1Spatial achète GEOMAP-IMAGIS et se rapproche d’Esri
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Remue-ménage dans le petit monde des systèmes d’information géographiques ! Jeudi 9 mai, 1Spatial a annoncé le rachat de GEOMAP-IMAGIS pour une valeur de 7 millions d’euros. En parallèle, l’éditeur signe un accord de partenariat avec Esri Inc. Explications.
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » dit la chanson. Dans le monde naissant des SIG en France, il fut un temps où ils étaient frères ennemis, s’affrontant régulièrement dans les grands appels d’offres : l’un s’appelait APIC et l’autre Esri. Mais la roue tourne et c’est désormais main dans la main que vous les verrez dans les conférences et les salons professionnels, car derrière 1Spatial, il y a toujours une dose d’APIC.
De regroupements en regroupements
C’est en mai 2013 que l’éditeur britannique 1Spatial (anciennement connu sous le nom de LaserScan) a racheté Star-APIC, entreprise née de la fusion de l’éditeur belge Star Informatic et du Français APIC, tous deux fondés au milieu des années quatre-vingt. Aujourd’hui coté en Bourse à Londres, le groupe se positionne aussi bien sur l’amont des données géographiques (leur structuration, leur contrôle qualité, leur gestion) que sur leur utilisation via des SIG et des applicatifs métiers. C’est dans cette deuxième partie de l’activité que se situe principalement le savoir-faire STAR-Apic qui s’appuie depuis quelques années sur le noyau Elyx. Car si Esri et 1Spatial collaboraient déjà, c’était uniquement sur la partie amont liée à la structuration des données, 1Integrate for ArcGIS assurant le lien entre les deux mondes.
L’annonce simultanée du rachat de GEOMAP-IMAGIS et de l’accord avec Esri Inc. a de quoi troubler. À première vue, en France, GEOMAP-IMAGIS et 1Spatial sont pleinement concurrents dans le domaine des SIG métiers. À l’international, 1Spatial a son propre moteur SIG, Elyx, alternative crédible à ArcGIS. Alors, pourquoi un tel mariage ?
Le marché mondial en ligne de mire
D’une part, l’union fait la force. Le marché français des SIG est finalement assez étroit, les marges s’érodent et le ticket d’entrée pour créer une entreprise diminue drastiquement, grâce notamment à l’open source. Du coup, les PME de taille moyenne pour le secteur (autour de 50 personnes) cherchent à se regrouper afin de réaliser des économies d’échelle, gagner en visibilité ainsi qu’en capacité d’investissement et de R&D. C’est d’ailleurs ce qu’avaient fait GEOMAP et IMAGIS qui ont fusionné en 2014. Avec ce rachat, les activités françaises et belges de 1Spatial vont regrouper 120 personnes environ, dont 66 venues de GEOMAP-IMAGIS. Restera à bien cerner les zones de recouvrement et les complémentarités entre les deux offres et à marier deux entreprises. Mais sur ce point, Issam Tannous, le directeur général France et Belgique de 1Spatial est confiant : « Nos histoires, nos marchés, nos clients, notre culture sont proches. C’est important ».
Ce regroupement va également faciliter le développement international de 1Spatial. Les applications métier sur les réseaux (eau, assainissement mais également gaz, électricité) sont le fer de lance de l’éditeur qui a déjà de belles références à son actif. En portant ces solutions sur le noyau ArcGIS, grâce aux compétences de GEOMAP-IMAGIS, 1Spatial apparaîtra certainement moins exotique aux clients d’Australie ou du Proche-Orient.
Comment ça va se passer ?
L’ensemble des parts de GEOMAP-IMAGIS a été racheté, pour une valeur de 7 millions d’euros, dont 5,8 millions d’euros en cash, le reste étant payé via des émissions d’actions 1Spatial. Rappelons que ce capital appartenait aux quatre fondateurs (Gilles Camus, Philippe Steinmann côté GEOMAP ainsi que Philippe Rouvière et Jean-Christophe Dumas côté Imagis) ainsi qu’à Esri France qui avait pris des participations dans l’entreprise en 2015. L’ensemble du personnel est repris et il n’y aura pas a priori de grand déménagement pour les équipes réparties entre Paris, Nîmes, le Bourget du Lac et Lyon.
« Nous allons continuer à remplir nos engagements contractuels avec nos clients en ciblant les besoins de nos utilisateurs » insiste Issam Tannous. Elyx sera maintenu, continuera à évoluer mais sur la stricte base des besoins exprimés par les utilisateurs, qui pourront également migrer sur ArcGIS et rejoindre le programme ArcOpole. « Nous ne souhaitons pas élargir l’offre mais la renforcer » complète le directeur général, qui entend bien tirer le meilleur des deux mondes et ne pas reproduire les erreurs du passé. Plus question de créer une nouvelle gamme comme ce fut le cas pour Elyx après la fusion entre Star Informatic et APIC, qui avait pris trop de temps et généré des départs à la concurrence. Ce sont les savoir-faire métier que le nouveau 1Spatial entend valoriser, dans un monde où le noyau SIG est quasiment devenu une commodité.