Première pierre précieuse en Languedoc-Roussillon
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Même modeste et exploratoire, l’analyse menée récemment en Languedoc-Roussillon, tente de décrypter, pas à pas, comment une IDG peut générer de la valeur auprès de ses membres. Une première pierre utile pour l’avenir.
Très attendus sur la question de l’évaluation économique de l’information géographique, le CNIG et l’IGN ne semblent pas prêts à lancer une grande étude nationale, même si le sujet revient régulièrement sur la table. Ils ont cependant soutenu l’initiative menée en Languedoc-Roussillon, qui pourrait apparaître comme l’ébauche d’un travail à généraliser. Un budget de 90 000 € (aujourd’hui, encore en grande partie théorique) a ainsi été rassemblé par l’IGN, la région et l’IRSTEA, également intéressé par l’approche au moment où Geosud doit trouver un nouveau modèle économique pour affronter les années post Equipex.
Économie et évaluation
Avec finalement peu de moyens, l’étude s’est centrée sur les seuls éléments mesurables de l’action d’une IDG régionale : valeur ajoutée créée par SIG L-R, certains effets directs chez les adhérents (coûts évités, emploi, productivité, recettes). Les effets indirects et coûts évités pour les producteurs de données n’ont pas été mesurés. Pour la première fois, un cabinet spécialiste de l’évaluation de politiques publiques (Edater) s’est associé avec une économiste (Hélène Rey-Valette du Laboratoire montpelliérain d’économie théorique et appliquée – LAMETA) pour proposer une méthodologie originale, associant enquêtes en ligne et études de cas détaillés. « Monter le partenariat, se mettre d’accord sur l’étendue du sujet tous ensemble a pris une année, rappelle Hélène Rey-Valette, ensuite l’étude elle-même a duré six mois. » L’analyse des grands rapports internationaux et régionaux a permis d’isoler un certain nombre d’indicateurs, dont une vingtaine sont quantifiables. Cette base de données des effets a servi de base au questionnaire envoyé aux adhérents de l’IDG, parfois surprenant par la nature et la variété des questions posées.
Trois utilisateurs à la loupe
Trois études de cas ont complété l’enquête à laquelle ont répondu une cinquantaine d’adhérents, l’une menée à l’Entente interdépartementale pour la démoustication (EID), la deuxième sur l’utilisation du cadastre au sein de Montpellier Métropole et la troisième sur le contrôle des coupes rases à la DRAAF. Elles ont mesuré très précisément les dépenses et les gains de productivité internes, mais elles ont demandé beaucoup de temps et un très fort engagement des « enquêtés » qui ont dû fouiller leur comptabilité pour chiffrer les économies de carburant, de déplacements…
Ces enquêtes approfondies font également ressortir d’autres gains : à l’EID, la précision accrue des zones de traitements, l’image améliorée de la structure, la préparation plus rapide des missions, même si les cartes servent peu sur le terrain que les agents connaissent par cœur, sont essentiels. « Pour les coupes rases, c’est l’inverse. Le dispositif de contrôle implique un surcoût de travail. Par contre, il améliore l’efficacité de l’action publique qui s’accompagne d’une augmentation des recettes liées aux amendes » explique Hélène Rey-Valette.
Des résultats chiffrés à compléter
Que retiendra-t-on de ce travail exploratoire ? Les quelques indicateurs mesurables ? La liste des effets qui devraient faire partie de l’évaluation ? Ou le chiffre global qu’un euro investi dans l’IDG entraîne 3,5 € d’économie minimum ? Il y a certes besoin de messages simples et de chiffres chocs, mais ils ne doivent pas faire oublier la complexité des analyses et leur relative fragilité.
Cette étude montre qu’il est possible de mesurer une valeur ajoutée de l’information géographique dans l’économie régionale et de la traduire en équivalents euros. « Il y a six mois, le président de SIG L-R ne pouvait pas dire combien d’emplois étaient directement impliqués dans l’information géographique chez ses adhérents. Aujourd’hui, nous avons une réponse, estimée, certes, mais c’est une réponse » ajoute Philippe Miellet. Le travail ne fait pourtant que commencer et mériterait d’être approfondi par d’autres analyses menées dans d’autres régions, sur des points spécifiques à mesurer. C’est en avançant pas à pas et collectivement, en partageant les méthodes que l’approche globale de la valeur de l’information géographique pourra prendre corps. Car l’évaluation demande des moyens humains et coûte cher. Comme l’information géographique, elle a tout à gagner à la mutualisation !
- Pour accéder directement à la présentation des résultats de l’étude en commission du CNIG en mars 2016, suivez ce lien