Cartographie tout-terrain
Catégorie: Cartographie, Données, Dossier : Sous le feu des données géographiques, Environnement, Logiciels, Matériel/GPS, Sécurité/défense, Utilisateurs
Les applications mobiles, c’est bien ! Mais rien ne vaut une bonne carte punaisée sur un tableau blanc. Comment faire quand on est en train de lutter contre un feu de forêt ? Les pompiers des Bouches-du-Rhône ont trouvé la solution : le véhicule de cartographie opérationnelle, alias VCO.
Quand le lieutenant-colonel Jean-Pierre Squillari découvre les équipements mobiles de cartographie des pompiers de l’Arizona, il se dit que les Bouches-du-Rhône feraient bien de s’en inspirer. En juin 2012, soutenu par sa direction conquise par l’idée, une petite équipe se lance dans l’aménagement d’une ambulance réformée. Après quelques soudures, découpages de planches et tours de vis, un premier véhicule opérationnel de cartographie est prêt à prendre la route. La place du brancard est occupée par un traceur A0, un ordinateur portable est facilement intégrable, la connectique est pré-installée. Malheureusement, il n’a pas fallu longtemps pour tester le véhicule sur le terrain. Dès le 26 août 2012, il partait sur le massif d’Orgon ravagé par les flammes.
De vraies cartes à jour
« Nous installons le véhicule à proximité immédiate du poste de commandement mobile et nous nous connectons au satellite afin de créer notre réseau WiFi. En cinq minutes, nous sommes en mesure d’imprimer les premières cartes » explique Jean-Pierre Squillari. Pour être efficace, un certain nombre de cartes sont déjà préparées, toujours disponibles sur le PC portable du service SIG, embarqué au dernier moment dans le véhicule : la carte des moyens de défense de la forêt contre l’incendie (DFCI) sur laquelle est ajouté le contour de feu, la carte historique de feux sur la zone, celle de l’historique des débroussaillements depuis 2009 et celle des enjeux en termes de bâti.
« Ensuite, notre principale mission est de faire évoluer le contour de feu pour fournir des cartes à jour » complète le Lieutenant-Colonel. Drones, avions, observations au sol… les informations sont rapidement saisies dans le SIG et réimprimées autant que de besoin, intégrant l’avancée des dégâts. Elles sont envoyées au centre opérationnel départemental (CODIS) et partagées avec le poste de commandement. Des sorties en A3, en A1 sont affichées sur des panneaux magnétiques installés devant le véhicule, protégées par des feuilles de plastique si nécessaire.
Multi-usages
Les cartes sont appréciées. Ce sont de vrais outils d’aide à la décision. Elles donnent une vision globale de la vulnérabilité du massif en termes d’essences, d’équipements, de population, de bâti. Ce sont des aides opérationnelles et les tirages sont distribués aux colonnes extra-départementales qui viennent régulièrement prêter main-forte aux équipes des Bouches-du-Rhône. Ce sont enfin de bons supports de communication. Élus, directeurs des opérations de secours, journalistes, et même ministres se retrouvent devant les panneaux pour mieux comprendre la situation.
Depuis quatre ans, le VCO est régulièrement sur les routes, et son champ d’action dépasse maintenant le cadre des feux de forêt : exercice sismique, inondation, pollution marine, incident nucléaire… il peut s’adapter à différents risques. Il est par exemple parti dans les Alpes-de-Haute-Provence pour fournir des fonds topographiques aux équipes de recherche lors du crash de l’Airbus A320 en mars 2015 dans le massif de l’Estrop.
Mais faire sortir le VCO implique de pouvoir mobiliser rapidement des opérateurs. À ce jour, trois des cinq personnes travaillant au service SIG assurent l’astreinte, avec l’aide de deux collègues d’un autre service, dûment formés à la cartographie et à l’usage de MapInfo. Une nouvelle version est en préparation, avec un véhicule plus grand. À ce jour, l’expérience reste unique en France.
Matériel |
Quand tout plante |
Même si les pompiers ont leur propre réseau de communication radio (Antares), leur dépendance à Internet est de plus en plus grande. Conscient de cette fragilité, ils regardent de près tout ce qui permet de mettre rapidement en place des moyens de communication en situation d’urgence. Ainsi, chaque année, les géomaticiens des SDIS accueillent avec intérêt Gaël Musquet, qui, comme il le dit lui-même « hacke tout ce qui bouge ou pas ». Comment équiper un bateau de sauvetage pour secourir les « migrants » en Méditerranée en balises, systèmes radar, d’écoute, de transmissions ? Comment déployer un système d’alerte tsunami en Guadeloupe pour quelques milliers d’euros ? Comment construire une antenne 4G qui tient dans un sac à dos pour quelques centaines d’euros ? Les réalisations montrent qu’à hacker vaillant, rien d’impossible ! |
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