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Dans la cuisine du premier atlas de l’Anthropocène

| 8 octobre 2019 | 0 commentaire

Catégorie: Cartographie, Données, Environnement, Grand public, Les cartes du mois, Livres, Livres, Arts, Expos

Environ 3 mn de lecture

Atlas de l'Anthropocène

Atlas de l’Anthropocène

L’Atlas de l’Anthropocène vient de paraître aux Presses Universitaires de Sciences Po. Rencontre avec Thomas Ansart, Benoît Martin, Patrice Mitrano et Antoine Rio de l’atelier cartographique de Sciences Po, qui ont créé cartes, schémas et infographies originaux afin de rendre compte de l’impact des activités humaines sur la planète.

« Comment un individu pourrait-il appréhender quelque chose d’aussi vaste, d’aussi polymorphe et d’aussi mouvant que l’Anthropocène ? » s’interroge Jan Zalasiewicz en préface de l’Atlas. L’Anthropocène, cette nouvelle ère géologique au cours de laquelle les Hommes ont acquis la capacité à transformer le système Terre peut s’illustrer par de nombreux enjeux. Changement climatique, chute de la biodiversité, pollution, démographie, actions et désaccords politiques, définition… Les auteurs nous offrent un kaléidoscope original. Bien qu’enfermés dans une soixantaine de doubles pages, ils donnent à voir aussi bien les causes que les conséquences, à différentes échelles spatiales et temporelles, nous permettant de tisser les liens, qui, espérons-le, nous mettrons en mouvement.

La pollution lumineuse dans le monde (pages 94-95) : une image simple, une simple carte qui se suffit à elle-même.

La pollution lumineuse dans le monde (pages 94-95) : une image simple qui se suffit à elle-même.

Comment vous êtes-vous organisés pour traiter autant de sujets ?

En début de projet, nous avons beaucoup discuté avec les auteurs, François Gemenne et Aleksandar Rankovic. Ils connaissent très bien la question et avaient donc une idée assez précise des thèmes à traiter. Notre proposition de faire de grandes planches, laissant une large part aux graphiques et aux cartes, a été très vite acceptée. Une fois la table des matières stabilisée, nous nous sommes réparti les planches en fonction de nos centres d’intérêt. Les auteurs nous donnaient des pistes et des messages clés à travailler. À partir de là, nous étions très libres.

Une carte et une pastille (qui donne une surface de comparaison) suffisent à montrer l’ampleur de la déforestation en Amazonie (pages 70-71)

Une carte et une pastille (qui donne une surface de comparaison) suffisent à montrer l’ampleur de la déforestation en Amazonie (pages 70-71)

Pour certaines planches, nous sommes partis d’articles scientifiques, de représentations déjà existantes sous d’autres formes, pour d’autres, de bases de données internationales. Le travail de recherche des données a été long. Certaines bases ont dû être nettoyées, restructurées, traitées sous R, sous QGIS, sous GDAL pour les raster… Ainsi, pour représenter simplement l’évolution du trou dans la couche d’ozone, il a fallu partir de données satellitaires quotidiennes, faire des moyennes. C’est un projet qui nous a amenés à mettre un peu plus les mains dans les SIG, car il aborde des sujets que nous avions peu traités jusqu’à présent.

Carte, chiffres, graphiques… Les auteurs ont choisi une approche assez narrative pour rendre compte de la prolifération des déchets plastiques dans les océans (pages 88-89).

Carte, chiffres, graphiques… Les auteurs ont choisi une approche assez narrative pour rendre compte de la prolifération des déchets plastiques dans les océans (pages 88-89).

Il y a tellement à dire sur chaque sujet, comment sélectionner, comment choisir la bonne représentation ?

Oui, c’est toujours frustrant de se limiter à un ou deux angles. Les discussions avec les auteurs nous ont guidés, mais également la disponibilité réelle des données, des modèles, des enquêtes. Nous avons fait un gros effort de vulgarisation, alors que certains sujets sont particulièrement complexes. Nous avons joué sur les différentes échelles, afin de rendre compte des grandes tendances mais également afin de montrer des exemples plus concrets, comme pour la déforestation par exemple. Nous ne voulions pas empiler les planisphères avec des dégradés de couleurs. Il a fallu trouver le bon équilibre. Même si nous avons tous les mêmes méthodes de travail, il y a eu beaucoup d’échanges, beaucoup de brouillons.

Sur le sujet de l’évolution des températures (pages 44-45), toutes les représentations ont été essayées, notamment les planisphères rougeoyants. Les auteurs ont choisi de représenter les écarts à la moyenne annuelle depuis 1850 pour une quinzaine de villes sous différentes latitudes (la plus au Nord étant en haut de la page) à l’aide de simples bandes colorées. Un graphique inspiré des travaux de Ed Hawkins sur showyourstripes.info qui montre bien les tendances.

Sur le sujet de l’évolution des températures (pages 44-45), toutes les représentations ont été essayées, notamment les planisphères rougeoyants. Les auteurs ont choisi de représenter les écarts à la moyenne annuelle depuis 1850 pour une quinzaine de villes sous différentes latitudes (la plus au Nord étant en haut de la page) à l’aide de simples bandes colorées. Un graphique inspiré des travaux de Ed Hawkins sur showyourstripes.info qui montre bien les tendances.

 

Atlas de l’anthropocène (préface Jan Zalasiewicz ; postface Bruno Latour) par François Gemenne, Aleksandar Rankovic, Atelier De Cartographie De Sciences Po, aux Presses De Sciences Po – Tarif 25 €

  • Disponible dans une librairie près de chez vous ou sur le site de Sciences Po librairie (ici)

 

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