Un mot pour un autre
Catégorie: Décalagéo, Grand public
Le français est une langue vivante, soit, mais avouez que parfois, elle est dure à suivre. Journalistes, hommes et femmes politiques, stars du grand et du petit écran, intellectuels, et même, parfois, amuseurs publics créent des néologismes, détournent des mots de leur sens initial, avec plus ou moins de bonheur : la bravitude n’aura pas sans doute une carrière abracadantesque, mais qui oserait encore dire que la flexisécurité n’est pas cool pour le business (terme introduit par Jules Valès, rappelons-le). À l’ère de la révolution numérique, la terminologie informatique percole, elle aussi. Il y a quelques années déjà que les partis politiques doivent revoir leur logiciel pour répondre aux aspirations des citoyens. Mais que viennent faire les proxys dans les pages des Échos ? Comment un composant informatique qui surveille les échanges entre deux hôtes est-il devenu à la mode ? Il a fallu que j’ouvre mon dictionnaire d’étymologie et que je fouille la toile. En fait l’anglais proxy est dérivé du français procuracie (qui a donné procuration), venant lui-même du latin procuratio (action d’administrer, de prendre soin). En fait, proxy, né au XVe est resté un mot courant en anglais pour signifier procuration (la guerre par proxy serait donc une guerre par procuration !). Quant aux variables proxy, elles sont là pour remplacer celles qui ne sont pas mesurables. Maintenant, je comprends mieux pourquoi « l’indice boursier peut être un proxy pour l’incertitude en France » !