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CaribeWave 2018 : Dans les yeux de Mambo

| 14 mars 2018

Catégorie: CaribeWave2018, Données, Logiciels, Open Data, Reportages, Satellite/Spatial, Sécurité/défense, WebMapping

CaribeWave2018 : Épisode III

Toute la semaine, nous suivons l’équipe de Hackers Against Natural Disasters (HAND) qui participe à l’exercice mondial d’alerte tsunami dans les Caraïbes. Mercredi, on lève le voile sur Mambo.

Après avoir développé plusieurs POC (Proof of Concept), l’équipe de HAND s’attaque cette année à un projet ambitieux : une plateforme permettant de rassembler l’ensemble des données disponibles et de les exploiter en contexte de crise. Nom de code : Mambo.

Comment redonner des yeux à une équipe de terrain après une catastrophe majeure ? Quand les secours n’ont plus que des talkie-walkie pour communiquer, ils perdent du temps. Souvent, des forces complémentaires viennent leur prêter main forte, qui ne connaissent pas la région… et se perdent. Bref, le chaos se rajoute au chaos. Demain, tous pourront compter sur Mambo, une plateforme cartographique tactique, ouverte et citoyenne. Elle leur offrira une vue complète sur le territoire, sur les véhicules en opération, sur les avions et les bateaux proches de la zone, sur les points refuge, etc.

Les développements ont commencé il y a plusieurs semaines à Paris. Coordonnés par Loïc Ortola, le fondateur de Jawg Maps, Mambo (contraction de Monitor Analyse Map Build and Operate) se compose d’un serveur, d’API et d’un client Web. Jusque là, rien que de très classique. Sauf que…

Exercice sous forte contraintes

Sauf que… tout doit pouvoir fonctionner en réseau dégradé, via des communications fermées quand Internet est inaccessible, ce qui demande d’optimiser tous les flux, d’exploiter différentes techniques de communication (radioamateurs, réseau wifi fermé, protocole radio APRS, et réseaux type Sigfox et LoRa), de régler précisément les liaisons entre le serveur et les clients.

Sauf que… Mambo est tout sauf un POC, créé en mode hackathon. Les développements des années précédentes ont été des étapes clés pour tester toutes sortes de scénarios et comprendre les usages attendus (recherche de points refuge, suivi d’un drone maritime…). Mais la première version de Mambo qui sera présentée ce jeudi 15 mars, jour de l’exercice CaribeWave, sera pleinement opérationnelle, et répond aux règles d’or du développement informatique. « On a beaucoup travaillé à l’amont pour gagner du temps ensuite » insiste Loïc. L’utilisation de containers et de scripts de déploiement automatique vont par exemple permettre un enrichissement en continu de la plateforme. Quand l’équipe quittera l’île samedi, un premier géoportail grand public et open data restera accessible.

Associer les capteurs, peaufiner l'interface, régler le serveur... il reste du travail pour l'équipe de développement.

Associer les capteurs, peaufiner l’interface, régler le serveur… il reste du travail pour l’équipe de développement.

Un projet en devenir

Sauf que… Mambo est un projet ouvert et collaboratif. Même s’il s’appuie sur les dernières technologies du moment (librairies Javascript comme NODE et React, REDUX et des outils DevOps comme Travis, Vagrant, Ancible et Docker…) et des processus rigoureux, il doit trouver son public de contributeurs afin d’évoluer et s’amplifier. Pour que les utilisateurs au plus près du terrain puissent y voir les fonctions et les données dont ils ont réellement besoin, il est important qu’une bonne partie des développements se fassent sur place. Loïc a bien insisté sur ce point lors de sa rencontre avec les étudiants de l’École Simplon de Marie-Galante, leur rappelant qu’ils ne sont pas que des développeurs, mais également des citoyens qui peuvent mettre leurs compétences au service de leur communauté. Si l’utilité de Mambo pour des services de secours semble évidente, il peut également aider diverses communautés à agir, à se coordonner, grâce aux données ouvertes qu’il assemble.

Loïc Ortola au milieu des étudiants de l'école Simplon de Marie Galante

L’équipe de développement de Mambo au milieu des étudiants de l’École Simplon de Marie Galante

Sauf que… Mambo rassemble un volume important de données chaudes et froides. OpenStreetMap sert bien sûr de référentiel, grâce au serveur cartographique Jawg Maps. Il peut également s’alimente sur les serveurs de HOT, le groupe OSM dédié à l’humanitaire. Les orthophotographies acquises pendant la semaine par Aeromapper offriront, quant à elle, une vision très détaillée de l’île. Grâce aux balises AIS et ADS-B mises au point par HAND, tout le trafic de bateaux et d’avions autour de l’île dans un rayon de plus de cent kilomètres apparaîtra en temps réel. Un capteur météo conçu par La Cool Co sera relié et enverra également ses données. Quelques véhicules seront suivis en temps réel via des communications radio… et la liste ne demande qu’à s’allonger. Il suffit que chacun exploite les API au cœur de Mambo.

Ecoute des transpondeurs ADS-B sous Mambo

Écoute des transpondeurs ADS-B sous Mambo

« À long terme, Mambo doit devenir un moyen de coordonner des équipes de terrain dans un réseau fermé, n’importe où dans le monde » espère Loïc. Le Mambo V0 déployé pour la première fois sur Marie Galante n’est que la base d’un projet plus vaste, qui pourra se décliner en produits mobiles, en applications spécifiques, en portail grand public… En suivant des scénarios types adaptés à chaque contexte, les utilisatrices et les utilisateurs pourront ainsi mieux coordonner leurs actions et sortir du black out.

 

 

À lire également dans ce dossier :

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Portraits d’équipe, la suite
Un tsunami peut en cacher un autre
Les ballons Google arrivent !
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Comment mobiliser les touristes ?
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