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OSM dans l’œil du cyclone

Catégorie: A l'actu, Cartographie, Données, Institutions, Open Data

La communauté Open Street Map (OSM) s’est une fois de plus mobilisée autour de l’ouragan Yolanda, qui a dévasté une partie des Philippines en novembre 2013. Si l’apport à la cartographie de base a été salué par tous, une étude sur l’évaluation des dégâts publiée par la Croix-Rouge américaine est plus circonspecte.

Première bonne nouvelle : près de la moitié des quelque 1 700 contributeurs qui se sont mobilisés en quelques heures pour compléter la cartographie des régions des Philippines touchées par l’ouragan Yolanda, sont des Philippins. La deuxième ? Grâce à des images rapidement accessibles, la communauté a réussi à cartographier une zone bien plus étendue qu’en Haïti. Enfin, le groupe de coordination HOT (Humanitarian OSM Team) a fait le lien avec les ONG et les services officiels de cartographie d’urgence (UNOSAT par exemple) pour orienter les saisies. En bref, les photo-interprètes bénévoles d’OSM, s’appuyant sur une plateforme mature, sont devenus un maillon dans la réponse aux crises majeures. Mais voilà qu’est sorti mi-février un rapport publié par la Croix-Rouge américaine sur la qualité de l’évaluation des dégâts menée par la communauté, qui est sensiblement plus critique.

Une surévaluation globale des dégâts

L’étude compare les évaluations pratiquées sur les données OSM (identification des bâtiments détruits, endommagés, intacts) avec une enquête de terrain par sondage. Elle indique une surestimation très importante des bâtiments détruits (+ 134 %) ainsi qu’une sous-estimation des bâtiments endommagés (- 25 %) et des bâtiments intacts (- 18 %). Ces résultats sont d’une part assez surprenants puisque l’évaluation des dégâts par photo-interprétation a généralement tendance à les sous-estimer. Les rapporteurs évoquent ensuite plusieurs pistes d’explication (la résolution des images utilisées, leur verticalité qui empêche de voir ce qui se passe sur les côtés, le manque d’images avant la crise, des problèmes d’encodage de l’information, le manque de formation des volontaires…) et propose des améliorations. Même si les remarques sont plutôt de bon sens, le rapport conclut que les décideurs doivent encore faire des investissements importants s’ils veulent qu’OSM soit utile en matière de gestion de crises majeures.

Mais que diable allaient-ils faire dans cette galère ?

Mais est-ce bien le rôle des contributeurs OSM que de faire de l’évaluation de dégâts ? Doivent-ils se frotter à des prestations demandant une grande préparation, des méthodologies bien établies et testées « à froid » ? Financer OSM plutôt que les prestataires habilités dans les services Copernicus ? La communauté a sans doute saisi un peu vite la perche que lui tendaient certains services américains (c’est l’agence en charge du développement international qui a financé toute l’opération), sans préparation, histoire de se tester peut-être. Il ne faudrait pas qu’elle se retrouve dans une galère…

Les contributeurs OSM ont effectué plus de 4,5 millions de saisies et mises à jour sur les Philippines à la suite du cyclone Yolanda (© Pascal Neis)

Les contributeurs OSM ont effectué plus de 4,5 millions de saisies et mises à jour sur les Philippines à la suite du cyclone Yolanda (© Pascal Neis)

 

  • NB : Le rapport est le fruit de la collaboration étroite entre la Croix Rouge Américaine et l’initiative REACH dont le spécialiste en évaluation Clay Westrope est un des auteurs.

 

 

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Commentaires (3)

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  1. frmoine06125000 dit :

    Côté image: le territoire à couvrir était exceptionnellement grand. IL y a eu + de 3 000 images mises à disposition. La qualité des images était parfois problématique (nuage, mauvaise résolution). Mais on peut noter la réactivité des fournisseurs d’images sur une zone aussi étendue, cela va sûrement servir de base de discussions.
    Côté OSM: à mon avis le rôle 1er est de réaliser les données de base rapidement après un désastre et rentrer en complémentarité avec d’autres acteurs pour leur fournir les bâtiments avant la catastrophe.
    Côté analyse des dommages : c’était sûrement un test, un peu forcé… au milieu d’une importante contribution des « mappers OSM ».
    Au final l’important est de pouvoir rapidement partager /diffuser les données. A noter l’implication des philippins dans la cartographies des zones affectées, ils ont eu un rôle central… à renforcer.

  2. lea.macias66049500 dit :

    REACH est une initiative conjointe de deux organisations non-gouvernementales internationales, ACTED et IMPACT Initiatives, et du Programme Opérationnel des Nations Unies pour les Applications Spatiales (UNOSAT). REACH a été créée en 2010 afin de développer des outils et des produits d’information qui contribuent à renforcer la capacité des acteurs de l’aide à prendre des décisions dans des contextes d’urgence, de relèvement et de développement. (www.reach-initiative.org/)

    Un article portant sur ce rapport peut être consulté ici: http://www.reach-initiative.org/reach-releases-interim-report-of-openstreetmap-damage-assessment-review-with-american-red-cross

  3. cquest69216200 dit :

    Malheureusement, il n’a pas été aussi facile d’avoir accès à des images. La qualité était relativement médiocre pour interpréter avec certitude les dégâts.
    C’est le constat que nous avons fait lors de soirées de « mapathon ».
    Les contributeurs OSM travaillant à distance sur des source de qualité limité ne peuvent sûrement pas se substituer à un travail professionnel de terrain, mais l’effet de masse d’une mobilisation de plusieurs centaines de personnes peut être décisive dans la phase d’urgence sur certaines crises humanitaires.
    Pour la majorité des contributeurs, la motivation est simple: aider.
    C’est par l’amélioration des outils (meilleure coordination, plus d’homogénéité dans les données constituées) et des sources (images plus rapidement accessibles, et de meilleure qualité) que cette générosité pourra être la plus efficace pour les victimes.
    C’est là qu’il faut travailler entre les crises… pas pendant c’est trop tard.

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