Avec ses variations cartographiques, l’institut Paris Région joue la carte du décalage
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L’exposition « Variations cartographiques » de l’Institut Paris Région (ex IAU) propose une vision résolument décalée de l’Ile-de-France, qui nous oblige à poser un regard neuf sur des sujets bien connus. À voir et à méditer !
C’est une exposition modeste par son ampleur, qui occupe une dizaine de panneaux à l’entrée de l’Institut rue Falguière, pour la plupart en monochrome. Prenez quelques minutes pour regarder ces cartes un peu spéciales, car elles nous offrent une vision très originale de la région parisienne.
Renoncer pour mieux capter le regard
Ces cartes sont le fruit d’un travail mené pendant un an dans le cadre des ateliers carto, ces petits rendez-vous réguliers de quelques heures où se retrouvent géomaticiennes, géomaticiens, cartographes et chargés de missions de l’institut. « Nous souhaitions explorer la piste du changement de regard et de perspective, explique Laurie Gobled, initiatrice du projet. L’idée de proposer des représentations décalées, faisant abstraction des repères géographiques habituels a guidé nos nombreuses discussions. Et puis, nous avons découvert le travail de Frédérique Aït-Touati, Alexandra Arènes et Axelle Grégoire dans Terra Forma, qui nous a beaucoup inspirés. Les auteures, qui viennent de l’architecture, de l’urbanisme, de l’histoire, y proposent d’autres modèles de représentation de notre rapport au monde. Grâce à ce travail très graphique, nous avons osé réduire la palette des outils du cartographe, aller vers le monochrome par exemple. Dans une carte, on veut toujours trop en mettre pour expliquer des phénomènes complexes. Ici, nous sommes repartis sur la simplicité, qui nous a ramenés à la notion de regard et qui nous a permis de retravailler sur des cartes déjà connues. »
Des variations cartographiques originales sur des thèmes classiques
Ainsi, vous pourrez découvrir le système veineux francilien, qui rassemble sur une même carte et avec une même symbologie, tous les réseaux structurants de la région : grandes routes, voies ferrées, hydrographie, canalisations, fibre optique, réseau électrique…
Ou encore la carte de la densité inversée des logements, qui fait ressortir ces espaces peu denses et généralement inscrits uniquement en creux dans les cartes classiques. Et si on mettait les 5 800 km de pistes cyclables de la région bout à bout, jusqu’où irait-on ? La réponse, simple et graphique interroge la notion de continuité. Territoires servants, espaces naturels hors protection, pics et vallées des revenus, maillage routier (récompensé à SIG 2019), anamorphose des ménages modestes, mères en mouvement, bougé / pas bougé… Chaque proposition est mûrement construite et suscite la discussion. Et des discussions, il y en a eu, lors de l’inauguration en présence des auteurs de Terra Forma, mais également le matin devant l’ascenseur. Chaque thématicien y trouve matière à étonnement. « Nous proposons simplement une première image pour entrer dans les différents sujets, afin de lancer le questionnement » conclut Laurie Gobled.
La carte, outil d’interrogation du territoire ? Manifestement oui avec ces variations cartographiques qui pourraient inspirer nos lecteurs.
Aller plus loin :
- Variations cartographiques : exposition à l’Institut Paris Région, 15 rue Falguière, jusqu’au 13 décembre 2019. Entrée libre de 9h à 17h du lundi au vendredi.
- Terra Forma, manuel de cartographies potentielles par Alexandra Arènes, Axelle Grégoire, Frédérique Aït-Touati, éditions B-42, 25 €
- Podcast de la conférence-débat qui s’est tenue lors de l’inauguration de l’exposition sous ce lien.