Quand les traces causent bien du tracas… aux militaires
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Décidément, les traces laissées par nos applications géolocalisées causent bien du tracas. Cette fois, ce sont les militaires américains qui s’inquiètent de ce que révèle la dernière carte interactive proposée par Strava.
Prenez un GPS, faites fondre dans une application, ajoutez un bracelet connecté, une touche de réseau social, mixez le tout dans une superbe carte, et vous obtenez… un cocktail explosif qui en dit long sur les installations militaires des États-Unis dans le monde.
1 milliard de traces GPS
Depuis novembre 2017, Strava, l’application de suivi de ses exploits sportifs aux 27 millions d’utilisateurs, met en ligne une nouvelle version de sa carte mondiale interactive du milliard de traces laissées par ses clients. Grâce à Mapbox, la présentation est élégante et tisse une fine toile de courses à pied ou à vélo sur une bonne partie du monde, enfin celle où les smartphones et le jogging sont répandus.
Et quelques pépites
Mais pour un observateur attentif comme Nathan Ruser, il y a également des traces dans des endroits déserts, peu fréquentés, voir peu fréquentables. Et c’est ainsi que plusieurs bases militaires sont cartographiées, principalement américaines, ou leur emplacement confirmé grâce à une activité anormalement intense des porteurs d’application. Des mouvements de troupes, des rondes… tout le petit monde des chercheurs d’or numérique s’en donne à cœur joie pour dénicher la pépite qui à de quoi énerver les services secrets et généraux de tous bords. Il faut dire qu’aux États-Unis, les autorités militaires ont même acheté à leurs troupes quelque 2 500 bracelets connectés afin de lutter contre l’obésité !
La presse s’insurge contre ces têtes écervelées qui ont oublié de régler les paramètres de confidentialité et de définir des zones privées quand ils vont se détendre les jambes au fin fond de l’Afghanistan ! Alors que l’affaire gronde depuis plusieurs jours, Strava n’a pas retiré sa carte, preuve que l’entreprise ne se sent pas fautive dans cette affaire. Son CEO, James Quarles, vient seulement d’annoncer qu’il allait mieux présenter les options de confidentialité dans l’application. On comprend qu’il ne se soit pas précipité, car le partage est au cœur même des applications de suivi d’activité et de « quantified self ». Le site de Strava regorge d’arguments pour échanger ses parcours, les montrer aux autres, se lancer des défis à distance, afin de renforcer sa propre motivation. « Quand je m’examine, je m’inquiète, mais quand je me compare, je me rassure » disait Talleyrand. Désormais, chacun va devoir concilier ce désir irrépressible de comparaison avec son souci de confidentialité. Individuellement et collectivement.