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Sur la route de la démocratie participative

| 14 octobre 2015 | 0 commentaire

Catégorie: Portraits, Secteur public, Utilisateurs

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© Marco Castro

Jeune trentenaire ayant choisi de vivre dans le Limousin, Armel Le Coz s’est fait connaître lors de son tour des candidats et des maires de France. Sac au dos, il a sillonné pendant six mois routes et villages pour rencontrer celles et ceux qui souhaitent expérimenter d’autres formes de la démocratie. Aujourd’hui, il les aide dans leur démarche et n’oublie pas que la cartographie peut être une aide précieuse.

Même s’il a été formé au design dans les meilleures écoles, ne comptez pas sur Armel Le Coz pour concevoir un couteau, un sac ou un appareil ménager. « Je n’avais pas envie de participer à la société de la surconsommation en imaginant des produits qui se vendent mieux. » Déjà résistant à l’ordre établi et à « une société où l’on délègue tous nos pouvoirs », le jeune designer décide rapidement de mettre son savoir-faire au service de la conception de services et de politiques publiques. Il collabore avec la FING, avec la 27e région et lance son premier site, Parlement&Citoyens, car il sent bien que le numérique peut être utile pour rénover la démocratie.

L’aventure démocratique

En 2012, à l’approche des élections municipales, certains candidats se rapprochent de l’équipe de Parlement&Citoyens. Ils aimeraient décliner le site pour construire leur programme plus collectivement. Armel Le Coz initie le collectif Démocratie Ouverte avec Cyril Lage. « Avant de concevoir quelque chose, j’avais besoin de voir sur le terrain comment fonctionnaient concrètement les collectivités. D’autant que je les connaissais plutôt mal. » Il décide de partir sur les routes de France et d’aller rencontrer maires et candidats qui semblent vouloir innover en matière de démocratie. « J’étais inspiré par des émissions comme J’irai dormir chez vous et Nus et culottés. Grâce à mon blog, au collectif, au site et aux médias, on m’a proposé plus de trois cents contacts. » Au final, il rencontrera un peu plus de cent candidats. Le panel n’est certes pas représentatif mais il amène Armel Le Coz aussi bien dans le bureau de Nathalie Kosciusko Morizet à Paris que dans des petites communes de cinquante habitants. « Je me déplaçais en stop. Heureusement que j’avais un smartphone et Google Maps pour organiser mes périples. »

Le visiteur du soir

Le scénario est rapidement rodé. Après avoir confirmé sa venue, Armel prend la route et tâche de débarquer en début d’après-midi. Un petit tour au café pour prendre la température et direction le bureau du maire ou le local de campagne. « Dans la plupart des locaux, la carte trônait au mur, pleine de punaises, de post-it, de coups de marqueurs. Certaines étaient très sophistiquées et montraient à la fois les activités de campagne et les projets les plus importants. » La moitié des candidats ont accepté qu’il passe la nuit chez eux. « Tous m’ont reçu au moins plusieurs heures pour discuter démocratie et citoyenneté, la plupart m’ont emmené visiter leur ville ou village. » Et les idées ne manquent pas pour réinventer une démocratie plus participative. Dans ce laboratoire d’innovation démocratique grandeur nature, la cartographie participative et les carto-parties avec OpenStreetMap, des outils comme Carticipe sont parfois mis en avant. « La carte est puissante, mais elle n’est que l’un des outils mobilisables pour favoriser la participation. Ce qui compte, c’est d’articuler les différents outils et méthodes pour qu’ils forment un tout cohérent. »

Des villes animatrices de réseaux

Aujourd’hui, Armel Le Coz finalise le livre qui tire les leçons de ses aventures sur les routes de France et mène différents projets d’accompagnement des collectivités. Avec le programme Territoires Hautement Citoyens, il propose une méthode en cinq étapes pour assurer la transition vers une démocratie renouvelée : constituer un comité de pilotage où seront présents des élus, des fonctionnaires et des citoyens tirés au sort, réaliser un diagnostic démocratique et une cartographie des acteurs (de façon collaborative), animer un ou plusieurs sommets citoyens afin d’engager un programme d’actions, qui sera ensuite mis en œuvre et évalué.

Le premier territoire à tenter l’aventure fut la ville de Mulhouse. Mais l’association est également intervenue sur Léon à Mérignac, un projet de vigilance citoyenne et de gestion des requêtes des citoyens, sur Wiki Brest, sur la maison de la citoyenneté à Kingerstein, sur la Fabrique de la démocratie à Roubaix et les budgets participatifs de Paris et Grigny. Elle organise également des visites de bonnes pratiques et rédige des fiches de synthèse sur des outils et méthodes, des expériences et des acteurs. Une façon de faire qui change la place des collectivités : « Cela oblige les collectivités à se repositionner en animateur de ces dynamiques locales. Mais cela passe également par une meilleure éducation à la citoyenneté, à toutes les étapes de la vie. »

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