Pokémon : géo à gogo !
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Vous n’y avez certainement pas échappé ! La nouvelle application, celle qui a occupé la sphère médiatique une bonne partie de l’été, qui a envahi les réseaux sociaux et qui a réjoui les investisseurs ne saurait exister sans géolocalisation. Anatomie d’une géo-innovation.
À moins d’un séjour prolongé dans les steppes de Sibérie, vous avez au moins entendu parler de Pokémon Go. Peut-être avez-vous succombé à l’appel des Pikachu, espérant dénicher un Artikodin dans votre quartier ? Comme des millions de jeunes (et de moins jeunes), vous vous êtes mis à déambuler dans les rues, smartphone en main, en quête d’un monstre virtuel à capturer et à dresser ? Même si l’heure est aux querelles de chiffres, Pokémon Go restera longtemps en tête de la liste des applications les plus téléchargées lors de sa sortie.
Un savant recyclage
Comme souvent, la nouveauté n’est pas si nouvelle que cela. Les Pokémon par exemple, ont connu leur heure de gloire à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Les technologies mobilisées exploitent des composants désormais « classiques » des smartphones : appareil photo, GPS, boussole… assurent le guidage des joueurs et leur interaction avec les créatures virtuelles. La base même du scénario (rechercher des objets virtuels dans le monde réel, en s’appuyant sur des plans interactifs, puis signifier à l’application que ces objets virtuels ont bien été repérés) est la même que celle d’Ingress, un jeu qui compte quelque dix millions d’adeptes dans le monde.
Et ce n’est pas un hasard car le créateur d’Ingress n’est autre que John Hanke, le fondateur de Niantic (et l’un des ex-fondateurs de Keyhole, racheté à l’époque par Google pour créer Google Earth), l’éditeur de Pokémon Go. C’est d’ailleurs en grande partie la base de données des lieux remarquables constituée par les joueurs d’Ingress qui sert de base à celle des Poké Stops et des arènes, où les joueurs de Pokémon Go peuvent renforcer leurs capacités. Quant aux créatures virtuelles, elles apparaissent dans des lieux compatibles avec leurs caractéristiques (présence d’eau pour les Pokémon eau…), exploitant des données d’occupation du sol.
Le cocktail ne serait pas parfait sans sa petite dose de hasard : car Pokémon Go avait été annoncé par Google en 2014 à l’occasion des canulars du 1er avril !
Résumons : un public acquis (les fans de Pokémon sont désormais tous en âge d’avoir un smartphone), des technologies matures (géolocalisation et GPS), un créateur à la fois agile, puissant et persévérant (Niantic fonctionne comme une start-up tout en étant dans la galaxie Google, ce qui lui a permis de lever les fonds nécessaires et de signer un partenariat avec Nintendo et The Pokemon Company), une sortie au bon moment (c’est l’été, prenons l’air), des tas d’arguments marketing bien ficelés (non, le virtuel n’enferme pas, au contraire, il permet de faire de l’exercice, de rencontrer des copains, de redécouvrir sa ville…)… Voilà sans conteste un bel exemple de géo-innovation de rupture, qui n’a pas fini de faire couler de l’encre !
La suite :
Dans la rue, cet été :
– Vous avez l’air perdu, je peux vous aider ?
– Oui, il y a un Pikachu dans le coin, vous pouvez me dire où il est ?