En Belgique, la géomatique rassemble
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Mille trois cents personnes ont participé au premier BeGeo, événement national sur l’information géographique organisé par l’association d’entreprises Agoria et l’institut géographique national (IGN/NGI). L’occasion de découvrir un écosystème où, ici comme ailleurs, les institutions doivent trouver une nouvelle place.
Douze sessions en parallèle, une quarantaine de stands dans la « bourse » commerciale, une ouverture par le ministre de la Défense, une remise de « GeoSpatial Awards »… la journée du 3 mars 2016 fut bien remplie pour la géomatique belge. Il fallait parfois jouer des coudes pour assister aux conférences et maîtriser l’art subtil du jonglage entre trois langues. Même si les universités ont profité de la journée pour lancer un appel aux jeunes vocations, l’écosystème géomatique semble bien se porter. Les grands éditeurs, constructeurs et prestataires de service européens et internationaux étaient venus présenter leur savoir-faire. Mais le pays ne manque pas de pépites qui rayonnent bien au-delà des frontières comme 1Spatial, Eurosense, Luciad ou GIM.
Un positionnement à réinventer
Les acteurs commerciaux n’étaient pas les seuls à s’afficher à la « bourse ». Les infrastructures de données géographiques régionales (Flandres et Wallonie) étaient également là pour présenter leurs services. Car il ne faut pas oublier l’importance des régions dans l’organisation du pays, bien plus fédéral que la France. Une situation qui ne simplifie pas la position de l’institut national, en pleine réflexion sur son avenir (voir le portrait d’Ingrid Vanden Berghe page suivante). Avec des moyens limités, l’IGN a progressivement abandonné sa position de producteur, pour ne la réserver qu’à quelques missions de base comme la géodésie ou la réalisation de certaines couches vectorielles. Désormais, l’orthophotographie à 25 cm de résolution qui est proposée par l’IGN s’appuie sur les prises de vues acquises par les régions dans le cadre de la politique agricole commune. Même origine pour le modèle numérique de terrain dont l’institut extrait les courbes de niveaux de ses cartes. Les limites administratives sont assemblées à partir des données fournies par le service du cadastre. Quant aux couches sur le réseau ferroviaire et le transport d’électricité, elles sont issues des données des opérateurs nationaux, Infrabel et Elia.
Naissance d’un « géo-courtier »
L’IGN se voit désormais en « geobroker », courtier en information géographique, facilitateur de transactions entre les parties. Cette position lui permet de valoriser son savoir-faire technique, sa connaissance des utilisateurs et des besoins du marché. La démarche, engagée depuis deux ans, a déjà donné lieu à quelques projets intéressants. Elle s’adresse aussi bien aux organismes publics qu’aux acteurs privés. Ainsi, l’IGN achète une licence sur les données de navigation TomTom (avec historique) et redistribue l’information à l’ensemble des services publics fédéraux qui en ont besoin, générant une économie estimée à 600 000 €.
Comme son cousin français, l’IGN belge mène également une réflexion sur son rapport aux communautés. Le projet de s’appuyer sur les communautés professionnelles pour la construction d’une base de données des adresses prend corps. Disposer de systèmes d’alertes via les contributions à des projets plus collaboratifs est également à l’étude. Car, comme le remarque Éric Bayers, directeur de la photo-topographie à l’IGN, « nous devons concentrer nos moyens de production et de mise à jour sur ce qui a changé. Pas sur ce qui n’a pas changé ! »