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Les yeux grands ouverts sur l’open data

| 15 décembre 2016 | 0 commentaire

Catégorie: Données, Open Data, Portraits

© Olivier Ezratti

Claire Gallon voulait être journaliste pour « écrire, voyager et lire ». Devenue la porte-parole de l’open data en France grâce à son association LiberTIC, elle partage son temps entre écriture, voyage, lectures… et agriculture. Retour sur un parcours fait main.

En 2001, Claire Gallon a 22 ans. Elle débarque aux États-Unis avec la ferme intention de devenir journaliste. Trois semaines plus tard, c’est le 11 septembre. « Ce que j’ai vu de l’appareil médiatique, où aucun débat n’était possible, m’a vite fait comprendre que ce n’était pas ma voie. » Elle mène à bien ses études de communication mais rentre en France en 2003, et s’installe à Nantes. Elle monte un projet de documentaire de fiction, mais, sans réseau, ne trouve pas de financements. Elle se lance alors dans un BTS de gestion en alternance et travaille à la mise en place d’un service qualité dans une entreprise d’outillage.

Passionnée d’équité

« En fait, je suis plutôt paresseuse et j’ai besoin d’être passionnée par ce que je fais. Sinon, c’est du travail et ça devient vite pénible. » En 2005, Claire Gallon décide de se lancer dans la vente de produits bio équitables venus d’Égypte. Stock, communication, qualité… la jeune entrepreneuse est confrontée à tous les écueils. « En plus, je me suis rendu compte que j’étais une très mauvaise commerciale. » En trois ans, elle engloutit toutes ses économies. Une association rencontrée sur un festival lui propose de venir travailler sur l’impact environnemental et social des produits de consommation courante. « J’étais chargé de l’évaluation sociale. Il fallait construire la méthode. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser aux bases de données. » Comment savoir quelles entreprises font travailler des enfants, sont engagées dans des procès… sans bases de données ? Face à Thomson Reuters qui vend ses fichiers, Claire Gallon découvre l’open data qui émerge. De plus, par son association, elle s’est un peu formée au logiciel libre. Elle s’intéresse à l’accompagnement possible des territoires sur des produits informatiques « équitables ». Elle apprend qu’une première conférence sur l’open data est organisée à Paris en septembre 2009. Comme l’informaticien ne peut pas y aller, c’est elle qui fait le déplacement. « Je découvre des geeks, un bar camp, l’open data… c’était formidable. »

À l’initiative du mouvement

Tout va ensuite très vite. Elle crée l’association LiberTIC en décembre 2009 pour faire la promotion de l’e-démocratie à travers l’ouverture des données publiques. Le blog ouvre en février 2010 avec un premier billet « Partageons les données ». Il en comprend aujourd’hui près de 80. « Je passais une demie à une journée par semaine à récupérer tous les tweets parus sur le sujet de l’open data, notamment en anglais. » Quand Rennes libère ses données, elle essaye de prendre rendez-vous avec le cabinet du maire de Nantes. Il faudra une pétition signée par deux cents acteurs du numérique dans la presse locale pour que le cabinet réponde positivement et que la ville se lance dans l’open data. LiberTIC signe alors sa première mission : accompagner la métropole dans sa démarche d’ouverture. D’autres agglomérations, d’autres villes, des départements, des régions… suivent et permettent à Claire Gallon de se salarier. Mais la passion est trop prenante et en 2014, il lui faut ralentir le rythme. « Je me suis mise à travailler à mi-temps et je me suis formée au maraîchage. » Désormais, elle est bien décidée à construire sa vie en associant ses nombreuses passions : le travail de la terre, l’ouverture des données, le Pérou où vit son compagnon… mais l’équilibre reste fragile.

Un regard sans concession

Sa parole reste aussi libre que les données pour lesquelles elle milite. « Au départ, il y avait beaucoup d’euphorie et d’optimisme, un peu comme lors de la création des réseaux de résistants pendant la seconde guerre mondiale. Des communautés avec des intérêts très différents se sont réunies autour d’objectifs communs. Dans l’open data, on a vu des ultra-libéraux, des militants de la transparence de l’État, de la démocratie… » Une fois les premiers combats gagnés, les opinions ont divergé à nouveau. « Puis nous sommes entrés dans une période intense de débats autour de la gratuité, des licences… » Les premières expériences et les nombreux hackathons qu’elles ont engendrés ont malheureusement généré une certaine déception : la qualité des données n’était pas au rendez-vous, et les ré-utilisateurs ont été découragés. « Nous sommes maintenant dans une nouvelle période de structuration, d’harmonisation des infrastructures techniques. C’est peut-être moins sexy mais tout aussi important, d’autant que les lois vont nous permettre de changer d’échelle. »

 

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