Quand l’APUR imaginait Paris en 3D
Catégorie: 3D, Données, Institutions, Les cartes du mois, Logiciels
À l’occasion de son cinquantième anniversaire, l’APUR a ressorti des tiroirs des dizaines de documents qui illustrent la façon dont s’est imaginé « Paris et le Grand Paris depuis 1967 ». Bien sûr, les cartes y ont toute leur place, et parfois même en 3D.
En 1975, la petite équipe « graphique » de l’Agence parisienne d’urbanisme (APUR) croyait déjà fermement à la 3D. Alors que la banque de données urbaine (BDU) montait en puissance, elle se lance dans une synthèse de l’état de l’art et décide de développer son propre « programme d’aide à la conception de la volumétrie urbaine », baptisé BALSA.
Un travail de précurseurs
Imaginé avec le secrétariat à la recherche architecturale, BALSA doit s’appuyer sur une console CDC Digigraphic de l’IRT (Institut de Recherche des Transports). Représenter les bâtiments en 3D, naviguer (zooms), éditer des perspectives à différentes échelles et altitude et même faire quelques retouches… Si BALSA ne propose qu’une vision « filaire » et mode « boîtes à chaussures », il est résolument novateur. Des tests sont effectués avec ICOREM (société d’économie mixte dédiée à l’information géographique créée en 1971 par la ville de Marseille qui développera CARINE) sur quelques grands projets en cours : Les Halles, la gare de Lyon, les voies sur berges, le réaménagement de La Villette et de l’École Polytechnique. Il est intéressant de noter que les grands arguments actuels de la 3D sont déjà bien présents : permettre au piéton de découvrir les aménagements avant leur construction, étudier différents scénarios, valider la visibilité de certains bâtiments (Saint-Eustache par exemple).
Mais il faut attendre la page 92 d’un rapport qui en comprend 106 pour que le lien entre représentation 3D et banque de données urbaine soit envisagé. « Il serait trop restrictif de limiter l’outil graphique conversationnel au domaine que nous venons de décrire : la manipulation et la représentation graphique d’éléments physiques. Ce nouvel outil informatique peut notamment servir de moyen de communication auxiliaire pour d’autres applications en particulier pour la gestion et l’interrogation d’une banque des données telle celle mise en place à l’APUR. […] L’utilisation systématique du graphisme, tant pour poser une question que recevoir une réponse, donnera dorénavant à l’utilisation de la BDU un atout supplémentaire d’exploitation. » Pour constituer la base de données parisienne, des tests sont également réalisés avec l’IGN et ICOREM, en s’appuyant sur les relevés parcellaires et les photographies aériennes afin de reconstituer les volumes. Bien trop en avance, BALSA ne verra jamais le jour. Mais certaines phrases du rapport sont toujours d’actualité.
– Recherche sur le graphisme automatique appliqué à la conception et à la représentation des projets d’architecture et d’urbanisme (1975). Lien direct vers le document sous ce lien.