Portail, c’est parfois lourd à porter
Catégorie: Décalagéo, Données, Grand public, Institutions
Publier les données de ses partenaires n’est pas une activité de tout repos, comme s’en est rendu compte l’IGN sur son Géoportail. Entre la bûche et le champagne des fêtes de fin d’année, l’affaire est passée presqu’inaperçue même si elle a fait l’objet d’un article dans Le Canard Enchaîné. Il faut dire que depuis, le palmipède a trouvé d’autres chats à fouetter !
Reprenons. Le 20 décembre, l’IGN publie une nouvelle couche de données sur le Géoportail : les restrictions d’usages pour le vol des drones de loisirs. Une initiative qui évitera les ennuis aux télépilotes au moment d’étrenner leur nouveau jouet. Avec 70 000 visites en trois semaines, c’est un succès. Seulement voilà, un petit malin s’est rendu compte qu’il manquait quelques restrictions à la carte, et non des moindres, celles liées à certaines antennes militaires et de la DGSE, a priori pourtant bien visibles dans le paysage. Et qui accuse-t-on de négligence ? L’IGN bien sûr ! Franchement injuste puisque l’établissement n’a fait que publier la couche envoyée par la DGAC*, responsable de ce type d’information et partenaire « d’autorité » s’il en est. Et que répond la DGAC ? « Les interdictions et restrictions d’usage des drones présentées sur cette carte sont conformes à la règlementation en vigueur. Il s’agit d’un outil d’information qui ne dispense pas de connaître les bases réglementaires élémentaires avant d’utiliser son drone (informations disponibles sur notre site Internet). Ainsi, cette carte ne se substitue pas au régime juridique de défense et de protection des zones militaires protégées et hautement sensibles. » Bref, lavage de mains collectif sur un air de « nul n’est censé ignorer la loi, etc. ». Comment peut-on expliquer aux autorités cartographiques de notre beau pays que ce type de fonctionnement est en complet décalage avec la réalité d’une diffusion élargie d’informations ? Si nos impôts financent le Géoportail, c’est bien pour qu’il rassemble en un point toutes les données nécessaires à telle ou telle analyse. Si une couche « officielle » s’appelle « interdictions et restrictions d’usage », l’internaute n’est pas censé vérifier qu’il s’agit bien de toutes les interdictions et de toutes les restrictions. « Autorité », ça ne veut pas dire qu’on est autorisé à prendre les internautes pour des gogos.