sujets avec un acteur français.
Aujourd’hui, tout le monde parle de MaaS, de « Mobility as a service ». Est-ce que demain, je vais pouvoir, sur mon smartphone, calculer un itinéraire en débarquant Gare de Part-Dieu pour aller en banlieue qui associera transports en commun et vélo en libre-service, payer mon trajet et recevoir le code nécessaire pour prendre un vélo sans me soucier de m’inscrire à l’avance ou de télécharger une nouvelle application ?
C’est clairement le sens de l’histoire et nous y travaillons, mais cela implique de mettre beaucoup d’acteurs autour de la table, de proposer des applications qui mettront très simplement en scène des fonctions complexes et d’imposer des tiers de confiance. Aujourd’hui, nous en sommes au stade des expérimentations. Nous devrons également inclure la voiture autonome dans l’équation, qui sera un service de déplacement supplémentaire. J’espère que d’ici cinq ans nous aurons un écosystème structuré. Reste à savoir quels seront les acteurs qui domineront le marché. J’espère qu’ils ne seront pas tous américains !