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Les référentiels en question

| 11 octobre 2013 | 0 commentaire

Catégorie: Cartographie, Données, IDG/IDS, Institutions, Marché, Open Data, Recherche, Reportages, Secteur public, Services

Les référentiels géographiques sont aux SIG ce que la bière est à la pression, pourrait-on dire en paraphrasant Pierre Dac. Indispensables, inquestionnables, immuables… Mais est-ce toujours aussi vrai à l’heure où chacun peut produire ses propres cartes ? Les experts et chercheurs rassemblés lors de SAGEO 2013 ont osé poser la question.

Pour les chercheurs, le sujet est « piégeux » reconnaissent en cœur Matthieu Noucher (laboratoire ADESS de Bordeaux) et Grégoire Feyt (UMR Pacte à Grenoble), qui ont organisé, à l’occasion du colloque SAGEO, un atelier sur les usages et diffusion des référentiels. C’est sans doute pour cela que les travaux sur le sujet ne sont pas pléthores. Car, par nature, un référentiel, ça ne s’interroge pas, ça s’impose ! Fruit d’une autorité, sans ambiguïté, utilisé largement, le référentiel est à la base de l’empilement des couches des SIG, ainsi que le définissait le CNIG en 2003 (voir encadré).

Des référentiels qui en imposent

La notion de référentiel mériterait pourtant d’être questionnée. En imposant le cadre interprétatif, le référentiel « conditionne, sinon les questions posées, du moins la manière de les poser et de construire ou du moins de présenter les réponses » remarque Grégoire Feyt. Sylvie Lardon (INRA, UMR Metafort) va dans le même sens en montrant à quel point son équipe a dû « nettoyer et simplifier » le référentiel utilisé pour présenter des enjeux environnementaux à moyenne échelle sous forme très schématique. La présence de limites communales aurait immédiatement bloqué la capacité des lecteurs (à terme, le document établi en collaboration par les services de l’État devrait servir à dialoguer avec les collectivités locales) à se projeter au bon niveau dans les enjeux présentés.

De plus, un référentiel n’a que la valeur de son usage. Ce fut l’un des arguments développés par l’IGN pour ouvrir plus largement le RGE qui peinait à s’imposer comme référentiel métrique à cause de ses conditions financières d’acquisition. L’ONEMA, pourtant satisfaite de sa BD Carthage, basée sur la géométrie de la BD Carto (voir rubrique actualités), va devoir la faire évoluer en BD Topage (basée sur la BD Topo) car ses partenaires réclament une précision métrique.

SIGN’ADRESSE, service Web de gestion des signalements d’adresse proposé par GéoBretagne, permet de choisir son référentiel : Fond de plan officiel local (Pays de Brest, Lorient), photo aérienne régionale, OSM ou scan IGN.

SIGN’ADRESSE, service Web de gestion des signalements d’adresse proposé par GéoBretagne, permet de choisir son référentiel : Fond de plan officiel local (Pays de Brest, Lorient), photo aérienne régionale, OSM ou scan IGN.

La donne a changé

Les évolutions de ces dix dernières années remettent en cause la définition de 2003. Alors que le référentiel doit garantir les modes de représentation, il est devenu bien plus facile de créer des représentations alternatives. Alors qu’il participe à la maîtrise de la circulation de l’information, les échanges explosent tant dans les sphères publiques que privées (et entre les deux). Alors qu’il permet d’assurer la localisation des ressources, le crowdsourcing et les techniques de géolocalisation nous rendent tous producteurs de données. Alors qu’il garantit la qualité des données (étant lui-même d’une qualité irréprochable), cette dernière paraît aujourd’hui toute relative, plus liée aux usages qu’aux données elles-mêmes. Alors qu’ils étaient l’apanage des institutions publiques, des acteurs privés comme Google imposent leurs référentiels avec une puissance de frappe inégalée.

Le témoignage apporté par Brest métropole océane illustre une partie de ces évolutions. Dans le cadre de sa politique d’ouverture des données, la communauté urbaine a mis sa base de données plan de ville à la disposition de la communauté OpenStreetMap (OSM). Cette dernière l’a intégrée dans sa base communautaire en faisant bien attention à ne pas écraser les éléments déjà saisis par ses contributeurs. Le référentiel public a ainsi enrichi le référentiel collaboratif. Aujourd’hui, certaines applications et services cartographiques en ligne de la collectivité exploitent le fond OSM, d’autres, le fond officiel. Et la collectivité envisage de faire appel à la communauté OSM pour saisir certains types de points d’intérêt qu’elle a du mal à suivre, comme les défibrillateurs.

Et demain, aurons-nous même encore besoin de référentiels ? Thierry Joliveau de l’université de Saint-Étienne pousse le raisonnement jusqu’au bout en s’interrogeant sur l’émergence de référentiels égocentrés, tels que proposés dans la prochaine version de Google Maps (voir à ce sujet son billet dans Mappemonde), qui remet en cause la notion même de référentiel commun et de vision partagée du territoire. Finalement, la notion de référentiel semble cristalliser les évolutions en cours, tant sur les plans techniques que politiques ou sociétaux. Ce qui en fait certainement un bon sujet de recherche !

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Définition

« Un référentiel géographique est un ensemble minimal de données complémentaires et cohérentes permettant de géoréférencer les données de n’importe quel organisme et de produire les référentiels géographiques métier. Il est de ce fait utile à tous. Les données contenues dans un référentiel géographique sont clairement identifiées et sont placées sous la responsabilité d’une structure publique elle-même clairement identifiée comme responsable du référentiel. Il est nécessairement accessible à n’importe quel organisme ou acteur. Les droits d’usage des référentiels géographiques incluent la possibilité, lors des opérations de constitution de bases de données propres aux utilisateurs, de copier partiellement la géométrie, d’utiliser les identifiants et de numériser en s’appuyant dessus. » (CNIG 2003)

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À lire également sur Sageo : SAGEO 2013 prend le large

 

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